Présentation issue de l’ECHO n°31 (octobre 2001)
1. L’Institut catholique de Paris
Créé en 1875 , cette université est héritière de la tradition de pensée religieuse de la Sorbonne depuis le XIIIe siècle. L’Institut est établi sur un lieu chargé d’histoire puisque ses bâtiments entourent le couvent et les jardins des Carmes fondés en 1611. C’est ici qu’eurent lieu en 1792 les « massacres de septembre » : la crypte de la chapelle est un reliquaire qui garde les restes des prêtres tombés pour leur foi. Lacordaire y vécut plusieurs années et Frédéric Ozanam, fondateur de la société de Saint-Vincent-de-Paul, y est enterré. C’est dans le laboratoire du professeur Branly qu’eut lieu la première transmission de télégraphie sans fil, c’est encore à l’Institut que l’abbé Rousselot a créé la phonétique expérimentale.
L’Institut catholique de Paris est une association reconnue d’utilité publique. Placé sous l’autorité de l’association des évêques fondateurs. L’université est administrée par un conseil d’administration et dirigée par le recteur, assisté dans cette tâche par un conseil d’établissement qui regroupe des représentants de droit et des membres élus.
Cet établissement d’enseignement supérieur a pour vocation première l’enseignement et la recherche dans l’ordre des sciences religieuses et disciplines connexes. Dans ce domaine, il bénéficie d’une solide tradition née des travaux des professeurs qui y ont enseignés : théologie, critique historique, droit canonique, philosophie, sciences, lettres, pédagogie, langues orientales anciennes, sociologie, etc. Il propose également des enseignements dans les disciplines profanes et professionnelles grâce à une pluralité d’organismes comme l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales, l’Ecole des psychologues praticiens, l’Institut supérieur d’électronique de Paris, l’Ecole des bibliothécaires-documentalistes, etc.
Créé il y a 25 ans, le service des archives est né de la volonté de sauvegarder, de classer et de mettre à la disposition des chercheurs des fonds importants pour histoire contemporaine de l’Eglise.
2. Historique du service
A sa création, l’Institut ne se soucie pas encore de la conservation des archives comme en témoigne le peu documents qui nous sont aujourd’hui parvenus concernant cette période.
E n 1913, un premier inventaire fut dressé par l’archiviste du diocèse de Paris, P. Jacquet. Ce document, aujourd’hui disparu devait énumérer méthodiquement le contenu des « 30 cartons », évoqués dans la correspondance de Mgr Alfred Baudrillart.
Pendant la seconde guerre mondiale, les archives, alors conservées dans les appartements du recteur, subissent un premier bouleversement. En effet, le 26 juillet 1940 quatre officiers allemands se présentent à l’Institut et opèrent une fouille en règle des appartements de Mgr Baudrillart. Pendant trois semaines, les Allemands examinent soigneusement les archives puis finissent par restituer la quasi-totalité des documents.
A partir de 1942, commence une période assez sombre. Les papiers, dispersés et conservés dans de mauvaises conditions, se détériorent et subissent en outre plusieurs déménagements. En 1973, à l’approche de la célébration du centenaire, Mgr Poupard , nouveau recteur, exprime le souhait que « d’une manière ou d’une autre le classement des archives soit réalisé dans les meilleurs délais ».
En décembre 1975, des volontés conjointes de Mgr Poupard et Mgr Marchasson, doyen de la Faculté de Lettres, naît le service des archives qui est placé sous l’autorité du recteur. En 1977, les documents sont transférés depuis le sous-sol vers les combles de l’église des Carmes où un local fonctionnel a été aménagé. Cet espace retrouve ainsi sa destination première puisque c’est là que se trouvait la première bibliothèque de l’Institut catholique de Paris. Soeur Anne-Marie Abel devient la première archiviste, chargée de classer la partie la plus ancienne du fonds (1875-1942) et de réaliser les premiers instruments de recherche.
En 1996, un Centre de recherche Vatican II voit le jour. Ce centre a pour vocation de seconder les archivistes diocésains dans le repérage et l’inventaire de fonds conciliaires encore inconnus. L’archiviste, chargé du soutient technique et scientifique, assure également l’orientation des chercheurs.
Que peut-on espérer trouver aux archives de l’Institut ? La réponse est délicate tant les domaines de recherche sont très variés.
3. Caractéristiques et présentation des fonds
Le fonds présente quatre caractéristiques : il est peu important quantitativement, il est lacunaire, il est hétérogène et pourtant, il reste « incontournable » pour beaucoup de chercheurs.
– A ce jour, le service totalise 420 mètres linéaires de documents papiers auxquels il faut ajouter des documents magnétiques (enregistrements sonores, vidéos), informatiques, iconographiques (photographies , tableaux, plans) et quelques objets (reliques, médailles, vêtements). C’est très peu, pour une institution qui vient de fêter ses 125 ans d’existence !
– Le fonds présente également des lacunes irritantes dans les différentes séries : les registres d’inscriptions des étudiants sont incomplets, les procès-verbaux des assemblées et conseils font souvent défaut, les programmes des facultés ou écoles n’ont pas toujours été conservés. Les quelques cours et manuscrits laissés par les professeurs ne permettent en aucune façon de tenter une étude exhaustive de la pédagogie, du contenu ou de la nature de l’enseignement. A ces lacunes, il convient également d’ajouter que certains fonds ont été volontairement éclatés afin de répondre plus facilement aux demandes des lecteurs.
– La troisième caractéristique du fonds est son hétérogénéité : A la réflexion, cette richesse s’explique assez bien dans la mesure où toute les branches du savoir humain intéressent l’Institut catholique. Ainsi le chercheur trouvera-t-il des documents touchant aussi bien l’égyptologie que la psychologie ou la théologie.
– Enfin, il faut reconnaître aux archives de l’Institut un caractère quasi universel. C’est pourquoi, elles constituent une source originale pour tout chercheur traitant de questions liées à l’histoire de l’Institut.
Il serait impossible d’énumérer ici, toutes les richesses conservées aux archives. Malgré cela, on peut regrouper les fonds consultables en trois grands ensembles :
– Le premier comprend les papiers de la direction (rectorat, vice-rectorat et secrétariat général) et des différents services administratifs ou facultés qui composent l’Institut. A ces archives « fonctionnelles » s’ajoutent une importante documentation relative aux établissements extérieurs ainsi que des pièces relatives au personnel enseignant. Concernant la vie étudiante le service conserve en partie les registres d’inscriptions ainsi que la totalité de l’ancien fichier des étudiants de 1875 à 1986.
– Une seconde partie est constituée d’archives personnelles d’enseignants mais aussi de versements d’associations extérieures à l’Institut. Ces fonds proviennent de legs, de dons ou ont été déposés au service des archives. Cet ensemble comprend entre autres, les archives de la section française de Pax Christi, celles du Comité catholique de Propagande française à l’étranger mais aussi les papiers de grands noms de l’histoire catholique contemporaine comme l’académicien Georges Goyau, le philosophe Edouart Leroy ou le polémiste Louis Veuillot.
– Enfin, dans le cadre des activités du centre de recherche Vatican II, on distingue un troisième ensemble constitué des papiers personnels d’Evêques ou d’experts français, ayant participés au Concile tels Mgr Pierre Haubtmann, Mgr Jean Streiff ou Mgr Jacques Le Cordier.
Stéphane Billonneau, 2001