Communiqué : La filière culturelle en danger

Communiqué de presse du 20 janvier 2006 signé par :

 Association des bibliothécaires et attachés de conservation des collectivités
 Collectif A5 - ADAL, ADEDA 78, ADELITAD, AEDAA, AICI
Associations de diplômés universitaires en archivistique de Lyon, St-Quentin-en-Yvelines, Mulhouse, Angers et Toulouse
 Association des archivistes français
 Association générale des conservateurs des collections
publiques de France
 Association des bibliothécaires français

vendredi 27 janvier 2006
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L’Etat trans­fère actuel­le­ment de nom­breu­ses mis­sions aux col­lec­ti­vi­tés loca­les. C’est notam­ment le cas des ser­vi­ces régio­naux de l’Inventaire, jusqu’alors rat­ta­chés aux DRAC, et qui doi­vent passer sous la res­pon­sa­bi­lité des régions. Les agents des ser­vi­ces régio­naux de l’inven­taire, inté­gre­ront donc à terme la fonc­tion publi­que ter­ri­to­riale.

De graves mena­ces pèsent pour­tant sur eux, et, plus lar­ge­ment sur les corps et cadres d’emplois de la filière cultu­relle. En effet, le minis­tère de la culture pré­voit de trans­fé­rer les ingé­nieurs d’études dans le cadre des ingé­nieurs ter­ri­to­riaux de la filière tech­ni­que (char­gés entre autre de l’urba­nisme, de l’infor­ma­ti­que, de l’envi­ron­ne­ment et des affai­res immo­bi­liè­res) et les char­gés d’études docu­men­tai­res dans le cadre des atta­chés admi­nis­tra­tifs.

Et ceci alors même qu’il existe une spé­cia­lité inven­taire dans les cadres d’atta­chés de conser­va­tion et de conser­va­teurs ter­ri­to­riaux du patri­moine, et que les secré­tai­res de docu­men­ta­tion rejoin­draient logi­que­ment le cadre des assis­tants de conser­va­tion du patri­moine. Il n’y a pas, en effet, de cor­res­pon­dance entre les grilles de car­rière des corps et cadres d’emploi concer­nés. Ainsi, dans le cas des char­gés d’études docu­men­tai­res, leur car­rière com­prend trois grades, avec un indice brut ter­mi­nal égal à 966, tandis que les atta­chés de conser­va­tion n’ont droit qu’à un seul grade, avec un indice ter­mi­nal de 780.

L’Etat pri­vi­lé­gie­rait ainsi la car­rière des agents... au prix d’une perte de la reconnais­sance de la spé­ci­fi­cité des métiers de l’Inventaire et du patri­moine. Une fois inté­grés dans la filière admi­nis­tra­tive ou tech­ni­que, un agent de l’Inventaire pour­rait passer du jour au len­de­main dans un ser­vice finan­cier ou médico-social. De la même manière, un ges­tion­naire du per­son­nel ou un ingé­nieur rou­tier pour­rait s’impro­vi­ser agent de l’inven­taire ou d’un ser­vice du patri­moine, avec les confu­sions que l’on ima­gine sans peine en matière de conser­va­tion-res­tau­ra­tion du patri­moine mobi­lier ou immo­bi­lier.

Ces pro­jets sus­ci­tent une vive inquié­tude de nos col­lè­gues de l’Inventaire. Au delà de ce cas précis, la filière cultu­relle de la fonc­tion publi­que ter­ri­to­riale perd une chance de s’étoffer et de gagner en visi­bi­lité. Les orien­ta­tions choi­sies par le minis­tère de la culture nous inter­ro­gent sur la place qu’il entend reconnaî­tre aux mis­sions de conser­va­tion du patri­moine qu’il est censé assu­rer et pro­mou­voir.

La logi­que vou­drait pour­tant que l’on sorte du dilemme par le haut, grâce à une parité des car­riè­res. Aussi l’ABACC, le col­lec­tif A5, l’AAF, l’AGCCPF et l’ABF sou­hai­tent appor­ter leur entier sou­tien aux per­son­nels de l’inven­taire, et pro­po­sent :

 l’amé­lio­ra­tion de la car­rière des atta­chés de conser­va­tion du patri­moine, avec un indice ter­mi­nal brut équivalent à ceux des autres corps de caté­go­rie A (atta­chés admi­nis­tra­tifs, char­gés d’études docu­men­tai­res, etc.) ;

 l’inté­gra­tion des char­gés d’études docu­men­tai­res et des ingé­nieurs d’études des ser­vi­ces de l’Inventaire dans le cadre d’emploi des atta­chés de conser­va­tion.

L’appli­ca­tion de ces mesu­res per­met­trait à la fois de pré­ser­ver l’effi­ca­cité et le savoir-faire des ser­vi­ces de l’inven­taire et de la conser­va­tion du patri­moine, de créer des pas­se­rel­les entre les ser­vi­ces de l’Etat et des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­ria­les, et de donner aux métiers du patri­moine toute la place et la reconnais­sance qu’ils méri­tent. L’ABACC, le col­lec­tif A5, l’AAF, l’AGCCPF et l’ABF appel­lent tous les pro­fes­sion­nels de la conser­va­tion du patri­moine à se mobi­li­ser pour défen­dre et pro­mou­voir les filiè­res cultu­rel­les de la fonc­tion publi­que, garan­ties d’effi­ca­cité du ser­vice public de la culture et du patri­moine.

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