La Gazette des archives n° 265 (2022-1)

Archives et engagement

Rédaction de la Gazette des archives   mercredi 15 février 2023
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Lors du forum « Archives et trans­pa­rence » de Saint-Etienne en avril 2019, un nou­veau regard s’est posé sur les archi­ves et les archi­vis­tes : celui de leur rôle dans la société, consis­tant à garan­tir davan­tage de trans­pa­rence dans l’action publi­que. Lorsqu’on inter­roge ce rôle, il appa­raît en creux que les choix de col­lecte, de tri, de conser­va­tion… ne sont pas ano­dins mais enga­gent celui qui les prend, non seu­le­ment au regard de ses contem­po­rains mais aussi des géné­ra­tions à venir. Mais les archi­vis­tes se per­çoi­vent-ils comme exer­çant une pro­fes­sion enga­gée ? Considèrent-ils leurs gestes pro­fes­sion­nels au prisme de ce concept ?
Pour pour­sui­vre cette réflexion, cette Gazette des archi­ves inter­roge la notion d’enga­ge­ment au tra­vers du regard de jeunes archi­vis­tes, qui for­ment la majo­rité des auteurs des arti­cles que vous trou­ve­rez dans ce numéro. Chez cer­tains, l’enga­ge­ment est préa­la­ble à l’exer­cice du métier. Pour d’autres, il s’agit d’un enga­ge­ment pro­fes­sion­nel. Une nou­velle ques­tion se pose alors : est-ce l’enga­ge­ment qui fait l’archi­viste ou l’archi­viste qui fait l’enga­ge­ment ?

Ce numéro a été piloté par Myriam Favreau, Françoise Hiraux et Mia Viel, sur une idée ori­gi­nale et avec le sou­tien de Céline Guyon.


SOMMAIRE

Le cadre ins­ti­tu­tion­nel comme vec­teur d’enga­ge­ment

 Les archi­ves savoyar­des et leur rôle dans la cons­truc­tion iden­ti­taire natio­nale et locale (1860-1892), par Clarisse MARGUERETTAZ

 Archiviste d’après-guerre, archi­viste enga­gé·e ? L’exem­ple des comi­tés d’his­toire inter­mi­nis­té­riels, par Agnès ARENDO

 ATD Quart Monde et la mémoire de la grande pau­vreté, des enga­ge­ments plu­riels, par Loïc BESNARD

 Identifier les archi­ves que l’on ne col­lecte pas. L’exem­ple des archi­ves publi­ques de l’immi­gra­tion en Île-de-France, par Pierre MARCHANDIN

 Archives, patri­moine et enga­ge­ments. Réflexions autour de trois situa­tions vécues et obser­vées, par Christian HOTTIN

Faire des archi­ves une affaire per­son­nelle : de l’enga­ge­ment au mili­tan­tisme

 Les asso­cia­tions de for­ma­tions uni­ver­si­tai­res : formes d’enga­ge­ments d’étudiants et de jeunes archi­vis­tes des années 2000 à nos jours, par Mia VIEL

 De média­teur de la donnée à écologiste de la donnée ? L’archi­viste et les bases de don­nées natu­ra­lis­tes, par Guillaume MORTIER

 Poursuite d’une lutte par l’archive. Le cas du mili­tan­tisme anti­nu­cléaire alsa­cien, par Chloé MERTZ

 Identité mili­tante, pra­ti­que et normes archi­vis­ti­ques : le cas des Instituts CGT d’his­toire sociale fédé­raux depuis 1982, par Rachel GUÉRIN

 Le Carhif-AVG (Bruxelles) : un centre d’archi­ves en appui des mou­ve­ments des femmes, par Els FLOUR

 Pourquoi une socio­lo­gie du savoir archi­vis­ti­que est-elle néces­saire aujourd’hui ?, par Mathilde SERGENT-MIREBAULT

 Les archi­ves de la lutte anti-sida. Témoignage d’une jeune archi­viste enga­gée chez AIDES, asso­cia­tion com­mu­nau­taire de lutte contre le VIH/sida et les hépa­ti­tes vira­les, par Morgane VANEHUIN


RÉSUMÉS DES ARTICLES

Le cadre ins­ti­tu­tion­nel comme vec­teur d’enga­ge­ment

 Les archi­ves savoyar­des et leur rôle dans la cons­truc­tion iden­ti­taire natio­nale et locale (1860-1892), par Clarisse MARGUERETTAZ

