Archives centrales de la Marine

Salle de lecture ouverte au public du lundi au vendredi, de 9 h. à 17 h.


Château de Vincennes
Pavillon de la Reine
B.P. 112 - 00481 ARMEES

Tél. : 01-43-28-81-50
Fax : 01-43-28-31-60

Mél : shistorique@cedocar.fr

Responsable : Karine Leboucq, conservateur du Patrimoine.

  • Imprimer


Présentation issue de l’ECHO n° 35 (juillet 2002)

1. Les archives de la Marine sous l’Ancien Régime

Si l’ori­gine des col­lec­tions du Service his­to­ri­que de l’armée de Terre remonte à la créa­tion du dépar­te­ment de la Guerre sous Henri II, c’est au XVIIe siècle qu’on doit faire remon­ter celles du Service his­to­ri­que de la Marine, avec l’orga­ni­sa­tion d’un dépar­te­ment propre à la marine (1626). Grâce à la volonté poli­ti­que de Richelieu, le royaume de France com­mence à entre­te­nir une flotte de guerre per­ma­nente, ce qui entraîne l’élaboration d’actes et la pro­duc­tion d’archi­ves.

Cette ambi­tion fut pour­sui­vie sous le règne de Louis XIV avec une sin­gu­lière per­sé­vé­rance par Colbert, pre­mier secré­taire d’État de la Marine.
L’orga­ni­sa­tion des ser­vi­ces de l’admi­nis­tra­tion cen­trale de la Marine est alors rela­ti­ve­ment rudi­men­taire : deux bureaux à com­pé­tence géo­gra­phi­que (bureau du Ponant et bureau du Levant) côtoient deux bureaux spé­cia­li­sés (bureau des fonds et direc­tion du com­merce). La volonté affi­chée de Colbert de cen­tra­li­ser les archi­ves de la Marine est pour­sui­vie jusqu’à la fin du XVIIe siècle et en 1699, Pontchartrain orga­nise le pre­mier dépôt place des Victoires, qu’il confie au généa­lo­giste Pierre Clairambault.

Dans la pre­mière moitié du XVIIIe siècle, la dis­tinc­tion entre les bureaux à com­pé­tence géo­gra­phi­que s’estompe au profit d’une orga­ni­sa­tion plus métho­di­que. Apparaissent alors une série de ser­vi­ces dont l’un, le dépôt des cartes et plans créé en 1720, est à l’ori­gine de nom­breu­ses col­lec­tions conser­vées aujourd’hui par le Service his­to­ri­que de la Marine.

Les archi­ves reflè­tent par­fai­te­ment cette volonté d’orga­ni­ser un grand corps de l’État. Elles s’accu­mu­lent près de la Cour (le dépôt des archi­ves quitte Paris pour Versailles en 1763) mais aussi dans les ports impor­tants où elles demeu­re­ront. Cette dis­po­si­tion géo­gra­phi­que des col­lec­tions a certes en partie évolué mais cons­ti­tue encore l’ori­gi­na­lité du Service his­to­ri­que de la Marine qui dis­pose aujourd’hui de six dépôts (Brest, Cherbourg, Lorient, Rochefort, Toulon et Vincennes).

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les archi­ves de la Marine connais­sent des for­tu­nes diver­ses sui­vant l’inté­rêt plus ou moins grand que leur por­tent les auto­ri­tés mari­ti­mes et la plus ou moins grande com­pé­tence des res­pon­sa­bles à qui elles sont confiées. Leur his­toire s’appa­rente à celle d’un « long mar­tyre », sui­vant le mot de Charles Braibant, ponc­tué par le manque de moyens, de locaux et de per­son­nel, la dif­fi­culté à obte­nir les ver­se­ments des bureaux, les clas­se­ments inco­hé­rents, le rat­ta­che­ment de cer­tains bureaux à d’autres minis­tè­res (ainsi le bureau des consu­lats qui dépen­daient de la Marine depuis Colbert passe sous la Convention aux Affaires étrangères avec une partie de ses archi­ves)...

2. Une volonté organisatrice au XIXe siècle

Transféré de Versailles à la rue Royale en 1837, les fonds com­men­cent dès lors à sus­ci­ter l’inté­rêt des marins. Une doc­trine archi­vis­ti­que s’élabore et, en 1844, un règle­ment très détaillé défi­nis­sant pré­ci­sé­ment les attri­bu­tions du ser­vice et prô­nant le res­pect des fonds est pro­mul­gué. La même année, les Annales mari­ti­mes et colo­nia­les publient un rap­port met­tant en lumière l’état d’aban­don dans lequel crou­pis­sent les archi­ves des ports. En 1848, le bureau des archi­ves se voit, en outre, confier la ges­tion de toutes les biblio­thè­ques de la Marine à Paris et dans les ports. Un an après, une com­mis­sion des archi­ves char­gée de pro­po­ser au minis­tre des modes de tri et de clas­se­ment est ins­ti­tuée.

