La Gazette des archives

Exposer les archives

Rédaction de la Gazette des archives   vendredi 11 avril 2025
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Exposer les archi­ves a par­fois pu être consi­déré par les pro­fes­sion­nels comme une acti­vité secondaire, voire incongrue. Tirer de l’obs­cu­rité pro­tec­trice des dépôts ces fra­gi­les et irrem­pla­ça­bles docu­ments s’entend par­fai­te­ment s’il s’agit de les com­mu­ni­quer, dans une démar­che indi­vi­duelle, aux cher­cheurs ou aux usa­gers, mais quel sens y-a‑t-il à mettre sur cimai­ses ou en vitrine des écrits, des plans, des pho­to­gra­phies qui ont été pro­duits pour gérer une situa­tion donnée dans un contexte appar­te­nant désor­mais au passé, loin­tain ou récent ? Ne risque-t-on pas, plus encore que de les dégra­der, de les déna­tu­rer ?
Loin de com­bler le défi­cit de visi­bi­lité dont souf­frent les gise­ments d’archi­ves auprès d’un public pour­tant pas­sionné par les diver­ses mani­fes­ta­tions patri­mo­nia­les, on entre­tien­drait ainsi les qui­pro­quos et on détour­ne­rait l’archi­viste de tâches plus impé­ra­ti­ves. Les textes réunis dans ce numéro ne se conten­tent pas de défi­nir les rai­sons qui jus­ti­fient l’expo­si­tion d’archi­ves : ils détaillent les prin­ci­pa­les dif­fi­cultés posées par l’exer­cice et enfin s’inter­ro­gent sur la récep­tion par les publics des par­cours muséo­gra­phi­ques pro­po­sés à côté des salles de lec­ture ou hors les murs. Ces arti­cles mon­trent in fine que les expo­si­tions d’archi­ves pour­raient bien deve­nir un élément clé de la visi­bi­lité des ins­ti­tu­tions qui en ont la charge, comme les moments d’une indis­pen­sa­ble res­ti­tu­tion citoyenne.

Ce numéro a été coor­donné par Jessica BIDERAN, Maîtresse de confé­ren­ces en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Bordeaux Montaigne et Régis LAPASIN, Responsable du Service des expo­si­tions aux Archives natio­na­les.


SOMMAIRE

Des dépôts aux vitri­nes : enjeux et pra­ti­ques de l’expo­si­tion d’archi­ves
Jessica DE BIDERAN et Régis LAPASIN

Pourquoi expo­ser les archi­ves ?
  Un regard sur soi, par Romain RIBEIRO

  Exposition des archi­ves et ins­tru­men­ta­li­sa­tion de l’his­toire en Tunisie depuis le XIXe siècle, par Mabrouk JEBAHI

  Aux sour­ces de l’expo­gra­phie d’archi­ves : le musée sigil­lo­gra­phi­que, diplo­ma­ti­que et paléo­gra­phi­que, par Ariane JAMES-SARAZIN

  Le cas des archi­ves des poli­ces anglai­ses : une pra­ti­que syn­cré­ti­que de l’expo­si­tion, par Camille MORET

  Recueillir la parole comme pra­ti­que artis­ti­que. Entretien avec Maureen RAGOUCY, artiste, propos recueillis par Simon RENOIR

Comment expo­ser les archi­ves ?
  Une expé­rience de mise en expo­si­tion sécu­laire : le regis­tre au por­trait de Jeanne d’Arc des Archives natio­na­les, par Sabine MEULEAU

  Exposer le pho­to­jour­na­lisme. Stories from the Picture Press : Black Star Publishing Co. & The Canadian Press, The Image Centre, Toronto (2023-2024), par Gaëlle MOREL

  Considérations autour d’un tra­vail de trans­po­si­tion numé­ri­que d’une expo­si­tion tem­po­raire, par Federico DOTTI

  De l’ombre des fonds à la lumière des vitri­nes : mettre en scène des docu­ments d’archi­ves. Entretien avec Amélie LAURET, scé­no­gra­phe-gra­phiste, Éric LAFOREST, res­tau­ra­teur, et Christophe GUILBAUD, ins­tal­la­teur-mon­teur, propos recueillis par Jérôme POLITI

Pour qui expo­ser les archi­ves ?
  Fonction et usage des expo­si­tions : l’exem­ple des Archives muni­ci­pa­les de Lyon, par Louis FAIVRE D’ARCIER

