Présentation issue de l’ECHO N°13 (décembre 1997)
1. Ce qu’est l’OURS
Présidé depuis janvier 2001 par M. Alain Bergounioux, historien, inspecteur de l’Éducation nationale, l’OURS fonctionne aujourd’hui comme un centre de recherches historiques et théoriques non seulement sur le socialisme, mais encore sur tous les problèmes humains de notre temps, s’appuyant sur :
– une bibliothèque (16000 livres et brochures, 800 périodiques français et étrangers) ;
– un centre d’archives ;
– des publications régulières (un journal mensuel, L’OURS et une revue trimestrielle, Recherche socialiste) ;
– des séminaires, colloques ou manifestations annuels ouverts au public (une centaine de participants).
L’OURS est membre fondateur du Collectif des centres de documentation en histoire ouvrière et sociale (CODHOS).
2. Les archives conservées à l’OURS
2. 1. Un peu d’histoire
Près d’un siècle d’histoire, de scissions et de refondations du mouvement socialiste ont eu des répercussions sur les archives. C’est ce qui explique pour une grande part que les archives de la « famille socialiste » sont aujourd’hui très éparpillées aux Archives nationales (Vincent Auriol, Léon Blum, Christian Pineau, Jean Locquin, Édouard Depreux, Jules Moch, André Philip et Parti socialiste unifié), à l’Institut français d’histoire sociale (Dommanget, Lucien Roland, etc.), à la Fondation nationale des sciences politiques (Léon Blum restitué par la Russie, Alain Savary, Daniel Mayer, Gilles Martinet, groupe parlementaire socialiste, UDSR), au Centre d’histoire sociale du XXe siècle (Marceau Pivert) ou encore aux archives départementales (Jean Rous dans les Pyrénées Orientales, Paul Ramadier dans l’Aveyron, René Hug dans le Val-de-Marne...). Des associations non directement liées à un homme conservent aussi des archives importantes pour l’histoire du mouvement socialiste : le Centre du travail de Nantes détient les archives de François Tanguy Prigent. Certaines fédérations socialistes (en tête le Nord, le Pas-de-Calais, le Finistère) ont préservé leurs archives et les mettent à la disposition des chercheurs (la fédération du Nord est en liaison avec les universités Lille II et III).
Pendant la seconde guerre mondiale, le siège du Parti socialiste SFIO, situé au 12, Cité Malesherbes (Paris 9e) a été vidé de tout son contenu. Retrouvant leur local en septembre 1944, les socialistes n’avaient donc plus d’archives ; ils se sont par la suite préoccupés de reconstituer les collections de périodiques et revues, et de l’essentiel du matériel de propagande et de documentation édité depuis 1905, ensemble qui constitue, hormis les archives de militants (et les archives de la police !), les seules sources pour étudier l’action de la SFIO avant 1940. Jusqu’en 1975, malgré deux « renaissances » (1969 et 1971), la SFIO devenue PS a conservé son siège à la Cité Malesherbes, où fonctionnait, à usage interne, son centre d’archives et de documentation. Puis, en 1975, le PS s’est installé place du Palais-Bourbon et, en 1980, au 10, rue de Solférino, son siège actuel. Au cours des deux déménagements, une partie des archives a suivi, et d’autres documents sont restés12, Cité Malesherbes, essentiellement ceux concernant la « période SFIO ».
En créant l’Office universitaire de recherche socialiste (l’OURS) en 1969, le président Guy Mollet (1905-1975) voulait doter le mouvement socialiste d’un lieu de mémoire, d’histoire et d’archives, entreprise que le Parti socialiste SFIO lui-même avait été incapable de mener à bien. Il a donc incité des militants à y déposer leurs archives et une bibliothèque (livres et presse) s’est progressivement constituée grâce à divers dons.
Entre 1981 et 1984, suite à un accord entre le PS et l’OURS, en plusieurs voyages et deux étapes, les archives de la SFIO ont été transférées à l’Office. Le classement entrepris révéla vite que de nombreux documents avaient disparu. Mais ces archives, rapidement inventoriées et mises à la disposition des étudiants et des chercheurs, ont permis de relancer les travaux sur la SFIO et éclairé bien des aspects de la vie politique française.
