Institut d’histoire du temps présent (IHTP)

Bibliothèque ouverte au public les lundis, mercredis et vendredis, de 10 h. à 17 h. 30 (sauf août et 25-31 décembre).

Centre national de la recherche scientifique

École normale supérieure de Cachan (bâtiment Laplace)

61, avenue du Président Wilson

94235 CACHAN Cedex

Tél. : 01-47-40-68-00 - Fax : 01-47-40-68-03

Mél : ihtp@ihtp.cnrs.fr

Site : http://www.ihtp.cnrs.fr

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Présentation issue de l’ECHO N°23 (février 2000)

L’Institut d’his­toire du temps pré­sent (IHTP), unité propre du Centre natio­nal de la recher­che scien­ti­fi­que, est situé depuis 1988 sur le campus de l’École nor­male supé­rieure de Cachan. Il est dirigé actuel­le­ment par Henry Rousso et com­prend une ving­taine de per­son­nes. Son acti­vité est double : labo­ra­toire de recher­che en his­toire très contem­po­raine et centre de docu­men­ta­tion ouvert au public étudiant et cher­cheur.

1. Présentation de la bibliothèque

Elle pos­sède :
– 20 000 ouvra­ges : 16 000 por­tent sur l’his­toire de la seconde guerre mon­diale et 4 000 sur l’his­toire plus récente (guerre d’Algérie et déco­lo­ni­sa­tions, his­toire urbaine, cultu­relle, des entre­pri­ses, de la jus­tice pour ne citer que quel­ques thèmes) ;
– 1 250 titres de pério­di­ques répar­tis ainsi : envi­ron 250 titres vivants cou­vrent des champs géné­raux (his­toire, scien­ces humai­nes et socia­les, jus­tice...) ainsi qu’un large panel de la presse des asso­cia­tions crées après la guerre (France Libre, résis­tants, anciens dépor­tés et pri­son­niers...) et 1000 titres morts sont majo­ri­tai­re­ment rela­tifs à la période 1939-1945 ;
– 619 rou­leaux de micro­films qui concer­nent prin­ci­pa­le­ment la seconde guerre mon­diale (entre autres les archi­ves dites « d’Alexandria » et celles de la BBC (voir infra), ainsi que cer­tains quo­ti­diens et heb­do­ma­dai­res de la période 1940-1945) ;
– 100 cartes dépar­te­men­ta­les fran­Ã§ai­ses : sur la Résistance (41 dépar­te­ments cou­verts) et la dépor­ta­tion (72 dépar­te­ments cou­verts), réa­li­sées par les cor­res­pon­dants du Comité d’his­toire de la seconde guerre mon­diale puis de l’IHTP ;
– 55 car­tons de dos­siers docu­men­tai­res élaborés à partir de faits d’actua­lité entres autres : les procès Barbie, Touvier et Papon, la mis­sion Mattéoli et la spo­lia­tion des biens juifs pen­dant l’Occupation, la guerre du Golfe, les débats récents sur la guerre d’Algérie, etc. Quelques dos­siers concer­nent également les polé­mi­ques sou­le­vées à la sortie de cer­tains ouvra­ges (exem­ples : Daniel Goldhagen, Les bour­reaux volon­tai­res d’Hitler ; Pierre Péan, Une jeu­nesse fran­Ã§aise ; Le livre noir du com­mu­nisme ; les dif­fé­rents livres parus sur Jean Moulin, etc.) ;
– envi­ron 1000 cas­set­tes ou bandes audio regrou­pant une série d’entre­tiens avec des acteurs et témoins de l’his­toire, des enre­gis­tre­ments de col­lo­ques et de sémi­nai­res orga­ni­sés par l’IHTP ;
– 532 car­tons d’archi­ves, avec la répar­ti­tion sui­vante : 196 sur la seconde guerre mon­diale (148 cotes), 51 sur la période de la déco­lo­ni­sa­tion (11 cotes) et 285 sur le monde contem­po­rain (16 cotes). C’est cette caté­go­rie de docu­ments qui sera le plus ample­ment détaillée ci-après, illus­trée par des exem­ples signi­fi­ca­tifs.