  Les Grandes col­lec­tes d’archi­ves : une pers­pec­tive de co-cons­truc­tion et d’impli­ca­tion des habi­tants dans un projet d’expo­si­tion ? Les thé­ma­ti­ques du cinéma et du sport aux Archives dépar­te­men­ta­les de l’Eure, par Amandine GABRIAC

  Archives en psy­chia­trie, une trace de l’his­toire : projet de valo­ri­sa­tion aux mul­ti­ples facet­tes, par Stéphanie DERDAR

  Changer l’image de la ville en expo­sant des archi­ves contem­po­rai­nes, l’exem­ple du projet Quand la musi­que électro fait danser Dijon, par Anaïs DONDEZ et Cécile LELONG

  L’anti­sé­mi­tisme en action, 1940-1944. Les mul­ti­ples vies d’une expo­si­tion : quand le hors-les-murs se réin­vente in situ aux Archives natio­na­les, par Lucile CHARTAIN et Lauriane STISSI

  Lise Deharme, la femme sur­réa­liste, expo­ser un fonds d’archi­ves lit­té­rai­res dans un musée de société. Entretien avec Adeline MOULY, com­mis­saire de l’expo­si­tion, et Coraline RAGUIN, adjointe à la direc­trice aux Archives dépar­te­men­ta­les des Landes, propos recueillis par Jessica DE BIDERAN


RÉSUMÉ DES ARTICLES

Des dépôts aux vitri­nes : enjeux et pra­ti­ques de l’expo­si­tion d’archi­ves

Jessica DE BIDERAN et Régis LAPASIN

Pourquoi expo­ser les archi­ves ?

 Un regard sur soi, par Romain RIBEIRO

Pourquoi expo­ser les archi­ves ? Sous son appa­rente sim­pli­cité, cette ques­tion sou­lève néan­moins un cer­tain nombre de ques­tions fon­da­men­ta­les sur cette pra­ti­que en plein essor et de plus en plus struc­tu­rée. Pourquoi en est-on venu à expo­ser les archi­ves ? Quelles sont les fina­li­tés sous-jacen­tes des expo­si­tions d’archi­ves ? Quelles logi­ques sin­gu­liè­res sont à l’œuvre dans la concep­tion et la réa­li­sa­tion de celles-ci ? Autant de ques­tion­ne­ments qui per­met­tent d’enga­ger une néces­saire réflexion sur les évolutions d’une pro­fes­sion et de son posi­tion­ne­ment au sein de la société.

 A glance at one­self, by Romain RIBEIRO (English ver­sion)

Why exhi­bit archi­ves ? Despite its appa­rent sim­pli­city, this ques­tion never­the­less raises a number of fun­da­men­tal issues about this rapidly gro­wing and increa­sin­gly struc­tu­red prac­tice. Why have we come to exhi­bit archi­ves ? What are the under­lying pur­po­ses of archive exhi­bi­tions ? What spe­ci­fic logics are at work in their design and imple­men­ta­tion ? These ques­tions invite a neces­sary reflec­tion on the evo­lu­tion of a pro­fes­sion and its role within society.

 Exposition des archi­ves et ins­tru­men­ta­li­sa­tion de l’his­toire en Tunisie depuis le XIXe siècle, par Mabrouk JEBAHI

À l’ori­gine phé­no­mène excep­tion­nel et mar­gi­nal, les expo­si­tions de docu­ments d’archi­ves en Tunisie comp­tent depuis la colo­ni­sa­tion parmi les moyens les plus uti­li­sés par la pro­pa­gande poli­ti­que. La pré­sente étude pro­pose d’inter­ro­ger sur la longue durée cette ins­tru­men­ta­li­sa­tion colo­niale de l’his­toire et de contex­tua­li­ser la répli­que natio­nale qu’elle a sus­ci­tée. En incar­nant le pas­sage d’un établissement chargé de la conser­va­tion des docu­ments à une ins­ti­tu­tion acti­ve­ment impli­quée dans la média­tion, les Archives natio­na­les de Tunisie for­ment un obser­va­toire du pro­ces­sus de la pro­fes­sion­na­li­sa­tion de cette pra­ti­que d’expo­ser les docu­ments d’archi­ves, et des pos­si­bi­li­tés de sa libé­ra­li­sa­tion.