L’OURS a signé, en juillet 1997, une convention avec la Fondation Jean-Jaurès et le Parti socialiste par laquelle mission est donnée de « prendre les mesures nécessaires pour entreprendre l’inventaire, le rassemblement et la conservation des fonds actuellement dispersés, inciter les acteurs du mouvement socialiste à y joindre leurs archives, organiser une gestion dynamique de ces archives ainsi que leur consultation ». Les moyens correspondants sont prévus. Les archives du Parti socialiste conservées depuis 1971 représentent quelque 800 caisses actuellement entreposées chez « Data archives ».
2. 2. Apercu des principaux fonds aujourd’hui consultables
L’OURS a reçu en dépôt de nombreux fonds d’archives (80 fonds, qui occupent près de 350 mètres linéaires). Ils proviennent :
A) D’organisations politiques
– Le Parti socialiste SFIO (1905-1969) : en 2000, suite aux diverses démarches entreprises par Pierre Guidoni (1941-2000), président de l’OURS, les archives du PS SFIO rapatriées après un accord intervenu entre les gouvernements français et russes, ont été déposées à l’OURS. Il s’agit des documents (24 cartons) qui étaient conservés au siège du Parti socialiste, 12, cité Malesherbes, volés et emportés par les Allemands entre 1940 et 1944, « récupérés » par les Soviétiques en Tchécoslovaquie, et déposés depuis dans les archives à Moscou.
Une traduction de « l’inventaire soviétique » a été réalisée et est consultable à l’OURS.
Un reclassement de ces archives s’avère nécessaire, les dossiers n’ayant pas apparemment été « classés » (on trouve de nombreux doubles à des endroits différents) par les archivistes soviétiques. Il s’agit moins d’un inventaire que d’un relevé rapide des intitulés des dossiers. Ces archives concernent essentiellement la période 1936-1940, et sont particulièrement riches pour l’étude de la fédération socialiste de la Seine, des jeunesses socialistes et des femmes socialistes.
– La Fédération de la Gauche démocrate et socialiste (FGDS) : les 22 cartons de ce fonds ont été déposés par Claude Fuzier. Ils concernent tous les aspects de la vie de cette « fédération ».
– Le Parti socialiste (1969-1994) : débats des organismes centraux : congrès nationaux, conventions nationales, comités directeurs.
B) De responsables et de militants socialistes
Parmi les plus importants : Guy Mollet (1905-1975), président du Conseil, 1956-1957, secrétaire général du Parti socialiste SFIO, 1946-1969 ; Maurice Deixonne (1904-1987), militant socialiste à partir de 1925 jusqu’à sa mort, député socialiste du Tarn (1946-1958) ; Marcel Sembat (1862-1922), député socialiste de la Seine, ministre des Travaux publics, 1914-1916 ; André Lebey (1877-1938), écrivain, poète, député socialiste, franc-maçon ; Albert Gazier (1908-1997), député, ministre socialiste ; Roger Quilliot, Véronique Neiertz, etc.
Il faut noter que le fonds Claude Fuzier, éditorialiste du Populaire, sénateur-maire de Bondy (Seine-Saint-Denis), contient une importante partie des archives de la fédération de la Seine dont il fut secrétaire fédéral de 1959 à 1966.
C) Sources diverses
L’OURS conserve également des photos, des affiches et le matériel de propagande divers. Une partie de son fonds audiovisuel et sonore (disques La voix des Nôtres, et bandes magnétiques) a été déposée à la Bibliothèque nationale de France.
2. 3. L’accès aux archives
La consultation de la plupart de ces fonds est soumise à autorisation. Les inventaires (qui précisent les conditions de consultation) sont déposés aux Archives nationales et dans de nombreux centres d’archives, en France et à l’étranger. Ils sont également en lecture sur notre site internet qui est régulièrement mis à jour pour tenir compte de l’actualité de notre association en matière d’archives et de recherche.
Ouverts au public du lundi au jeudi, de 13 h. à 17 h. 30 sur rendez-vous, la bibliothèque et le centre d’archives sont fréquentés chaque année par des centaines de chercheurs français et étrangers différents (750 visites de 180 étudiants et chercheurs en moyenne par an) ; plus de cinq cents thèses et mémoires universitaires ont été déposés.
2002