Exposer les archives a parfois pu être considéré par les professionnels comme une activité secondaire, voire incongrue. Tirer de l’obscurité protectrice des dépôts ces fragiles et irremplaçables documents s’entend parfaitement s’il s’agit de les communiquer, dans une démarche individuelle, aux chercheurs ou aux usagers, mais quel sens y-a‑t-il à mettre sur cimaises ou en vitrine des écrits, des plans, des photographies qui ont été produits pour gérer une situation donnée dans un contexte appartenant désormais au passé, lointain ou récent ? Ne risque-t-on pas, plus encore que de les dégrader, de les dénaturer ?
Loin de combler le déficit de visibilité dont souffrent les gisements d’archives auprès d’un public pourtant passionné par les diverses manifestations patrimoniales, on entretiendrait ainsi les quiproquos et on détournerait l’archiviste de tâches plus impératives. Les textes réunis dans ce numéro ne se contentent pas de définir les raisons qui justifient l’exposition d’archives : ils détaillent les principales difficultés posées par l’exercice et enfin s’interrogent sur la réception par les publics des parcours muséographiques proposés à côté des salles de lecture ou hors les murs. Ces articles montrent in fine que les expositions d’archives pourraient bien devenir un élément clé de la visibilité des institutions qui en ont la charge, comme les moments d’une indispensable restitution citoyenne.
Ce numéro a été coordonné par Jessica BIDERAN, Maîtresse de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Bordeaux Montaigne et Régis LAPASIN, Responsable du Service des expositions aux Archives nationales.
SOMMAIRE
Des dépôts aux vitrines : enjeux et pratiques de l’exposition d’archives
Jessica DE BIDERAN et Régis LAPASIN
Pourquoi exposer les archives ?
– Un regard sur soi, par Romain RIBEIRO
– Exposition des archives et instrumentalisation de l’histoire en Tunisie depuis le XIXe siècle, par Mabrouk JEBAHI
– Aux sources de l’expographie d’archives : le musée sigillographique, diplomatique et paléographique, par Ariane JAMES-SARAZIN
– Le cas des archives des polices anglaises : une pratique syncrétique de l’exposition, par Camille MORET
– Recueillir la parole comme pratique artistique. Entretien avec Maureen RAGOUCY, artiste, propos recueillis par Simon RENOIR
Comment exposer les archives ?
– Une expérience de mise en exposition séculaire : le registre au portrait de Jeanne d’Arc des Archives nationales, par Sabine MEULEAU
– Exposer le photojournalisme. Stories from the Picture Press : Black Star Publishing Co. & The Canadian Press, The Image Centre, Toronto (2023-2024), par Gaëlle MOREL
– Considérations autour d’un travail de transposition numérique d’une exposition temporaire, par Federico DOTTI
– De l’ombre des fonds à la lumière des vitrines : mettre en scène des documents d’archives. Entretien avec Amélie LAURET, scénographe-graphiste, Éric LAFOREST, restaurateur, et Christophe GUILBAUD, installateur-monteur, propos recueillis par Jérôme POLITI
Pour qui exposer les archives ?
– Fonction et usage des expositions : l’exemple des Archives municipales de Lyon, par Louis FAIVRE D’ARCIER
– Les Grandes collectes d’archives : une perspective de co-construction et d’implication des habitants dans un projet d’exposition ? Les thématiques du cinéma et du sport aux Archives départementales de l’Eure, par Amandine GABRIAC
– Archives en psychiatrie, une trace de l’histoire : projet de valorisation aux multiples facettes, par Stéphanie DERDAR
– Changer l’image de la ville en exposant des archives contemporaines, l’exemple du projet Quand la musique électro fait danser Dijon, par Anaïs DONDEZ et Cécile LELONG
– L’antisémitisme en action, 1940-1944. Les multiples vies d’une exposition : quand le hors-les-murs se réinvente in situ aux Archives nationales, par Lucile CHARTAIN et Lauriane STISSI
– Lise Deharme, la femme surréaliste, exposer un fonds d’archives littéraires dans un musée de société. Entretien avec Adeline MOULY, commissaire de l’exposition, et Coraline RAGUIN, adjointe à la directrice aux Archives départementales des Landes, propos recueillis par Jessica DE BIDERAN
RÉSUMÉ DES ARTICLES
Des dépôts aux vitrines : enjeux et pratiques de l’exposition d’archives
Jessica DE BIDERAN et Régis LAPASIN
Pourquoi exposer les archives ?