2. Historique de l’institution

Bien qu’elle n’ait pas pour voca­tion pre­mière d’être un conser­va­toire d’archi­ves, ni d’exer­cer une fonc­tion patri­mo­niale stricto sensu, la biblio­thè­que de l’IHTP occupe une place plutôt ori­gi­nale au sein des cen­tres d’archi­ves : elle est sou­vent sol­li­ci­tée pour recueillir des fonds, essen­tiel­le­ment d’ori­gine privée. Cela tient aux condi­tions même de sa créa­tion.

L’IHTP a été fondé en 1978, avec à sa tête Francois Bédarida. Il suc­cé­dait au Comité d’his­toire de la deuxième guerre mon­diale (CHDGM) créé en 1951, issu lui-même de la fusion de la Commission d’his­toire de l’Occupation et de la Libération de la France (CHOLF), née en 1944, et du Comité d’his­toire de la guerre, apparu en 1945. L’une des mis­sions du CHDGM était de recueillir et de pré­ser­ver des fonds docu­men­tai­res datant de l’Occupation de nature publi­que et privée, fran­Ã§aise ou alle­mande.

En 1980, en vertu d’une déci­sion du Secrétaire géné­ral du gou­ver­ne­ment, les res­sour­ces docu­men­tai­res du Comité ont été répar­ties entre plu­sieurs par­te­nai­res : la presse et les tracts clan­des­tins à la Bibliothèque natio­nale, la pho­to­thè­que au Secrétariat d’État aux Anciens com­bat­tants, les archi­ves aux Archives natio­na­les (dans la série 72 AJ), les ouvra­ges et pério­di­ques à l’IHTP.

3. Archives, témoignages et documents écrits déposés à l’IHTP

Les archi­ves sont clas­sées sui­vant une répar­ti­tion thé­ma­ti­que : seconde guerre mon­diale, déco­lo­ni­sa­tions, monde contem­po­rain.

3. 1. La seconde guerre mon­diale
Ces archi­ves ont une double ori­gine.
A/ Les unes pro­vien­nent du CHDGM, en par­ti­cu­lier :
– des copies des archi­ves du Comité, « dou­bles par­tiels » de la série 72 AJ, conser­vées en accord avec les Archives natio­na­les ; elles concer­nent sur­tout les mou­ve­ments et réseaux de résis­tance ainsi que des témoi­gna­ges sur la dépor­ta­tion et la cap­ti­vité ;
– des col­lec­tions de micro­films notam­ment les micro­films des archi­ves « d’Alexandria » (archi­ves alle­man­des cap­tu­rées par l’armée amé­ri­caine en France et en Belgique et micro­fil­mées - avant d’être ren­dues à l’Allemagne - par le National Archives and Records à Alexandria aux États-Unis) et de la BBC (BBC French Scripts : synop­sis et textes des émissions fran­Ã§ai­ses de la BBC, sauf mes­sa­ges per­son­nels) ;
– un fonds de docu­ments concer­nant dans une majeure partie la pro­pa­gande élaborée par le gou­ver­ne­ment de Vichy (70 dos­siers envi­ron).
B/ Les autres ont été ver­sées à l’IHTP depuis sa créa­tion
Après la dis­so­lu­tion du Comité, l’IHTP a para­doxa­le­ment conti­nué à assu­rer la pré­ser­va­tion de la mémoire de la guerre. En effet, s’est main­te­nue, dans le sillage du CHDGM, la tra­di­tion de dépo­ser dans un centre de recher­che des papiers per­son­nels, des archi­ves pri­vées et des témoi­gna­ges sur la période 1939-1945. C’était alors pour cer­tains acteurs et témoins, la garan­tie d’une exploi­ta­tion rapide de leurs docu­ments par des cher­cheurs.

