Monsieur Renaud DONNEDIEU de VABRES
Ministre de la Culture et de la Communication
à l’attention de M. Olivier BOSC, conseiller technique
Paris, le 11 janvier 2006
Monsieur le ministre,
L’Association des Archivistes français (AAF), qui représente l’immense majorité des archivistes en France s’interroge sur vos récentes déclarations devant la représentation nationale le 21 décembre 2005, à l’occasion des débats sur le projet de loi DADVSI.
En effet, alors que trois parlementaires proposaient, par un amendement, d’étendre aux archives, centres de documentation et espaces culturels multimédia la liste des établissements ouverts au public bénéficiant d’une exception aux droits exclusifs en faveur des personnes handicapées, vous êtes intervenu pour demander le retrait des services d’archives de la liste des organismes agréés au motif que « leur vocation première est d’assurer la conservation des œuvres, plutôt que leur diffusion ».
Si nous avons bien compris la position officielle ainsi exprimée :
– les services d’archives publics ne devraient plus recevoir de chercheurs, d’enseignants, de généalogistes, de producteurs d’œuvres pédagogiques, de handicapés.
– les services d’archives publics ne devraient plus conserver de fonds d’archives littéraires, musicales, iconographiques.
– les services d’archives publics devraient arrêter les projets, engagés depuis 10 ans, de numérisation et de mise en ligne des fonds d’archives, soit dans nos salles de lecture, soit sur site web.
L’AAF rappelle au contraire que la communication, la diffusion et la valorisation font partie des missions essentielles des services d’archives. La seule conservation sans objectif de diffusion nous paraît correspondre à une présentation insuffisante de nos missions contraire à la politique que vous mettez en œuvre, en particulier avec la grande réalisation de Pierrefitte.
L’Association des archivistes français est en mesure de démontrer la place qu’occupent les services d’archives dans l’offre culturelle de proximité.
En effet, les archives en France en 2004, ce sont :
– plus de 300 000 lecteurs dans les salles de consultation et de recherche, le double avec les consultations en ligne.
– près de 4, 5 millions de documents communiqués, sous toute forme et tout support.
L’Association des archivistes français considèrerait comme une marque de reconnaissance de l’activité des archivistes que les archives se voient intégrées au régime d’exception voté lors de l’adoption de l’amendement sur les personnes handicapées, et qu’elles soient d’une façon générale considérées lors des débats pour ce qu’elles sont : des établissements de diffusion culturelle, au même titre que les bibliothèques, centres de documentation et espaces culturels multimédia...
Confiant dans le soutien que vous apportez aux métiers des archives, et plus particulièrement à notre Association, je vous prie d’agréer, Monsieur le ministre, avec les vœux de l’AAF pour 2006, l’expression de ma haute considération.
Henri ZUBER
Président de l’AAF