– Un regard sur soi, par Romain RIBEIRO
Pourquoi exposer les archives ? Sous son apparente simplicité, cette question soulève néanmoins un certain nombre de questions fondamentales sur cette pratique en plein essor et de plus en plus structurée. Pourquoi en est-on venu à exposer les archives ? Quelles sont les finalités sous-jacentes des expositions d’archives ? Quelles logiques singulières sont à l’œuvre dans la conception et la réalisation de celles-ci ? Autant de questionnements qui permettent d’engager une nécessaire réflexion sur les évolutions d’une profession et de son positionnement au sein de la société.
– A glance at oneself, by Romain RIBEIRO (English version)
Why exhibit archives ? Despite its apparent simplicity, this question nevertheless raises a number of fundamental issues about this rapidly growing and increasingly structured practice. Why have we come to exhibit archives ? What are the underlying purposes of archive exhibitions ? What specific logics are at work in their design and implementation ? These questions invite a necessary reflection on the evolution of a profession and its role within society.
– Exposition des archives et instrumentalisation de l’histoire en Tunisie depuis le XIXe siècle, par Mabrouk JEBAHI
À l’origine phénomène exceptionnel et marginal, les expositions de documents d’archives en Tunisie comptent depuis la colonisation parmi les moyens les plus utilisés par la propagande politique. La présente étude propose d’interroger sur la longue durée cette instrumentalisation coloniale de l’histoire et de contextualiser la réplique nationale qu’elle a suscitée. En incarnant le passage d’un établissement chargé de la conservation des documents à une institution activement impliquée dans la médiation, les Archives nationales de Tunisie forment un observatoire du processus de la professionnalisation de cette pratique d’exposer les documents d’archives, et des possibilités de sa libéralisation.
– Exhibition of archives and the instrumentalization of history in Tunisia since the 19th century, by Mabrouk JEBAHI (English version)
Initially an exceptional and marginal phenomenon, exhibitions of archival documents in Tunisia have been one of the most widely used means of political propaganda since colonisation. The aim of this study is to examine this colonial instrumentalisation of history over a long period of time, and to contextualise the national response it has provoked. By embodying the transition from an institution in charge of preserving documents to one actively involved in mediation, the National Archives of Tunisia provides an observatory of the process of professionalisation of the practice of exhibiting archival documents, and of the possibilities of its liberalisation.
– Aux sources de l’expographie d’archives : le musée sigillographique, diplomatique et paléographique, par Ariane JAMES-SARAZIN
Dès sa création, d’abord modeste sous Jean-Antoine Letronne, garde général des Archives du royaume de 1840 à 1848, puis irrévocable sous Léon de Laborde, directeur général des Archives de l’Empire de 1857 à 1868, le musée sigillographique, diplomatique et paléographique des Archives, qui ne devient musée de l’histoire de France qu’en 1938, même si son ambition initiale est bien d’être « une sorte d’abrégé des preuves de l’histoire de France », s’accompagne de l’invention de dispositifs muséographiques et scénographiques spécifiquement dédiés à la présentation des documents d’archives. Dans une perspective d’émergence, au XIXe siècle, d’une pensée et d’une médiation de l’histoire, l’article met en évidence la singularité du musée des Archives, analyse les ressorts sous-jacents de ses choix et tente d’identifier son legs aux musées d’aujourd’hui.