Parmi les dif­fé­rents legs, on peut citer :
– le fonds Closon (délé­gué du CFLN en France occu­pée en 1943 puis com­mis­saire de la République à Lille, 3 sep­tem­bre 1944-30 mars 1946) : ses rap­ports de mis­sion en France occu­pée, les pro­jets d’orga­ni­sa­tion et d’admi­nis­tra­tion de la France à la Libération ;
– le fonds Crouzet (direc­teur de cabi­net du minis­tre de l’Information en 1944) : docu­ments sur la col­la­bo­ra­tion, sur la presse et l’infor­ma­tion ;
– le fonds du géné­ral Cochet (géné­ral d’avia­tion ayant appar­tenu au 2e bureau avant guerre) : entre autres ses mémoi­res Londres-Alger. Fragments de mémoi­res ;
– le fonds Delavanay (direc­teur adjoint de l’European Intelligence depart­ment de la BBC de 1940 à 1945) : comp­tes rendus des inter­views (envi­ron 500) menées par les ser­vi­ces de la BBC auprès des per­son­nes arri­vant de France.

Depuis quel­ques années l’IHTP reçoit plus pré­ci­sé­ment, et en nombre crois­sant (envi­ron une tren­taine depuis 1990) des mémoi­res, témoi­gna­ges, jour­naux (ori­gi­naux ou réé­crits), car­nets de route, cor­res­pon­dance de per­son­nes vou­lant témoi­gner de leur vécu durant la guerre ou dési­rant confier des docu­ments iné­dits. Ce fonds cons­ti­tue un bel ensem­ble et fait écho, 50 ans plus tard, à la mis­sion ori­gi­nelle du Comité qui était de recueillir les témoi­gna­ges sur la guerre. Ces docu­ments abor­dent dif­fé­rents thèmes : la vie quo­ti­dienne sous l’Occupation, les souf­fran­ces de la dépor­ta­tion et la dif­fi­cile réin­té­gra­tion après la guerre, les évasions des camps, les actes de résis­tance, le ser­vice du tra­vail obli­ga­toire (STO), etc. Dans cette caté­go­rie, peu­vent être signa­lés à titre d’exem­ple : les car­nets (1914-1918) et agen­das (1939-1948) de Victor Guillermin, ingé­nieur lor­rain ; les dix-neuf cahiers de Hyacinthe Chobaut (direc­teur des Archives dépar­te­men­ta­les du Vaucluse), tenus entre 1939 et 1946 ; les let­tres de Salomon Juptzer (pri­son­nier de guerre de 1941 à 1943) ; les car­nets d’Alfred Balachowsky, notes prises en 1944 au camp de Buchenwald), etc.

3. 2. Les déco­lo­ni­sa­tions
Les fonds concer­nant cette thé­ma­ti­que cons­ti­tuent un corpus homo­gène de docu­ments et de papiers sur le Maroc, la Tunisie, et par­ti­cu­liè­re­ment l’Algérie :
– le fonds Charles-André Julien (his­to­rien, spé­cia­liste de l’his­toire de l’Afrique du Nord, mili­tant et homme poli­ti­que) : dos­siers sur les pro­tec­to­rats fran­Ã§ais du Maroc (cou­vrant les années 1938 à 1955) et de la Tunisie (prin­ci­pa­le­ment les années 1936 et 1937) ;
– les archi­ves Roger Paret (intel­lec­tuel engagé au moment des déco­lo­ni­sa­tions, secré­taire du Comité France-Maghreb) : docu­ments sur le Maroc (1934-1966) et plus par­ti­cu­liè­re­ment sur les événements de 1952 à 1955, ainsi que sur le Comité France-Maghreb (1954) ;
– le fonds docu­men­taire sur le Plan de Constantine (1959-1963), où sont ras­sem­blés des dos­siers (enquê­tes, rap­ports et bul­le­tins) sur l’amé­na­ge­ment du ter­ri­toire algé­rien ;
– des docu­ments et des témoi­gna­ges sur la guerre d’Algérie.