À tra­vers l’étude de la créa­tion des Archives dépar­te­men­ta­les de la Haute-Savoie et de la Savoie en 1860, cet arti­cle tente de décrire les enjeux archi­vis­ti­ques pro­pres aux pério­des de tran­si­tion admi­nis­tra­tive. Il montre aussi qu’au-delà des enjeux patri­mo­niaux, les archi­ves recou­vrent aussi
des enjeux iden­ti­tai­res et diplo­ma­ti­ques. Si 1860 marque le rat­ta­che­ment de l’ancien duché de Savoie à la France, cette deuxième moitié de XIXe siècle est aussi affec­tée par le ren­for­ce­ment des natio­na­lis­mes euro­péens et l’essor de la dis­ci­pline his­to­ri­que. L’enjeu de cet arti­cle est de com­pren­dre com­ment ce triple contexte influe sur la manière de voir et de trai­ter les archi­ves savoyar­des. Les inté­rêts locaux et natio­naux se ren­contrent autour de cette ques­tion : à tra­vers la mise en oeuvre des inven­tai­res détaillés et la contri­bu­tion au Musée des Archives dépar­te­men­ta­les, les archi­vis­tes ser­vent la cons­truc­tion de la « grande patrie » ; à tra­vers l’écriture de l’his­toire locale et la par­ti­ci­pa­tion aux socié­tés savan­tes, ils ser­vent la cons­truc­tion de la « petite patrie ». C’est fina­le­ment autour de la reven­di­ca­tion pour le retour des archi­ves savoyar­des conser­vées à Turin que ces inté­rêts, a priori anta­go­nis­tes, conver­gent.

 Archiviste d’après-guerre, archi­viste enga­gé·e ? L’exem­ple des comi­tés d’his­toire inter­mi­nis­té­riels, par Agnès ARENDO

Les comi­tés d’his­toire inter­mi­nis­té­riels char­gés de l’étude et de la col­lecte des archi­ves de la Seconde Guerre mon­diale sont créés à des fins mémo­riel­les et de recher­che. L’objec­tif pre­mier est de garder une trace écrite de la mémoire de celles et ceux qui n’en ont pas, en raison du carac­tère clan­des­tin de leur lutte ou de leur statut, afin de mener à bien des recher­ches ulté­rieu­res. Ces comi­tés, cons­ti­tués d’un per­son­nel diver­si­fié, sont com­po­sés en majo­rité de mem­bres de l’ensei­gne­ment et de la recher­che, mais également d’archi­vis­tes. Une méthode de col­lecte est mise en place et les résul­tats de cette der­nière sont consé­quents. Les archi­vis­tes sont au coeur de cette démar­che, en tant que mem­bres, mais également en tant qu’inter­lo­cu­teur·i­ces avec les ser­vi­ces d’archi­ves char­gés de conser­ver les archi­ves des comi­tés. Afin de pré­ser­ver et d’assu­rer la mémoire des per­son­nes invi­si­bi­li­sées pen­dant la Seconde Guerre mon­diale, cet enga­ge­ment, tant d’un point de vue mili­tant que pour inves­tir une démar­che archi­vis­ti­que nou­velle, nous pousse à nous inter­ro­ger sur l’objec­tif de notre pro­fes­sion. N’est-elle pas enga­gée en soi ?

 ATD Quart Monde et la mémoire de la grande pau­vreté, des enga­ge­ments plu­riels, par Loïc BESNARD

Depuis la créa­tion d’ATD Quart Monde en 1957, son fon­da­teur Joseph Wresinski a cons­tam­ment incité les mem­bres du mou­ve­ment à créer et pré­ser­ver les archi­ves qui cons­ti­tuent l’his­toire de la grande pau­vreté. L’impli­ca­tion des équipes pro­duc­tri­ces à tra­vers le monde pour les trans­met­tre résulte de sa volonté de rendre visi­bles et de repré­sen­ter les popu­la­tions les plus dému­nies. Depuis 2007, le Centre de mémoire et de recher­che Joseph Wresinski (CJW) col­lecte, classe, conserve et com­mu­ni­que à Baillet-en-France (Val-d’Oise) un fonds patri­mo­nial unique de 2,5 km d’archi­ves papier et 70 To de docu­ments numé­ri­ques. Il témoi­gne de l’his­toire des per­son­nes en situa­tion d’extrême pau­vreté ainsi que des luttes et réflexions menées par le mou­ve­ment depuis sa créa­tion. Sur demande et sous condi­tions, le CJW donne accès à ces docu­ments d’une grande richesse (écrits de Joseph Wresinski, témoi­gna­ges des per­son­nes, dos­siers d’actions, études, repor­ta­ges pho­to­gra­phi­ques, films, pro­duc­tions artis­ti­ques). Les uti­li­sa­teurs se com­po­sent des mem­bres du mou­ve­ment, de cher­cheurs, d’uni­ver­si­tai­res, de jour­na­lis­tes ainsi que de per­son­nes issues de la grande pau­vreté. À l’ori­gine de par­te­na­riats avec des his­to­riens et des cher­cheurs, les archi­ves ali­men­tent des tra­vaux dans de nom­breux domai­nes, et cons­ti­tuent un outil de for­ma­tion et de mobi­li­sa­tion pour la société et la jeu­nesse. Quelles sont les dif­fé­ren­tes formes d’enga­ge­ment d’ATD Quart Monde pour ses archi­ves ? L’ini­tia­tive (...) com­ment le mou­ve­ment a pro­longé son action. Dans son retour d’expé­rience, l’archi­viste pro­fes­sion­nel témoi­gne de son impli­ca­tion au sein d’une asso­cia­tion qui milite pour mobi­li­ser la société contre la grande pau­vreté comme de sa volonté de trans­met­tre des bonnes pra­ti­ques archi­vis­ti­ques.

