Communiqué de presse

Non, les cahiers de doléances ne sont pas cachés aux archives !

Les cahiers citoyens et autres données produites dans le cadre du Grand Débat national ne sont ni « perdus », ni « cachés » ni « enterrés » dans les services d’Archives, qui les tiennent à disposition du citoyen dans le respect de la législation, garante à la fois de la transparence administrative et de la protection des droits individuels. Les Archives – et les archivistes – ne peuvent être rendus comptables des réponses politiques données aux revendications qu’ils comportent.

jeudi 5 décembre 2024
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L’Association des archi­vis­tes fran­çais (AAF) tient ici à appor­ter les pré­ci­sions néces­sai­res à la bonne tenue du débat public, tout en affir­mant avec force le rôle essen­tiel pour la société des archi­vis­tes et de l’ins­ti­tu­tion des Archives, garants tout à la fois de l’accès aux docu­ments et de la pro­tec­tion de la vie privée des indi­vi­dus.

Depuis leur créa­tion dans le contexte de la crise des Gilets Jaunes de l’hiver 2018-2019, les cahiers citoyens (connus dans les médias sous le nom de « cahiers de doléan­ces ») sont régu­liè­re­ment sous les feux de l’actua­lité. Ils sont deve­nus un objet polé­mi­que : le Premier Ministre a ainsi récem­ment déclaré vou­loir puiser dans leur contenu pour ins­pi­rer son action, tandis que les oppo­si­tions accu­sent l’exé­cu­tif de n’en avoir rien fait. Témoins d’un moment his­to­ri­que, ils for­ment un corpus varié, d’une grande richesse infor­ma­tion­nelle sur l’état et les aspi­ra­tions de la société. Ils sont au centre des sol­li­ci­ta­tions de cher­cheurs dési­rant en mener l’étude sys­té­ma­ti­que.

L’idée qu’ils seraient enter­rés, enfer­més, perdus, cachés aux Archives appa­raît de manière récur­rente. Leur ver­se­ment dans les Archives ren­drait l’accès à l’expres­sion de mil­liers de citoyens de fait, inten­tion­nel­le­ment, impos­si­ble.

Rappelons que ces docu­ments cons­ti­tuent des archi­ves publi­ques, en appli­ca­tion du Code du patri­moine. Ouverts en mairie, à l’ini­tia­tive d’asso­cia­tions d’élus avant que l’État n’appelle à leur tenue dans le cadre du Grand Débat natio­nal, les cahiers y étaient libre­ment acces­si­bles à tout un chacun. Certains maires y ont cepen­dant adjoint des contri­bu­tions indi­vi­duel­les à eux direc­te­ment adres­sées, cou­ver­tes par le secret de la cor­res­pon­dance. Les pré­fec­tu­res ont ensuite concen­tré ces docu­ments pour les numé­ri­ser au format image. Elles ont trans­mis les fichiers au niveau natio­nal pour trai­te­ment et ana­lyse des don­nées puis ont ensuite versé aux Archives dépar­te­men­ta­les les ori­gi­naux papier, confor­mé­ment à la régle­men­ta­tion. Une pla­te­forme natio­nale de contri­bu­tion a également été ouverte, dont les don­nées, après trai­te­ment, ont été ver­sées aux Archives natio­na­les.

Loin d’être cachés (ou perdus) dans les ser­vi­ces publics d’Archives, les cahiers citoyens, pris en charge et inven­to­riés par les pro­fes­sion­nels des archi­ves, y sont depuis acces­si­bles dans le res­pect des règles de libre com­mu­ni­ca­bi­lité : ils res­tent par prin­cipe immé­dia­te­ment com­mu­ni­ca­bles, à moins que n’y aient été ajou­tés des éléments rele­vant du délai de 50 ans pro­té­geant la vie privée des indi­vi­dus (art. L. 213-2 du Code du Patrimoine). Eu égard à leur contenu sen­si­ble, tou­jours dans le souci de pro­té­ger la vie privée des indi­vi­dus et confor­mé­ment aux pré­co­ni­sa­tions de la CNIL, leur mise en ligne sur Internet en l’état n’est pas pos­si­ble, dans la mesure où les inté­res­sés n’ont pas donné leur consen­te­ment (au sens du RGPD), sauf à occulter manuel­le­ment les infor­ma­tions d’iden­ti­fi­ca­tion. Les don­nées col­lec­tées au niveau natio­nal sont, quant à elles, consul­ta­bles aux Archives natio­na­les, dans le res­pect des mêmes règles.

Notons que les cahiers et docu­ments non immé­dia­te­ment com­mu­ni­ca­bles ne sont pas pour autant « inac­ces­si­bles ». En effet, la légis­la­tion pré­voit une pro­cé­dure de com­mu­ni­ca­tion par déro­ga­tion. Elle engage le deman­deur qui ne peut divul­guer les infor­ma­tions per­son­nel­les por­tées à sa connais­sance lors de la consul­ta­tion des docu­ments dès lors qu’elles sont pro­té­gées par la loi.

Afin de faciliter l’accès aux cahiers citoyens, l’AAF a élaboré un outil (carte et tableur)
regroupant, département par département, les références sous lesquelles ces documents sont conservés et, le cas échéant, le lien vers les inventaires en ligne.

Outil d’ouver­ture, le résul­tat est libre­ment consul­ta­ble, sous forme de carte ou de tableur réu­ti­li­sa­ble, sur le site de l’AAF.


Contact
Claire LARRIEUX, délé­guée géné­rale

  • delegation_generale@archivistes.org
  • 06.72.11.57.88
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