– The origins of the archive exhibition : the museum of sigillography, diplomacy and palaeography, by Mabrouk JEBAHI (English version)
From the outset, the Musée sigillographique, diplomatique et paléographique des Archives was modestly set up under Jean-Antoine Letronne, Garde général des Archives du royaume from 1840 to 1848, then irrevocably under Léon de Laborde, Directeur général des Archives de l’Empire from 1857 to 1868, which did not become the Musée de l’Histoire de France until 1938, even though its initial ambition was to be ‘a sort of compendium of the evidence of the history of France’, was accompanied by the invention of museographic and scenographic devices specifically dedicated to the presentation of archive documents. From the point of view of the emergence in the nineteenth century of a way of thinking about and mediating history, this article highlights the singularity of the Musée des Archives, analyses the underlying reasons for its choices and attempts to identify its legacy to museums today.
– Le cas des archives des polices anglaises : une pratique syncrétique de l’exposition, par Camille MORET
Absentes des dépôts légaux nationaux, les archives et collections patrimoniales des polices anglaises demeurent avec leurs producteurs. Elles font l’objet de pratiques expographiques indifférenciées des artefacts et documents. L’inventaire et l’analyse des espaces d’exposition de ces fonds mettent au jour des systèmes de mise en récit et mise en scène invalidant les valeurs documentaires primaires et secondaires des archives exposées. On relève cependant une tendance, marginale mais en progrès, à dépasser la construction de discours identitaires et mémorialisants de la police pour la police, via la pratique d’archivistes et de conservateurs qualifiés, mais minoritaires dans ce contexte. Ils prônent un abandon des postures manichéennes via l’utilisation des éléments exposés comme connecteur entre les personnes et contextes documentés, et les publics.
– Curating police archives in England : an example of syncretism of practices, by Camille MORET (English version)
Absent from national legal repositories, the archives and heritage collections of English police forces remain with their producers. They are the subject of undifferentiated exhibition practices for artefacts and documents. An inventory and analysis of the exhibition spaces in which these collections are displayed reveals systems of storytelling and staging that invalidate the primary and secondary documentary values of the archives on display. There is, however, a marginal but growing tendency to go beyond the construction of a discourse of police identity and remembrance for the sake of the police, through the practice of qualified archivists and curators, who are in a minority in this context. They advocate abandoning Manichean positions by using the exhibits as a connector between the people and contexts documented, and the public.
– Recueillir la parole comme pratique artistique. Entretien avec Maureen RAGOUCY, artiste, propos recueillis par Simon RENOIR
– Collecting the spoken word as an artistic practice. Interview with Maureen RAGOUCY, artist, by Simon RENOIR (English version)
Comment exposer les archives ?
– Une expérience de mise en exposition séculaire : le registre au portrait de Jeanne d’Arc des Archives nationales, par Sabine MEULEAU
De mars à mai 2025, les Archives nationales présentent, dans le cadre d’un cycle d’expositions-dossiers consacré à leurs documents remarquables, le registre du Conseil du Parlement de Paris dans lequel figure la première représentation graphique de Jeanne d’Arc. Ce document emblématique du musée des Archives nationales, montré dès son ouverture en 1867 et demeuré en vitrine sans interruption pendant près de cent ans, a subi les dommages d’une très longue exposition à la lumière et le dessin célèbre est devenu difficilement lisible. Pourquoi alors exposer de nouveau l’original au public ? L’article propose d’explorer les difficultés liées à ce choix en dressant le bilan rétrospectif d’une expérience d’exposition d’archives sur le temps long, dans le cadre singulier d’un parcours permanent de musée. On suit, à travers cet exemple, le mouvement de clarification et de professionnalisation du discours muséographique autour de l’archive. On voit également comment la conscience précoce de l’action néfaste de la lumière sur les documents exposés n’a longtemps été que peu suivie d’effets, avant la mise en œuvre récente de solutions intégrées à la programmation muséographique et portées par la médiation auprès des visiteurs.