 Identifier les archi­ves que l’on ne col­lecte pas. L’exem­ple des archi­ves publi­ques de l’immi­gra­tion en Île-de-France, par Pierre MARCHANDIN

Le cons­tat selon lequel cer­tains phé­no­mè­nes his­to­ri­ques ou grou­pes sociaux sont peu repré­sen­tés dans les archi­ves publi­ques est ancien. Il est à l’ori­gine de la mise en place de col­lec­tes d’archi­ves pri­vées rem­plis­sant les insuf­fi­san­ces de la docu­men­ta­tion publi­que col­lec­tée. Toutefois, la col­lecte en elle-même est une opé­ra­tion qui n’est pas neutre, et peut abou­tir pour diver­ses rai­sons à la non-col­lecte de docu­ments qui pour­raient docu­men­ter l’his­toire des popu­la­tions et des ter­ri­toi­res dans les­quels les ser­vi­ces publics d’archi­ves s’ins­cri­vent. Les archi­vis­tes s’enga­gent alors pour cor­ri­ger ces biais, en établissant le bilan des col­lec­tes menées, et en réo­rien­tant au besoin leurs pra­ti­ques. En Île-de-France, les huit ser­vi­ces d’archi­ves dépar­te­men­ta­les se sont accor­dés pour effec­tuer un bilan de la col­lecte des archi­ves publi­ques de l’immi­gra­tion, afin d’iden­ti­fier la nature des docu­ments bien pré­sents dans leurs dépôts à l’issue de ces opé­ra­tions de col­lecte, mais aussi ceux qui en sont absents, et qui gagne­raient à être col­lec­tés pour mieux docu­men­ter un sujet tou­chant l’his­toire per­son­nelle d’un habi­tant de la région sur cinq.

 Archives, patri­moine et enga­ge­ments. Réflexions autour de trois situa­tions vécues et obser­vées, par Christian HOTTIN

On pro­pose dans cet arti­cle d’étudier dif­fé­ren­tes formes pos­si­bles d’enga­ge­ment des pro­fes­sion­nels du patri­moine et des archi­ves. Après avoir tenté de qua­li­fier les traits spé­ci­fi­ques de l’enga­ge­ment des pro­fes­sion­nels du patri­moine, et notam­ment des archi­vis­tes, sont envi­sa­gés trois cas de figure : l’expé­rience de la col­lecte des archi­ves d’entre­pri­ses, des mou­ve­ments sociaux et des archi­tec­tes au Archives natio­na­les du monde du tra­vail de Roubaix, la pos­ture de "recher­che impli­quée" et par­ti­ci­pa­tive des eth­no­lo­gues oeu­vrant au sein du minis­tère de la culture et les choix opérés par les futurs conser­va­teurs du patri­moine au moment de choi­sir le nom de leur pro­mo­tion.

Faire des archi­ves une affaire per­son­nelle : de l’enga­ge­ment au mili­tan­tisme

 Les asso­cia­tions de for­ma­tions uni­ver­si­tai­res : formes d’enga­ge­ments d’étudiants et de jeunes archi­vis­tes des années 2000 à nos jours, par Mia VIEL