 Exhibition of archi­ves and the ins­tru­men­ta­li­za­tion of his­tory in Tunisia since the 19th cen­tury, by Mabrouk JEBAHI (English ver­sion)

Initially an excep­tio­nal and mar­gi­nal phe­no­me­non, exhi­bi­tions of archi­val docu­ments in Tunisia have been one of the most widely used means of poli­ti­cal pro­pa­ganda since colo­ni­sa­tion. The aim of this study is to exa­mine this colo­nial ins­tru­men­ta­li­sa­tion of his­tory over a long period of time, and to contex­tua­lise the natio­nal res­ponse it has pro­vo­ked. By embo­dying the tran­si­tion from an ins­ti­tu­tion in charge of pre­ser­ving docu­ments to one acti­vely invol­ved in media­tion, the National Archives of Tunisia pro­vi­des an obser­va­tory of the pro­cess of pro­fes­sio­na­li­sa­tion of the prac­tice of exhi­bi­ting archi­val docu­ments, and of the pos­si­bi­li­ties of its libe­ra­li­sa­tion.
 Aux sour­ces de l’expo­gra­phie d’archi­ves : le musée sigil­lo­gra­phi­que, diplo­ma­ti­que et paléo­gra­phi­que, par Ariane JAMES-SARAZIN

Dès sa créa­tion, d’abord modeste sous Jean-Antoine Letronne, garde géné­ral des Archives du royaume de 1840 à 1848, puis irré­vo­ca­ble sous Léon de Laborde, direc­teur géné­ral des Archives de l’Empire de 1857 à 1868, le musée sigil­lo­gra­phi­que, diplo­ma­ti­que et paléo­gra­phi­que des Archives, qui ne devient musée de l’his­toire de France qu’en 1938, même si son ambi­tion ini­tiale est bien d’être « une sorte d’abrégé des preu­ves de l’his­toire de France », s’accom­pa­gne de l’inven­tion de dis­po­si­tifs muséo­gra­phi­ques et scé­no­gra­phi­ques spé­ci­fi­que­ment dédiés à la pré­sen­ta­tion des docu­ments d’archi­ves. Dans une pers­pec­tive d’émergence, au XIXe siècle, d’une pensée et d’une média­tion de l’his­toire, l’arti­cle met en évidence la sin­gu­la­rité du musée des Archives, ana­lyse les res­sorts sous-jacents de ses choix et tente d’iden­ti­fier son legs aux musées d’aujourd’hui.

 The ori­gins of the archive exhi­bi­tion : the museum of sigil­lo­gra­phy, diplo­macy and palaeo­gra­phy, by Mabrouk JEBAHI (English ver­sion)

From the outset, the Musée sigil­lo­gra­phi­que, diplo­ma­ti­que et paléo­gra­phi­que des Archives was modestly set up under Jean-Antoine Letronne, Garde géné­ral des Archives du royaume from 1840 to 1848, then irre­vo­ca­bly under Léon de Laborde, Directeur géné­ral des Archives de l’Empire from 1857 to 1868, which did not become the Musée de l’Histoire de France until 1938, even though its ini­tial ambi­tion was to be ‘a sort of com­pen­dium of the evi­dence of the his­tory of France’, was accom­pa­nied by the inven­tion of museo­gra­phic and sce­no­gra­phic devi­ces spe­ci­fi­cally dedi­ca­ted to the pre­sen­ta­tion of archive docu­ments. From the point of view of the emer­gence in the nine­teenth cen­tury of a way of thin­king about and media­ting his­tory, this arti­cle high­lights the sin­gu­la­rity of the Musée des Archives, ana­ly­ses the under­lying rea­sons for its choi­ces and attempts to iden­tify its legacy to museums today.
 Le cas des archi­ves des poli­ces anglai­ses : une pra­ti­que syn­cré­ti­que de l’expo­si­tion, par Camille MORET

Absentes des dépôts légaux natio­naux, les archi­ves et col­lec­tions patri­mo­nia­les des poli­ces anglai­ses demeu­rent avec leurs pro­duc­teurs. Elles font l’objet de pra­ti­ques expo­gra­phi­ques indif­fé­ren­ciées des arte­facts et docu­ments. L’inven­taire et l’ana­lyse des espa­ces d’expo­si­tion de ces fonds met­tent au jour des sys­tè­mes de mise en récit et mise en scène inva­li­dant les valeurs docu­men­tai­res pri­mai­res et secondai­res des archi­ves expo­sées. On relève cepen­dant une ten­dance, mar­gi­nale mais en pro­grès, à dépas­ser la cons­truc­tion de dis­cours iden­ti­tai­res et mémo­ria­li­sants de la police pour la police, via la pra­ti­que d’archi­vis­tes et de conser­va­teurs qua­li­fiés, mais mino­ri­tai­res dans ce contexte. Ils prô­nent un aban­don des pos­tu­res mani­chéen­nes via l’uti­li­sa­tion des éléments expo­sés comme connec­teur entre les per­son­nes et contex­tes docu­men­tés, et les publics.