– A centuries-old exhibition experience : the Joan of Arc portrait register at the National Archives, by Sabine MEULEAU (English version)
From March to May 2025, as part of a series of exhibitions devoted to their remarkable documents, the National Archives will be presenting the register of the Council of the Parliament of Paris, which contains the first graphic representation of Joan of Arc. This key document in the National Archives museum, which has been on display since it opened in 1867 and has remained in the showcase without interruption for almost a hundred years, has suffered the damage of very long exposure to light, and the famous drawing has become difficult to read. So why display the original to the public again ? This article sets out to explore the difficulties associated with this choice, by looking back at an experience of exhibiting archives over a long period of time, in the specific context of a permanent museum tour. Through this example, we follow the movement towards clarification and professionalisation of the museographic discourse around the archive. We can also see how early awareness of the harmful effects of light on the documents on display has long been little acted upon, before the recent implementation of solutions integrated into museum programming and supported by visitor mediation.
– Exposer le photojournalisme. Stories from the Picture Press : Black Star Publishing Co. & The Canadian Press, The Image Centre, Toronto (2023–2024), Gaëlle MOREL
Du 13 septembre 2023 au 6 avril 2024, pour célébrer ses dix ans d’ouverture, l’Image Centre — musée de photographie de la Toronto Metropolitan University — présente l’exposition Stories from the Picture Press : Black Star Publishing Co. & The Canadian Press, puisant dans la « Black-and-White Picture Library » de l’agence photographique américaine Black Star. Offert à l’université en 2005 et rebaptisé « Black Star Collection », le fonds compte 291 467 tirages argentiques noir et blanc par plus de 6 000 opérateurs identifiés. Présentée dans un cadre universitaire, Stories from the Picture Press entend notamment participer aux débats animant la recherche académique et refléter un état des réflexions les plus actuelles en histoire du photojournalisme, en révélant les logiques collaboratives au cœur de la production de l’information visuelle, réévaluant l’importance du contexte de production, d’usage, et de diffusion des images, ainsi que le rôle joué par les organisations professionnelles, notamment les agences de presse.
– Exposer le photojournalisme. Stories from the Picture Press : Black StarPublishing Co. & The Canadian Press, The Image Centre, Toronto (2023-2024)., by Gaëlle MOREL (English version)
From 13 September 2023 to 6 April 2024, to celebrate its tenth anniversary, Toronto Metropolitan University’s Image Centre will be presenting Stories from the Picture Press : Black Star Publishing Co. & The Canadian Press, an exhibition drawing on the Black-and- White Picture Library of the American photographic agency Black Star, which was donated to the university in 2005 and renamed the Black Star Collection, and includes 291,467 black-and-white silver prints by over 6,000 identified operators. Presented in a university context, Stories from the Picture Press is intended to contribute to the debates taking place in academic research and to reflect current thinking on the history of photojournalism, revealing the collaborative logic at the heart of the production of visual information, reassessing the importance of the context in which images are produced, used and distributed, as well as the role played by professional organisations, in particular press agencies.
– Considérations autour d’un travail de transposition numérique d’une exposition temporaire, par Federico DOTTI
Les lieux de transmission de l’histoire sont pluriels et répondent à des logiques communicationnelles spécifiques. La transposition numérique d’une exposition implique une refonte quasi complète de la structure narrative, compte tenu des spécificités communicationnelles du multimédia, à partir des opérations graphiques et de traitement d’image, permettant de transfigurer objets et documents en objets de langage digital. L’édition multimédia engendre de nouvelles modalités d’accès à l’exposition et à son contenu.
– Considerations surrounding the digital transposition of a temporary exhibition, by Federico DOTTI (English version)
The transmission of history takes many forms and responds to specific communicative logics. The digital transposition of an exhibition implies an almost complete overhaul of the narrative structure, considering the communicative specificities of multimedia, based on graphic operations and image processing, making it possible to transform objects and documents into objects of digital language. Multimedia publishing creates new ways of accessing the exhibition and its content.
– De l’ombre des fonds à la lumière des vitrines : mettre en scène des documents d’archives. Entretien avec Amélie LAURET, scénographe-graphiste, Éric LAFOREST, restaurateur, et Christophe GUILBAUD, installateur-monteur, propos recueillis par Jérôme POLITI
– From the shadows of the collections to the light of the showcases : staging archive documents. Interview with Amélie LAURET, scenographer-graphic designer, Éric LAFOREST, restorer, and Christophe GUILBAUD, installer-editor, by Jérôme POLITI (English version)
Pour qui exposer les archives ?