Les asso­cia­tions étudiantes et de jeunes pro­fes­sion­nels issus de for­ma­tions uni­ver­si­tai­res se défi­nis­sent autant par des objec­tifs de pro­mo­tion que de défense de leur pro­fes­sion, tout en cher­chant à peser sur les poli­ti­ques et réfor­mes liées au monde des archi­ves. En ce sens, leur portée est tout aussi impor­tante que celle des asso­cia­tions pro­fes­sion­nel­les dans le pay­sage asso­cia­tif tourné vers les archi­ves. S’inter­ro­geant sur les dif­fé­ren­tes formes d’enga­ge­ment des asso­cia­tions uni­ver­si­tai­res en archi­vis­ti­que, l’enjeu de cet arti­cle est d’ana­ly­ser leurs modes d’inte­rac­tion. Comment les étudiants et jeunes diplô­més sont-ils par­ve­nus à faire porter leur voix au niveau natio­nal ? Comment les rela­tions inte­ras­so­cia­ti­ves ont-elles évolué depuis leurs pre­miè­res ébauches et où en sommes-nous ? En se foca­li­sant sur un échantillon d’une dizaine d’asso­cia­tions ainsi que sur des pro­jets tels que le Collectif A8, le Projet inte­ras­so­cia­tif d’orga­ni­sa­tion d’une jour­née d’étude ou Le Fonds de l’archive, cet arti­cle tente de mesu­rer l’impact de ces col­la­bo­ra­tions et les enjeux qu’ils met­tent en lumière.

 De média­teur de la donnée à écologiste de la donnée ? L’archi­viste et les bases de don­nées natu­ra­lis­tes, par Guillaume MORTIER

Les bases de don­nées natu­ra­lis­tes sont ali­men­tées dans le but de four­nir une matière pour la recher­che scien­ti­fi­que et déter­mi­ner des poli­ti­ques publi­ques pour la conser­va­tion de la bio­di­ver­sité. Bien que par­ti­ci­pan­tes, les asso­cia­tions de pro­tec­tion de la nature et de l’envi­ron­ne­ment décrient une stan­dar­di­sa­tion de la donnée dans un monde où l’infor­ma­tion s’échange à grande échelle. L’archi­viste, par ses com­pé­ten­ces, peut-il inter­ve­nir dans ce domaine
et quel­les solu­tions peut-il appor­ter ?

 Poursuite d’une lutte par l’archive. Le cas du mili­tan­tisme anti­nu­cléaire alsa­cien, par Chloé MERTZ

Cet arti­cle permet à l’autrice d’aller à la pour­suite de ses réflexions uni­ver­si­tai­res sur les logi­ques de col­lecte et de conser­va­tion mili­tante à partir des don­nées col­lec­tées dans le cadre d’un mémoire de recher­che à l’ENSSIB. Sous le prisme archi­vis­ti­que, il s’agit d’envi­sa­ger la conti­nuité d’une lutte dans ses écrits, ses traces et sa mémoire. La ques­tion du patri­moine mili­tant est inter­ro­gée en oppo­si­tion aux pro­ces­sus ins­ti­tu­tion­nels.

 Identité mili­tante, pra­ti­que et normes archi­vis­ti­ques : le cas des Instituts CGT d’his­toire sociale fédé­raux depuis 1982, par Rachel GUÉRIN

Cet arti­cle pré­sente l’adap­ta­tion des pra­ti­ques et normes archi­vis­ti­ques dans le cadre de l’acti­vité mili­tante, et plus par­ti­cu­liè­re­ment à tra­vers une étude des usages au sein de fédé­ra­tions de la Confédération géné­rale du tra­vail (CGT). Cinq d’entre elles se sont en effet dotées d’un Institut d’his­toire sociale (IHS), dont les objec­tifs sont de pré­ser­ver et de valo­ri­ser la mémoire du mili­tan­tisme syn­di­cal, tout en favo­ri­sant un tra­vail scien­ti­fi­que sur l’his­toire de ces fédé­ra­tions. Ces IHS légi­ti­ment et accrois­sent le tra­vail effec­tué sur les archi­ves, notam­ment en pro­fes­sion­na­li­sant leur ges­tion par le per­son­nel consa­cré à cette mis­sion. Cet arti­cle montre les apports d’un mémoire de recher­che qui a béné­fi­cié du sou­tien de l’Association des archi­vis­tes finan­ciers. Ce tra­vail uni­ver­si­taire est ici pré­senté en trois par­ties qui appro­fon­dis­sent l’arti­cu­la­tion entre ethos mili­tant et normes archi­vis­ti­ques, la réflexion des pro­fes­sion­nel·­les sur les archi­ves cou­ran­tes et inter­mé­diai­res, et, enfin, le rôle des archi­ves dans la bataille idéo­lo­gi­que. Ce mémoire repose en partie sur une enquête orale, conduite à des­ti­na­tion des archi­vis­tes des cinq fédé­ra­tions, mais aussi de deux pré­si­dents d’IHS.