 Curating police archi­ves in England : an exam­ple of syn­cre­tism of prac­ti­ces, by Camille MORET (English ver­sion)

Absent from natio­nal legal repo­si­to­ries, the archi­ves and heri­tage col­lec­tions of English police forces remain with their pro­du­cers. They are the sub­ject of undif­fe­ren­tia­ted exhi­bi­tion prac­ti­ces for arte­facts and docu­ments. An inven­tory and ana­ly­sis of the exhi­bi­tion spaces in which these col­lec­tions are dis­played reveals sys­tems of sto­ry­tel­ling and sta­ging that inva­li­date the pri­mary and secondary docu­men­tary values of the archi­ves on dis­play. There is, howe­ver, a mar­gi­nal but gro­wing ten­dency to go beyond the cons­truc­tion of a dis­course of police iden­tity and remem­brance for the sake of the police, through the prac­tice of qua­li­fied archi­vists and cura­tors, who are in a mino­rity in this context. They advo­cate aban­do­ning Manichean posi­tions by using the exhi­bits as a connec­tor bet­ween the people and contexts docu­men­ted, and the public.

 Recueillir la parole comme pra­ti­que artis­ti­que. Entretien avec Maureen RAGOUCY, artiste, propos recueillis par Simon RENOIR

 Collecting the spoken word as an artis­tic prac­tice. Interview with Maureen RAGOUCY, artist, by Simon RENOIR (English ver­sion)

Comment expo­ser les archi­ves ?

 Une expé­rience de mise en expo­si­tion sécu­laire : le regis­tre au por­trait de Jeanne d’Arc des Archives natio­na­les, par Sabine MEULEAU
De mars à mai 2025, les Archives natio­na­les pré­sen­tent, dans le cadre d’un cycle d’expo­si­tions-dos­siers consa­cré à leurs docu­ments remar­qua­bles, le regis­tre du Conseil du Parlement de Paris dans lequel figure la pre­mière repré­sen­ta­tion gra­phi­que de Jeanne d’Arc. Ce docu­ment emblé­ma­ti­que du musée des Archives natio­na­les, montré dès son ouver­ture en 1867 et demeuré en vitrine sans inter­rup­tion pen­dant près de cent ans, a subi les dom­ma­ges d’une très longue expo­si­tion à la lumière et le dessin célè­bre est devenu dif­fi­ci­le­ment lisi­ble. Pourquoi alors expo­ser de nou­veau l’ori­gi­nal au public ? L’arti­cle pro­pose d’explo­rer les dif­fi­cultés liées à ce choix en dres­sant le bilan rétros­pec­tif d’une expé­rience d’expo­si­tion d’archi­ves sur le temps long, dans le cadre sin­gu­lier d’un par­cours per­ma­nent de musée. On suit, à tra­vers cet exem­ple, le mou­ve­ment de cla­ri­fi­ca­tion et de pro­fes­sion­na­li­sa­tion du dis­cours muséo­gra­phi­que autour de l’archive. On voit également com­ment la cons­cience pré­coce de l’action néfaste de la lumière sur les docu­ments expo­sés n’a long­temps été que peu suivie d’effets, avant la mise en œuvre récente de solu­tions inté­grées à la pro­gram­ma­tion muséo­gra­phi­que et por­tées par la média­tion auprès des visi­teurs.

 A cen­tu­ries-old exhi­bi­tion expe­rience : the Joan of Arc por­trait regis­ter at the National Archives, by Sabine MEULEAU (English ver­sion)

From March to May 2025, as part of a series of exhi­bi­tions devo­ted to their remar­ka­ble docu­ments, the National Archives will be pre­sen­ting the regis­ter of the Council of the Parliament of Paris, which contains the first gra­phic repre­sen­ta­tion of Joan of Arc. This key docu­ment in the National Archives museum, which has been on dis­play since it opened in 1867 and has remai­ned in the show­case without inter­rup­tion for almost a hun­dred years, has suf­fe­red the damage of very long expo­sure to light, and the famous dra­wing has become dif­fi­cult to read. So why dis­play the ori­gi­nal to the public again ? This arti­cle sets out to explore the dif­fi­culties asso­cia­ted with this choice, by loo­king back at an expe­rience of exhi­bi­ting archi­ves over a long period of time, in the spe­ci­fic context of a per­ma­nent museum tour. Through this exam­ple, we follow the move­ment towards cla­ri­fi­ca­tion and pro­fes­sio­na­li­sa­tion of the museo­gra­phic dis­course around the archive. We can also see how early awa­re­ness of the harm­ful effects of light on the docu­ments on dis­play has long been little acted upon, before the recent imple­men­ta­tion of solu­tions inte­gra­ted into museum pro­gram­ming and sup­por­ted by visi­tor media­tion.