3. 3. Le monde contem­po­rain
Si l’his­toire de la seconde guerre mon­diale fait tou­jours partie des recher­ches de l’IHTP, elle n’occupe plus la place cen­trale qu’elle avait dans les années 1980. Depuis l’ori­gine, l’Institut se consa­cre à l’his­toire très contem­po­raine et des thèmes diver­si­fiés d’his­toire poli­ti­que, économique ou cultu­relle se sont déve­lop­pés. D’où un nou­veau type de ver­se­ments, liés le plus sou­vent à l’acti­vité des cher­cheurs.

Parmi les dons les plus signi­fi­ca­tifs :
– les docu­ments sur le Plan de moder­ni­sa­tion et d’équipement (1947-1982) ;
– le fonds Jean Pronteau (1919-1984), jeune résis­tant com­mu­niste, membre du Comité cen­tral du PCF en 1956 et exclu en 1970, il adhère au PS en 1973, élu au comité direc­teur il joue alors un rôle impor­tant dans la cam­pa­gne pré­si­den­tielle de Mitterrand : 70 car­tons cou­vrant une grande partie de son iti­né­raire poli­ti­que ;
– les archi­ves du « Comité pour sauver Sarah » (comité créé en octo­bre 1995, pour sauver Sarah Balabagan, jeune Philipinne, employée dans les Émirats arabes unis et condam­née à mort pour avoir tué son employeur qui l’avait violée) : fonds légué en 1996 par l’avo­cate Gisèle Halimi et l’his­to­rienne Michèle Perrot, il est cons­ti­tué d’envi­ron 27 000 let­tres de sou­tien (dont 1500 cartes pos­ta­les) et de plus de 600 péti­tions ;
– le fonds Jean Saint-Geours (conseiller auprès du Premier minis­tre, Pierre Mauroy, de 1981 à 1987) : comp­tes rendus des tra­vaux du « Groupe Matignon » por­tant sur la poli­ti­que économique du pre­mier gou­ver­ne­ment Mauroy de 1981 à 1984 ;
– les archi­ves de Joë Nordmann (adhère au PCF en 1933, par­ti­cipe à la Résistance et crée le Front natio­nal des juris­tes, en 1946 il fonde l’Association inter­na­tio­nale des juris­tes démo­cra­tes, il devient par la suite l’un des grands avo­cats du Parti com­mu­niste) : dos­siers sur les affai­res qui jalon­nent son par­cours pro­fes­sion­nel, notam­ment les procès Kravchenko (1949) et David Rousset (1949-1951), les « com­plots » Duclos (1952), les procès tenus pen­dant la période de déco­lo­ni­sa­tion ou le procès Paul Touvier (1992-1994).

4. Communication et instrument de recherche

L’IHTP appli­que la légis­la­tion en vigueur en ce qui concerne la com­mu­ni­ca­tion des pièces et docu­ments. Le fonds « dou­bles par­tiels » de la série 72 AJ suit la loi du 3 jan­vier 1979. La consul­ta­tion des archi­ves pri­vées, donc pra­ti­que­ment l’ensem­ble des fonds, est sou­mise à un régime fixé d’un commun accord par le dona­teur et l’IHTP. D’une manière géné­rale, la tota­lité des fonds déte­nus par l’IHP est libre à la consul­ta­tion, excep­tion faite pour un petit nombre d’entre eux et pour les­quels, une auto­ri­sa­tion du direc­teur de l’IHTP ou du dona­teur et des ayants droits est néces­saire.

Le « Répertoire des archi­ves de l’IHTP » a été publié dans le n° 77 du Bulletin de l’IHTP, 1er semes­tre 2001 (il peut être envoyé gra­tui­te­ment sur demande). Il est également consul­ta­ble sur le site inter­netde l’IHTP à la rubri­que « Bibliothèque ». Les mises à jour, semes­triel­les, sont publiées dans « Bulletin » et mises en ligne sur le site Internet.

Anne-Marie Pathé

2002

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