– Fonction et usage des expositions : l’exemple des Archives municipales de Lyon, par Louis FAIVRE D’ARCIER
Cet article propose à la fois un regard rétrospectif sur les expositions des Archives municipales de Lyon (AML) et une tentative d’analyse de ce qui fait le succès d’une telle manifestation dans un service territorial. Le début de la politique des AML peut être daté de la fin des années 1980, et corrélé avec un souci de visibilité accrue pour le service. Tant que ce dernier était logé dans le bâtiment historique mais trop exigu du palais Saint-Jean, les ambitions restaient limitées. Le déménagement dans un bâtiment reconverti aux normes des Archives de France, extrêmement bien situé et pensé comme un lieu culturel à part entière, a provoqué en quelques années une profonde mutation de la fonction de gestion des expositions, dont l’ampleur et la qualité ont acquis une reconnaissance qui dépasse la ville de Lyon. Un troisième temps est intervenu il y a une dizaine d’années, conduisant à redéfinir partiellement le mode de travail en raison de budgets plus contraints. L’analyse des différentes actions menées montre les facteurs de réussite d’une telle activité : la prise en compte des impératifs politiques, l’insertion dans un projet urbain, les interactions avec le milieu local constituent des conditions incontournables.
– The function and use of exhibitions : the example of the Lyon Municipal Archives, by Louis FAIVRE D’ARCIER (English version)
This article takes a retrospective look at the exhibitions held by the Archives municipales de Lyon (AML) and attempts to analyse what makes such an event a success in a local authority department. The start of the AML policy can be dated back to the late 1980s, and correlates with the department’s desire for greater visibility. As long as the department was housed in the historic but cramped Palais Saint-Jean building, its ambitions remained limited. The move to a building converted to meet the standards of the Archives de France, which is extremely well located and designed as a cultural venue in its own right, has led in just a few years to a profound change in the management of exhibitions, the scope and quality of which have gained a reputation that extends beyond the city of Lyon. A third phase took place around ten years ago, leading to a partial redefinition of the working methods due to tighter budgets. An analysis of the various initiatives undertaken shows the success factors for such an activity : taking political imperatives into account, fitting into an urban project and interacting with the local environment are all essential conditions.
– Les Grandes collectes d’archives : une perspective de co-construction et d’implication des habitants dans un projet d’exposition ? Les thématiques du cinéma et du sport aux Archives départementales de l’Eure, par Amandine GABRIAC
Deux opérations de grandes collectes d’archives sur les thématiques du cinéma et du sport ont été menées aux Archives départementales de l’Eure entre 2022 et 2024. À chaque fois, les Eurois étaient invités à participer en apportant non seulement des documents, des photographies voire des objets mais aussi leurs souvenirs d’un territoire vécu. Au-delà de la seule complémentarité des fonds par ailleurs conservés, nous souhaitions construire une démarche participative de co-construction. À travers plusieurs tentatives et différentes modalités, ce retour d’expérience revient sur les facteurs de réussite ou d’échec et sur les axes d’amélioration. Si ces deux expériences sont marquées par l’empirisme et les tâtonnements, nous questionnions aussi la manière de penser la notion de co-construction, bien en amont du projet.
– Les Grandes collectes d’archives : a way of co-constructing and involving local people in an exhibition project ?, by Amandine GABRIAC (English version)
Between 2022 and 2024, the Archives départementales de l’Eure organised two major archive collections on the themes of cinema and sport. On each occasion, the people of Eure were invited to take part by contributing not only documents, photographs and even objects, but also their memories of a particular area. We wanted to go beyond the mere complementarity of the collections that were already preserved, and develop a participative approach to co-construction. Through a number of attempts and different methods, this feedback from the experiment looks at the factors that led to success or failure, and the areas for improvement. While these two experiments were marked by empiricism and trial and error, we were also questioning the way in which the notion of co-construction should be considered, well upstream of the project.