 Exposer le pho­to­jour­na­lisme. Stories from the Picture Press : Black Star Publishing Co. & The Canadian Press, The Image Centre, Toronto (2023–2024), Gaëlle MOREL

Du 13 sep­tem­bre 2023 au 6 avril 2024, pour célé­brer ses dix ans d’ouver­ture, l’Image Centre — musée de pho­to­gra­phie de la Toronto Metropolitan University — pré­sente l’expo­si­tion Stories from the Picture Press : Black Star Publishing Co. & The Canadian Press, pui­sant dans la « Black-and-White Picture Library » de l’agence pho­to­gra­phi­que amé­ri­caine Black Star. Offert à l’uni­ver­sité en 2005 et rebap­tisé « Black Star Collection », le fonds compte 291 467 tira­ges argen­ti­ques noir et blanc par plus de 6 000 opé­ra­teurs iden­ti­fiés. Présentée dans un cadre uni­ver­si­taire, Stories from the Picture Press entend notam­ment par­ti­ci­per aux débats ani­mant la recher­che aca­dé­mi­que et reflé­ter un état des réflexions les plus actuel­les en his­toire du pho­to­jour­na­lisme, en révé­lant les logi­ques col­la­bo­ra­ti­ves au cœur de la pro­duc­tion de l’infor­ma­tion visuelle, réé­va­luant l’impor­tance du contexte de pro­duc­tion, d’usage, et de dif­fu­sion des images, ainsi que le rôle joué par les orga­ni­sa­tions pro­fes­sion­nel­les, notam­ment les agen­ces de presse.

 Exposer le pho­to­jour­na­lisme. Stories from the Picture Press : Black StarPublishing Co. & The Canadian Press, The Image Centre, Toronto (2023-2024)., by Gaëlle MOREL (English ver­sion)

From 13 September 2023 to 6 April 2024, to cele­brate its tenth anni­ver­sary, Toronto Metropolitan University’s Image Centre will be pre­sen­ting Stories from the Picture Press : Black Star Publishing Co. & The Canadian Press, an exhi­bi­tion dra­wing on the Black-and- White Picture Library of the American pho­to­gra­phic agency Black Star, which was dona­ted to the uni­ver­sity in 2005 and rena­med the Black Star Collection, and inclu­des 291,467 black-and-white silver prints by over 6,000 iden­ti­fied ope­ra­tors. Presented in a uni­ver­sity context, Stories from the Picture Press is inten­ded to contri­bute to the deba­tes taking place in aca­de­mic research and to reflect cur­rent thin­king on the his­tory of pho­to­jour­na­lism, revea­ling the col­la­bo­ra­tive logic at the heart of the pro­duc­tion of visual infor­ma­tion, reas­ses­sing the impor­tance of the context in which images are pro­du­ced, used and dis­tri­bu­ted, as well as the role played by pro­fes­sio­nal orga­ni­sa­tions, in par­ti­cu­lar press agen­cies.

 Considérations autour d’un tra­vail de trans­po­si­tion numé­ri­que d’une expo­si­tion tem­po­raire, par Federico DOTTI

Les lieux de trans­mis­sion de l’his­toire sont plu­riels et répon­dent à des logi­ques com­mu­ni­ca­tion­nel­les spé­ci­fi­ques. La trans­po­si­tion numé­ri­que d’une expo­si­tion impli­que une refonte quasi com­plète de la struc­ture nar­ra­tive, compte tenu des spé­ci­fi­ci­tés com­mu­ni­ca­tion­nel­les du mul­ti­mé­dia, à partir des opé­ra­tions gra­phi­ques et de trai­te­ment d’image, per­met­tant de trans­fi­gu­rer objets et docu­ments en objets de lan­gage digi­tal. L’édition mul­ti­mé­dia engen­dre de nou­vel­les moda­li­tés d’accès à l’expo­si­tion et à son contenu.