 Le Carhif-AVG (Bruxelles) : un centre d’archi­ves en appui des mou­ve­ments des femmes, par Els FLOUR

Le Carhif ouvre ses portes en 1995 à Bruxelles. Vingt-sept ans après sa créa­tion, ses col­lec­tions en font un centre reconnu et incontour­na­ble pour la recher­che en his­toire des femmes et du genre. Son finan­ce­ment, qui pro­vient de la poli­ti­que fédé­rale d’égalité des chan­ces, scelle d’emblée un lien fort avec le fémi­nisme d’État. Sa direc­tion, qui est confiée quasi exclu­si­ve­ment à des his­to­rien·­nes des dif­fé­ren­tes uni­ver­si­tés belges, fonde la connexion avec le milieu aca­dé­mi­que. Sa loca­li­sa­tion crée un lien avec le mou­ve­ment asso­cia­tif puisqu’il s’établit dans le nou­veau centre Amazone à Bruxelles qui offre un héber­ge­ment à une ving­taine d’asso­cia­tions fémi­ni­nes et fémi­nis­tes. Le Carhif s’ins­crit dans une démar­che patri­mo­niale et scien­ti­fi­que, mais aussi mili­tante : il mobi­lise l’his­toire des femmes pour lutter contre les sté­réo­ty­pes et sen­si­bi­li­ser à l’égalité des sexes. Plusieurs expo­si­tions, publi­ca­tions et dos­siers péda­go­gi­ques témoi­gnent de cette volonté. Récemment, le projet par­ti­ci­pa­tif « 50 ans de mémoire fémi­niste » a sti­mulé des inte­rac­tions enri­chis­san­tes entre le Carhif et les pro­duc­tri­ces d’archi­ves des années 1970 à nos jours. Comme beau­coup de cen­tres d’archi­ves, le Carhif ren­contre aussi des défis et doit repen­ser son fonc­tion­ne­ment au rythme des chan­ge­ments dans le monde asso­cia­tif qu’il appuie dans la conser­va­tion de son passé.

 Pourquoi une socio­lo­gie du savoir archi­vis­ti­que est-elle néces­saire aujourd’hui ?, par Mathilde SERGENT-MIREBAULT

Sur l’envers des archi­ves, il faut appren­dre à écouter le bruit de l’ate­lier, celui des ser­vi­ces d’archi­ves où une mul­ti­tude d’actri­ces et d’acteurs du patri­moine tra­vaillent quo­ti­dien­ne­ment pour conser­ver ces traces signi­fian­tes de notre société. À l’époque des archi­ves nati­ve­ment numé­ri­ques et de leur consul­ta­tion sur Internet par une variété de publics, l’ensem­ble du per­son­nel des archi­ves déploie à chaque échelle du ter­ri­toire des métho­des, des tech­ni­ques et de nou­veaux savoir-faire afin de conti­nuer de trans­met­tre les archi­ves dans la durée. À partir d’une enquête au sein d’un ser­vice d’archi­ves dépar­te­men­ta­les, nous avons observé com­ment le numé­ri­que affec­tait l’envi­ron­ne­ment pro­fes­sion­nel mais aussi com­ment il modi­fiait le rap­port au sens, à l’autre ou encore au passé. Notre recher­che s’ins­crit dans cette actua­lité vive où le savoir archi­vis­ti­que est en pleine muta­tion avec l’arri­vée du numé­ri­que. Faire une socio­lo­gie du savoir archi­vis­ti­que consiste à orien­ter notre focale sur ces pro­fes­sion­nel·­les qui cons­trui­sent aujourd’hui un édifice patri­mo­nial com­plexe, cons­ti­tué d’une variété de sour­ces, du papier au numé­ri­que.

 Les archi­ves de la lutte anti-sida. Témoignage d’une jeune archi­viste enga­gée chez AIDES, asso­cia­tion com­mu­nau­taire de lutte contre le VIH/sida et les hépa­ti­tes vira­les, par Morgane VANEHUIN

Tôt dans son his­toire, AIDES s’est inté­res­sée au deve­nir de ses archi­ves. Depuis, cette asso­cia­tion his­to­ri­que de la lutte contre le VIH/sida et les hépa­ti­tes vira­les se dote len­te­ment d’une fonc­tion archi­ves, péren­ni­sée depuis 2018 seu­le­ment. La confron­ta­tion entre les connais­san­ces archi­vis­ti­ques acqui­ses à l’uni­ver­sité et les réa­li­tés du tra­vail au sein de l’asso­cia­tion amène à réin­ter­ro­ger sa propre pra­ti­que pro­fes­sion­nelle. Il appa­raît ainsi néces­saire de repla­cer la démar­che com­mu­nau­taire au coeur même de la fonc­tion archi­ves.

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