– Archives en psychiatrie, une trace de l’histoire : projet de valorisation aux multiples facettes, par Stéphanie DERDAR
Les actions de valorisation des archives hospitalières émergent petit à petit dans les hôpitaux, mais elles restent à la marge. Les services d’archives hospitalières n’ont pas toujours l’occasion ni le temps de travailler sur la valorisation. Dans cet article, nous expliquerons la construction d’expositions pour les Journées européennes du patrimoine avec des dossiers patients du début du xxe siècle. Grâce à une collaboration entre service des archives de l’hôpital et service de soins, des propositions d’expositions mettant en avant les patients passés et actuels ont pu se construire. La question des publics (public empêché, amateur d’histoire locale, chercheurs, mais aussi jeune public) a été centrale dans la mise en place de la manifestation. Les ressources internes et des partenariats ont permis de créer différents types d’expositions répondant aux attentes de chaque public ciblé tout en gardant en tête la valorisation éthique des dossiers médicaux. Nous verrons également comment l’archiviste, mis au cœur du projet, apporte une plus-value par sa connaissance des multiples facettes de l’archive qu’il manipule au quotidien.
– Archives in psychiatry, a trace of history : a multi‑facetted project to enhance their value, by Stéphanie DERDAR (English version)
Initiatives to enhance the value of hospital archives are gradually emerging in hospitals, but they remain on the margins. Hospital archive departments do not always have the opportunity or the time to work on promoting their archives. In this article, we will explain the construction of exhibitions for the European Heritage Days using patient records from the early 20th century. Thanks to collaboration between the hospital’s archives department and the care department, proposals for exhibitions highlighting patients past and present were developed. The question of audiences (the general public, local history buffs, researchers, but also young people) was central to the development of the event. Internal resources and partnerships made it possible to create different types of exhibitions that met the expectations of each target audience, while keeping in mind the ethical value of medical records. We will also see how the archivist, who is at the heart of the project, adds value through his or her knowledge of the many facets of the archive that he or she handles on a daily basis.
– Changer l’image de la ville en exposant des archives contemporaines, l’exemple du projet Quand la musique électro fait danser Dijon, par Anaïs DONDEZ et Cécile LELONG
La ville de Dijon entretient un lien particulier avec les musiques électroniques depuis plus de trois décennies. Déjà dans les années 1990, la scène dijonnaise était reconnue au niveau national notamment grâce au club l’An-Fer, dont le souvenir des soirées techno demeurait intact parmi ses aficionados. Pourtant, aucune démarche de sauvegarde de la mémoire de cette histoire contemporaine n’avait été menée jusqu’alors. Face à ce constat, le service des Archives municipales, avec un soutien politique important, s’est lancé dans un travail allant de la collecte à la valorisation de documents d’archives matériels (papier et objets) et immatériels (archives numérisées, électroniques et témoignages oraux). Une exposition a été conçue avec Risk – association de promotion et de diffusion des musiques électroniques ayant son siège à Dijon – pour mettre en lumière cette riche histoire. Le lieu retenu pour la présentation devait avoir un lien avec le sujet traité ; ainsi le musée de la Vie bourguignonne, installé dans un ancien couvent de Bernardines, s’est révélé être l’écrin parfait pour établir un trait d’union entre le patrimoine ancien et récent.
– Changing the city’s image by showcasing contemporary archives, the example of the Quand la musique électro fait danser Dijon project, by Anaïs DONDEZ and Cécile LELONG (English version)
Dijon has had a special relationship with electronic music for over three decades. Back in the 1990s, Dijon’s electronic music scene was already recognised at a national level, thanks in particular to the An-Fer club, whose techno nights are still remembered by aficionados. However, no attempt had yet been made to preserve the memory of this contemporary history. Considering this, the Municipal Archives, with significant political support, embarked on a project to collect and highlight material archive documents (paper and objects) and immaterial documents (digitised archives, electronic archives and oral accounts). An exhibition has been designed with Risk–an association for the promotion and spread of electronic music based in Dijon–to highlight this rich history. The location chosen for the exhibition had to have a link with the subject being explored, so the musée de la Vie bourguignonne, housed in a former Bernardine convent, proved to be the perfect setting for establishing a link between ancient and recent heritage.