Sous le Second Empire, les auto­ri­tés mari­ti­mes accor­dent de plus en plus d’inté­rêt à leurs archi­ves qui, de ce fait, connais­sent une impor­tante acti­vité : un règle­ment du 25 mai 1862 décrit tous les aspects du fonc­tion­ne­ment du ser­vice et place les archi­ves por­tuai­res sous l’auto­rité du chef de ser­vice des archi­ves cen­tra­les. Les bases du futur Service his­to­ri­que de la Marine sont jetées. De très nom­breux clas­se­ments sont réa­li­sés, sous le contrôle de la com­mis­sion supé­rieure des archi­ves, créée en 1867.

La IIIe République donne aux archi­ves de la Marine la phy­sio­no­mie qui sera encore la sienne au XXe siècle. L’arrêté minis­té­riel du 24 juin 1887 fixe de manière irré­vo­ca­ble le cadre de clas­se­ment des archi­ves cen­tra­les en cours d’élaboration depuis qua­rante ans. Si les bases sont posées, les archi­ves mari­ti­mes vont encore souf­frir de deux ampu­ta­tions. En mars 1894, d’abord, les archi­ves des colo­nies rejoi­gnent leur nou­veau minis­tère. En 1898 ensuite, Didier Neuville publie un État som­maire des archi­ves de la Marine anté­rieu­res à la Révolution, un an avant que le minis­tre de la Marine, Édouard Lokroy, décrète leur trans­fert aux Archives natio­na­les. Ce dépôt fut assez vite élargi pour cer­tai­nes séries (ser­vice hydro­gra­phi­que, ser­vice géné­ral...) aux docu­ments anté­rieurs à 1870, soit au total près de 1500 mètres linéai­res. Cette mesure malen­contreuse due essen­tiel­le­ment au manque de place condui­sit à la dis­lo­ca­tion d’une partie des fonds. Elle sera réso­lue à l’automne 2002 puis­que les archi­ves pos­té­rieu­res à 1790 devraient désor­mais être conser­vées inté­gra­le­ment aux Archives cen­tra­les de la Marine.

3. Le rattachement au Service historique de la Marine : classement, conservation et modernisation

C’est en 1919 que l’État-major géné­ral de la Marine décide la créa­tion d’un Service his­to­ri­que placé au départ sous les ordres du capi­taine de fré­gate Castex, secondé par l’un des plus brillants archi­vis­tes de la pre­mière moitié du XXe siècle, Charles Braibant. L’objec­tif est double :


 d’une part, col­lec­ter la docu­men­ta­tion néces­saire à l’étude du conflit qui vient de s’ache­ver, en tirer les leçons stra­té­gi­ques et tac­ti­ques et tra­vailler en liai­son avec l’École supé­rieure de guerre navale, ins­tal­lée dans les mêmes locaux, avenue Octave-Gréard ;


 d’autre part, orga­ni­ser les archi­ves et biblio­thè­ques ancien­nes, les clas­ser, les conser­ver et les com­mu­ni­quer. C’est en 1974 que les Archives cen­tra­les de la Marine pren­nent place au pavillon de la Reine du châ­teau de Vincennes.

Le prin­ci­pal enri­chis­se­ment des archi­ves contem­po­rai­nes de la Marine vient évidemment des ver­se­ments aux­quels pro­cè­dent l’État-major, les cinq direc­tions cen­tra­les, les bâti­ments qui désar­ment ainsi que les divers ser­vi­ces locaux. Mais il faut y join­dre les entrées par voie extra­or­di­naire : la diver­sité marque les ver­se­ments qui pro­cè­dent tantôt de la géné­ro­sité d’une famille, tantôt du sau­ve­tage des archi­ves d’une grande asso­cia­tion (société natio­nale de sau­ve­tage en mer, leYacht club de France...), tantôt de la res­ti­tu­tion de fonds (fonds de l’État-major entre 1930 et 1942 par la Russie) ou encore d’une acqui­si­tion en vente publi­que ou dans les librai­ries spé­cia­li­sées. Au total, le pavillon de la Reine, auquel une annexe a été adjointe au fort de Romainville en 2000, accueille aujourd’hui près de 15 000 mètres linéai­res de docu­ments pro­duits pour l’essen­tiel après 1790.

Si le tra­vail des Archives cen­tra­les est lar­ge­ment centré sur la col­lecte et le trai­te­ment des archi­ves contem­po­rai­nes, en concer­ta­tion avec les ser­vi­ces pro­duc­teurs et les cher­cheurs, il ne fau­drait pas finir sans évoquer le plan de sau­ve­garde plu­rian­nuel lancé en 1999, qui a déjà permis la res­tau­ra­tion, le recondi­tion­ne­ment, le micro­fil­mage et la numé­ri­sa­tion de nom­breux docu­ments ainsi que l’acqui­si­tion de mobi­lier de conser­va­tion et de sys­tème de contrôle des condi­tions cli­ma­ti­ques. Parallèlement, l’infor­ma­ti­sa­tion des archi­ves cen­tra­les est en cours : un pro­gi­ciel de ges­tion devrait être ins­tallé en 2003 et s’ins­crire dans un pro­gramme plus large de ges­tion infor­ma­ti­sée de l’ensem­ble des docu­ments pro­duits par la Marine.

Ainsi, entre archi­ves his­to­ri­ques et archi­ves électroniques, l’échelon cen­tral des Archives de la Marine assure par­fai­te­ment son rôle de témoin entre patri­moine et moder­nité.

Pascal Geneste, 2002

Retour en haut de la page