 Considerations sur­roun­ding the digi­tal trans­po­si­tion of a tem­po­rary exhi­bi­tion, by Federico DOTTI (English ver­sion)

The trans­mis­sion of his­tory takes many forms and res­ponds to spe­ci­fic com­mu­ni­ca­tive logics. The digi­tal trans­po­si­tion of an exhi­bi­tion implies an almost com­plete ove­rhaul of the nar­ra­tive struc­ture, consi­de­ring the com­mu­ni­ca­tive spe­ci­fi­ci­ties of mul­ti­me­dia, based on gra­phic ope­ra­tions and image pro­ces­sing, making it pos­si­ble to trans­form objects and docu­ments into objects of digi­tal lan­guage. Multimedia publi­shing crea­tes new ways of acces­sing the exhi­bi­tion and its content.

 De l’ombre des fonds à la lumière des vitri­nes : mettre en scène des docu­ments d’archi­ves. Entretien avec Amélie LAURET, scé­no­gra­phe-gra­phiste, Éric LAFOREST, res­tau­ra­teur, et Christophe GUILBAUD, ins­tal­la­teur-mon­teur, propos recueillis par Jérôme POLITI

 From the sha­dows of the col­lec­tions to the light of the show­ca­ses : sta­ging archive docu­ments. Interview with Amélie LAURET, sce­no­gra­pher-gra­phic desi­gner, Éric LAFOREST, res­to­rer, and Christophe GUILBAUD, ins­tal­ler-editor, by Jérôme POLITI (English ver­sion)

Pour qui expo­ser les archi­ves ?

 Fonction et usage des expo­si­tions : l’exem­ple des Archives muni­ci­pa­les de Lyon, par Louis FAIVRE D’ARCIER

Cet arti­cle pro­pose à la fois un regard rétros­pec­tif sur les expo­si­tions des Archives muni­ci­pa­les de Lyon (AML) et une ten­ta­tive d’ana­lyse de ce qui fait le succès d’une telle mani­fes­ta­tion dans un ser­vice ter­ri­to­rial. Le début de la poli­ti­que des AML peut être daté de la fin des années 1980, et cor­rélé avec un souci de visi­bi­lité accrue pour le ser­vice. Tant que ce der­nier était logé dans le bâti­ment his­to­ri­que mais trop exigu du palais Saint-Jean, les ambi­tions res­taient limi­tées. Le démé­na­ge­ment dans un bâti­ment reconverti aux normes des Archives de France, extrê­me­ment bien situé et pensé comme un lieu cultu­rel à part entière, a pro­vo­qué en quel­ques années une pro­fonde muta­tion de la fonc­tion de ges­tion des expo­si­tions, dont l’ampleur et la qua­lité ont acquis une reconnais­sance qui dépasse la ville de Lyon. Un troi­sième temps est inter­venu il y a une dizaine d’années, condui­sant à redé­fi­nir par­tiel­le­ment le mode de tra­vail en raison de bud­gets plus contraints. L’ana­lyse des dif­fé­ren­tes actions menées montre les fac­teurs de réus­site d’une telle acti­vité : la prise en compte des impé­ra­tifs poli­ti­ques, l’inser­tion dans un projet urbain, les inte­rac­tions avec le milieu local cons­ti­tuent des condi­tions incontour­na­bles.

 The func­tion and use of exhi­bi­tions : the exam­ple of the Lyon Municipal Archives, by Louis FAIVRE D’ARCIER (English ver­sion)

This arti­cle takes a retros­pec­tive look at the exhi­bi­tions held by the Archives muni­ci­pa­les de Lyon (AML) and attempts to ana­lyse what makes such an event a suc­cess in a local autho­rity depart­ment. The start of the AML policy can be dated back to the late 1980s, and cor­re­la­tes with the depart­ment’s desire for grea­ter visi­bi­lity. As long as the depart­ment was housed in the his­to­ric but cram­ped Palais Saint-Jean buil­ding, its ambi­tions remai­ned limi­ted. The move to a buil­ding conver­ted to meet the stan­dards of the Archives de France, which is extre­mely well loca­ted and desi­gned as a cultu­ral venue in its own right, has led in just a few years to a pro­found change in the mana­ge­ment of exhi­bi­tions, the scope and qua­lity of which have gained a repu­ta­tion that extends beyond the city of Lyon. A third phase took place around ten years ago, lea­ding to a par­tial rede­fi­ni­tion of the wor­king methods due to tigh­ter bud­gets. An ana­ly­sis of the various ini­tia­ti­ves under­ta­ken shows the suc­cess fac­tors for such an acti­vity : taking poli­ti­cal impe­ra­ti­ves into account, fit­ting into an urban pro­ject and inte­rac­ting with the local envi­ron­ment are all essen­tial condi­tions.

