1. Que craignez-vous ?
Nous n’exprimons pas l’inquiétude d’un secteur d’activité qui serait mis à mal par le développement de l’internet. Nous constatons simplement qu’à l’échelle internationale les services d’archives, les bibliothèques et les centres de documentation connaissent une mutation vers un fonctionnement hybride, mêlant les supports physiques et les ressources électroniques, notamment sur l’internet.
Il est indispensable que la législation s’adapte pour faciliter cette évolution et garantir la poursuite des missions de ces institutions dans le contexte de la société de l’information.
2. Pourquoi demandez-vous des exceptions nouvelles ?
Elles représentent des garanties légales contre toute tentative contractuelle d’entraver nos missions de conservation du patrimoine et de communication au public de documents légalement acquis.
Ces tentatives sont dores et déjà une réalité puisque l’on constate une augmentation exponentielle des tarifs des publications en ligne au regard des tarifs traditionnels des publications sur support papier, des archives systématiquement payantes, des restrictions d’accès aux publications ou des restrictions pour le traitement de l’information.
Des exceptions nouvelles en faveur des bibliothèques ou d’autres établissements qui ne recherchent aucun bénéfice commercial ne se traduisent pas par des droits nouveaux. Elles donnent simplement à ces établissements la possibilité d’accomplir leurs missions.
Elles sont indispensables car toute ressource numérique peut être verrouillée et son usage suivi par des dispositifs techniques. Des problèmes peuvent surgir également en matière d’interopérabilité qu’il faut résoudre pour maintenir l’accès. Les exceptions permettraient à ces établissements de ne pas contractualiser pour des exceptions reconnues .
3. Pourquoi ne pas préférer la souplesse de la voie contractuelle à la rigidité de la loi ?
La négociation contractuelle est lourde à gérer, elle est remise périodiquement en question, les coûts restent élevés et les usages sont plus limités que dans l’environnement traditionnel.
Seules des exceptions spécifiques nous permettraient de continuer à assurer nos missions.
Au travers de ces exceptions, ce n’est pas une gratuité totale qui est demandée mais des garanties légales encadrant les négociations avec les ayants-droits.
Si les contrats ont l’avantage de présenter une certaine souplesse d’adaptation, il peuvent aussi faciliter le déséquilibre entre les parties en présence. Cinq exceptions ont paru indispensables pour obtenir ces garanties pour tous les établissements, y compris les plus petits.
Pour consulter les propositions d’amendements :
http://droitauteur.levillage.org/spip/article.php3?id_article=49
4. Pourquoi prétendez-vous vous exempter des droits d’auteur en demandant la gratuité ?
Nous n’exigeons pas la gratuité. Les services d’archives, les bibliothèques et les centres de documentation achètent aujourd’hui des ressources électroniques ou des droits d’accès à ces ressources. Nous demandons simplement de pouvoir utiliser ce que nous avons acquis dans des conditions raisonnables et conformes aux missions de nos établissements.
5. Si les exceptions sont repoussées quelles seront les conséquences : sur l’enseignement et la recherche, sur les collectivités territoriales, sur le public ?
Dans l’univers du papier, l’achat d’une publication autorisait toute une série d’usages qui n’étaient pas remis en cause par les auteurs et les ayants-droits : la consultation sur place, la citations d’extraits voire même le découpage d’articles .
Dans l’environnement numérique, on passe souvent d’une logique de stock à une logique de flux et l’on n’est plus alors propriétaire d’un document, support d’une oeuvre. Il arrive souvent que l’on paie pour consulter une information et que l’on paie ensuite pour chaque autre usage (une impression et/ou un téléchargement et/ou une citation et/ou une insertion dans un autre document, etc.)
Les coûts risquent de ce fait d’être élevés pour les collectivités, bien plus élevés que pour le support papier. Si les hausses de coût ont toujours été programmées par les services d’archives, les bibliothèques et les centres de documentation, les sommes exigées pour accéder au support numérique sont devenues réellement excessives.
Ces exigences auront des conséquences sur le nombre et la qualité des informations qui pourront être proposées au public. Elles auront également des conséquences sur la circulation de l’information, voire sur la capacité d’innovation dans le secteur de la recherche. L’information doit rester accessible.
6. En quoi le rapport Stasse n’est-il pas à la hauteur des questions posées ?
François Stasse a été chargé d’établir des propositions à partir de la rédaction initiale du projet de loi et dans le seul cadre des bibliothèques publiques. Malgré l’intérêt de celles-ci, notamment la notion de « zone grise », elles restent pour ces deux raisons extrêmement limitées.
Les usages autorisés pour des œuvres appartenant à une zone qualifiée de « grise » (composée d’œuvres qui ne sont plus commercialisées mais qui n’appartiennent pas encore au domaine public) tels qu’ils sont définis dans le rapport Stasse présentent indéniablement un certain nombre d’ouvertures intéressantes.
Seraient autorisés, avec l’accord de l’éditeur et moyennant compensation financière des consultations des œuvres « grises » y compris, lorsqu’il s’agit de chercheurs, à distance et des citations « élargies ». Le rapport favorise aussi la migration d’œuvres figurant sur des formats obsolètes.
Mais la frontière de la zone grise est mouvante (une œuvre n’entre pas définitivement dans la zone grise) et les modalités pratiques du système risquent d’être lourdes. Le pourcentage autorisé pour reproduire un extrait d’une œuvre n’a aucune signification dans le domaine informatique. En outre, des doutes subsistent aussi quant à la nature des établissements concernés par ce système.
Pour en savoir plus sur la notion de zone grise :
http://www.adbs.fr/site/publications/droit_info/rapportstasse.php
7. Pourquoi le rejet des archives de l’amendement élargissant l’exception en faveur des personnes handicapées en mentionnant explicitement les bibliothèques et services de documentation est absurde ?
Ce sont des centres de ressources comme le sont les bibliothèques. Les personnes handicapées doivent pouvoir y bénéficier des mêmes droits, notamment de conditions d’accès aux œuvres qui soient similaires à celles des autres publics.
Les services d’archives doivent de ce fait pouvoir effectuer toutes les copies et les adaptations permettant l’accès de leurs ressources aux personnes handicapées.
Dernière mise à jour : 11/01/2006