 Les Grandes col­lec­tes d’archi­ves : une pers­pec­tive de co-cons­truc­tion et d’impli­ca­tion des habi­tants dans un projet d’expo­si­tion ? Les thé­ma­ti­ques du cinéma et du sport aux Archives dépar­te­men­ta­les de l’Eure, par Amandine GABRIAC

Deux opé­ra­tions de gran­des col­lec­tes d’archi­ves sur les thé­ma­ti­ques du cinéma et du sport ont été menées aux Archives dépar­te­men­ta­les de l’Eure entre 2022 et 2024. À chaque fois, les Eurois étaient invi­tés à par­ti­ci­per en appor­tant non seu­le­ment des docu­ments, des pho­to­gra­phies voire des objets mais aussi leurs sou­ve­nirs d’un ter­ri­toire vécu. Au-delà de la seule com­plé­men­ta­rité des fonds par ailleurs conser­vés, nous sou­hai­tions cons­truire une démar­che par­ti­ci­pa­tive de co-cons­truc­tion. À tra­vers plu­sieurs ten­ta­ti­ves et dif­fé­ren­tes moda­li­tés, ce retour d’expé­rience revient sur les fac­teurs de réus­site ou d’échec et sur les axes d’amé­lio­ra­tion. Si ces deux expé­rien­ces sont mar­quées par l’empi­risme et les tâton­ne­ments, nous ques­tion­nions aussi la manière de penser la notion de co-cons­truc­tion, bien en amont du projet.

 Les Grandes col­lec­tes d’archi­ves : a way of co-cons­truc­ting and invol­ving local people in an exhi­bi­tion pro­ject ?, by Amandine GABRIAC (English ver­sion)

Between 2022 and 2024, the Archives dépar­te­men­ta­les de l’Eure orga­ni­sed two major archive col­lec­tions on the themes of cinema and sport. On each occa­sion, the people of Eure were invi­ted to take part by contri­bu­ting not only docu­ments, pho­to­graphs and even objects, but also their memo­ries of a par­ti­cu­lar area. We wanted to go beyond the mere com­ple­men­ta­rity of the col­lec­tions that were already pre­ser­ved, and deve­lop a par­ti­ci­pa­tive approach to co-cons­truc­tion. Through a number of attempts and dif­fe­rent methods, this feed­back from the expe­ri­ment looks at the fac­tors that led to suc­cess or fai­lure, and the areas for impro­ve­ment. While these two expe­ri­ments were marked by empi­ri­cism and trial and error, we were also ques­tio­ning the way in which the notion of co-cons­truc­tion should be consi­de­red, well ups­tream of the pro­ject.

 Archives en psy­chia­trie, une trace de l’his­toire : projet de valo­ri­sa­tion aux mul­ti­ples facet­tes, par Stéphanie DERDAR

Les actions de valo­ri­sa­tion des archi­ves hos­pi­ta­liè­res émergent petit à petit dans les hôpi­taux, mais elles res­tent à la marge. Les ser­vi­ces d’archi­ves hos­pi­ta­liè­res n’ont pas tou­jours l’occa­sion ni le temps de tra­vailler sur la valo­ri­sa­tion. Dans cet arti­cle, nous expli­que­rons la cons­truc­tion d’expo­si­tions pour les Journées euro­péen­nes du patri­moine avec des dos­siers patients du début du xxe siècle. Grâce à une col­la­bo­ra­tion entre ser­vice des archi­ves de l’hôpi­tal et ser­vice de soins, des pro­po­si­tions d’expo­si­tions met­tant en avant les patients passés et actuels ont pu se cons­truire. La ques­tion des publics (public empê­ché, ama­teur d’his­toire locale, cher­cheurs, mais aussi jeune public) a été cen­trale dans la mise en place de la mani­fes­ta­tion. Les res­sour­ces inter­nes et des par­te­na­riats ont permis de créer dif­fé­rents types d’expo­si­tions répon­dant aux atten­tes de chaque public ciblé tout en gar­dant en tête la valo­ri­sa­tion éthique des dos­siers médi­caux. Nous ver­rons également com­ment l’archi­viste, mis au cœur du projet, apporte une plus-value par sa connais­sance des mul­ti­ples facet­tes de l’archive qu’il mani­pule au quo­ti­dien.

 Archives in psy­chia­try, a trace of his­tory : a mul­ti‑­fa­cet­ted pro­ject to enhance their value, by Stéphanie DERDAR (English ver­sion)

Initiatives to enhance the value of hos­pi­tal archi­ves are gra­dually emer­ging in hos­pi­tals, but they remain on the mar­gins. Hospital archive depart­ments do not always have the oppor­tu­nity or the time to work on pro­mo­ting their archi­ves. In this arti­cle, we will explain the cons­truc­tion of exhi­bi­tions for the European Heritage Days using patient records from the early 20th cen­tury. Thanks to col­la­bo­ra­tion bet­ween the hos­pi­tal’s archi­ves depart­ment and the care depart­ment, pro­po­sals for exhi­bi­tions high­ligh­ting patients past and pre­sent were deve­lo­ped. The ques­tion of audien­ces (the gene­ral public, local his­tory buffs, resear­chers, but also young people) was cen­tral to the deve­lop­ment of the event. Internal resour­ces and part­ner­ships made it pos­si­ble to create dif­fe­rent types of exhi­bi­tions that met the expec­ta­tions of each target audience, while kee­ping in mind the ethi­cal value of medi­cal records. We will also see how the archi­vist, who is at the heart of the pro­ject, adds value through his or her know­ledge of the many facets of the archive that he or she hand­les on a daily basis.

 Changer l’image de la ville en expo­sant des archi­ves contem­po­rai­nes, l’exem­ple du projet Quand la musi­que électro fait danser Dijon, par Anaïs DONDEZ et Cécile LELONG

La ville de Dijon entre­tient un lien par­ti­cu­lier avec les musi­ques électroniques depuis plus de trois décen­nies. Déjà dans les années 1990, la scène dijon­naise était reconnue au niveau natio­nal notam­ment grâce au club l’An-Fer, dont le sou­ve­nir des soi­rées techno demeu­rait intact parmi ses afi­cio­na­dos. Pourtant, aucune démar­che de sau­ve­garde de la mémoire de cette his­toire contem­po­raine n’avait été menée jusqu’alors. Face à ce cons­tat, le ser­vice des Archives muni­ci­pa­les, avec un sou­tien poli­ti­que impor­tant, s’est lancé dans un tra­vail allant de la col­lecte à la valo­ri­sa­tion de docu­ments d’archi­ves maté­riels (papier et objets) et imma­té­riels (archi­ves numé­ri­sées, électroniques et témoi­gna­ges oraux). Une expo­si­tion a été conçue avec Risk – asso­cia­tion de pro­mo­tion et de dif­fu­sion des musi­ques électroniques ayant son siège à Dijon – pour mettre en lumière cette riche his­toire. Le lieu retenu pour la pré­sen­ta­tion devait avoir un lien avec le sujet traité ; ainsi le musée de la Vie bour­gui­gnonne, ins­tallé dans un ancien cou­vent de Bernardines, s’est révélé être l’écrin par­fait pour établir un trait d’union entre le patri­moine ancien et récent.

 Changing the city’s image by show­ca­sing contem­po­rary archi­ves, the exam­ple of the Quand la musi­que électro fait danser Dijon pro­ject, by Anaïs DONDEZ and Cécile LELONG (English ver­sion)

Dijon has had a spe­cial rela­tion­ship with elec­tro­nic music for over three deca­des. Back in the 1990s, Dijon’s elec­tro­nic music scene was already reco­gni­sed at a natio­nal level, thanks in par­ti­cu­lar to the An-Fer club, whose techno nights are still remem­be­red by afi­cio­na­dos. However, no attempt had yet been made to pre­serve the memory of this contem­po­rary his­tory. Considering this, the Municipal Archives, with signi­fi­cant poli­ti­cal sup­port, embar­ked on a pro­ject to col­lect and high­light mate­rial archive docu­ments (paper and objects) and imma­te­rial docu­ments (digi­ti­sed archi­ves, elec­tro­nic archi­ves and oral accounts). An exhi­bi­tion has been desi­gned with Risk–an asso­cia­tion for the pro­mo­tion and spread of elec­tro­nic music based in Dijon–to high­light this rich his­tory. The loca­tion chosen for the exhi­bi­tion had to have a link with the sub­ject being explo­red, so the musée de la Vie bour­gui­gnonne, housed in a former Bernardine convent, proved to be the per­fect set­ting for esta­bli­shing a link bet­ween ancient and recent heri­tage.

ISSN : [0016-5522]
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