Chers adhérents, chères adhérentes,
Depuis plusieurs années, l’Association des archivistes français grandit. C’est une bonne nouvelle, signe que le métier d’archiviste est ancré dans son temps, qu’il sait se renouveler, et que les collègues qui travaillent dans ce secteur sont nombreux à se reconnaître dans l’association.
Le conseil d’administration est heureux de cette situation, et il a pris des mesures pour accompagner cette croissance, en louant de nouveaux locaux à proximité de la permanence du 8 rue Jean-Marie Jégo, en procédant à plusieurs recrutements au sein de l’équipe. Ces nouveaux moyens profitent à la fois à l’association et à sa filiale, l’EURL Archivistes français formation, qui gère les activités concurrentielles (formations et éditions).
Il reste que la croissance des effectifs, du chiffre d’affaires de la filiale et du budget de l’association, ne sauraient constituer des objectifs en soi. Il faut que les évolutions structurelles indispensables gardent du sens pour l’association.
Attachés aux valeurs d’engagement de l’AAF, les membres du conseil d’administration ont souhaité prendre un temps de recul, lors d’un séminaire qui s’est tenu à Rennes les 30 et 31 mai derniers.
Ce séminaire a été l’occasion de découvrir les locaux qui accueilleront le forum des archivistes en mars 2025, mais aussi et surtout de travailler sur le modèle socio-économique de l’association. Il s’agissait d’un travail exploratoire sans vocation à prendre des décisions opérationnelles. L’objectif était surtout de dresser un état des lieux et de réfléchir aux perspectives de développement de l’association.
Pour ce faire, nous avons sollicité l’accompagnement de Vincent Taillandier, facilitateur avec qui le mandat précédent avait déjà travaillé, qui nous a proposé une méthodologie adaptée. Établi par Le Rameau, le modèle socio-économique d’une association donne une égale importance aux richesses humaines (bénévoles, salariés…), à la diversité des ressources financières, ainsi qu’aux alliances et partenariats. Il permet de structurer et d’assurer la pérennité de la mission sociale.
En préalable au séminaire une cartographie socio-économique des activités avait été dressée. C’est sur cette base que les membres du conseil ont initié leur réflexion.
La première étape a consisté à identifier les défis internes et les influences externes (politique, économique, sociale, technologique, environnementale et légale) qui affectent l’association.
Ce travail s’est poursuivi par une réflexion prospective sur les activités à développer dont nous proposons une première synthèse.
- Lobbying et plaidoyer : le CA souhaite renforcer cette activité en formant ses membres et les adhérents actifs sur ce domaine. Le Forum des archivistes 2025 pourrait être l’occasion d’ouvrir un espace de dialogue élargi pour identifier les priorités communes et les modes d’action attendus par la profession.
- Vie associative et animation du réseau : le CA considère le renforcement de cette activité comme prioritaire. Il convient également de la structurer en collaboration avec les présidents de section et les groupes de travail. Des premières pistes d’action ont été identifiées : une cartographie des espaces de dialogue et de travail et un repérage et une valorisation des compétences. Le CA pense qu’il est possible d’obtenir des subventions pour soutenir ce renforcement. L’acquisition d’outils pour travailler de manière collaborative nous a semblé incontournable.
- Accompagnement des adhérents et compétences : l’idée de développer cette activité comme ressource nouvelle a émergé au cours du séminaire. Le périmètre de cette nouvelle offre pourrait dans un premier temps comprendre l’accompagnement au recrutement d’un archiviste qualifié ou un premier niveau d’expertise dans les questions touchant la gestion des archives (aspects juridiques, techniques, organisationnels, etc.). Cela permettrait à de petits services de pouvoir avoir de premiers éléments de connaissances pour lancer des projets. Ce n’est pas une nouveauté en soi pour l’AAF, mais elle est actuellement invisible et peu développée alors que la demande d’accompagnement est croissante. Par ailleurs, ce pôle d’activité permettrait de dynamiser et de structurer un travail réflexif qui tend à s’affaiblir du fait de l’emprise de la gestion des activités courantes.
- Éditions : sans chercher à faire croître cette activité qui a largement occupé le conseil d’administration et la permanence ces deux dernières années, il est souhaité que les éditions soient plus largement ouvertes. Il faut désormais réfléchir à la manière de mettre en œuvre la politique éditoriale ambitieuse présentée lors des 120 ans de l’AAF. Pour cela, il convient de proposer un modèle socio-économique dédié aux éditions permettant une stabilité financière et le déploiement de la politique éditoriale. La création d’une maison d’édition et l’évolution de la relation avec les auteurs sont des pistes à explorer.
- Formation : pilier économique et relationnel de l’association, cette activité qui s’est fortement développée ces dernières années doit être stabilisée. Il s’agit de se donner des limites mais également de renforcer les partenariats avec d’autres structures pour diversifier l’offre et les publics.
- Gouvernance et gestion de l’association : La croissance de l’activité doit être maîtrisée et la charge de travail, notamment des permanents, stabilisée. La dimension européenne doit aussi être explorée.
À la lecture de ces grands axes de développement possibles, il convient de prendre le temps de réfléchir aux nécessaires évolutions de l’équipe de la permanence. Il paraît important de penser à la temporalité de leur mise en œuvre. C’est pourquoi le conseil propose d’avancer par étape. Certaines orientations concernent le mandat actuel, d’autres sont des propositions pour les futurs conseils d’administration :
- Pour permettre à l’équipe de la permanence de prendre du recul, le conseil envisage – pour sa séance de la rentrée 2024 – de dresser une feuille de route d’octobre 2024 à juin 2025 incluant notamment les ressources à mobiliser pour assurer la mise en œuvre de la politique éditoriale. Cette feuille de route réalisée sur l’année sera également un outil pour le CA qui nous succèdera en 2025, afin qu’il puisse prendre en main sereinement les grands dossiers qui l’attendent.
- Concernant la vie associative, la réorganisation de la permanence mettant en place un poste dédié entièrement à la vie associative est un premier pas. Cette étape nous permettra d’avancer sur des chantiers tels que la mise en place d’outils consacrés au travail collaboratif et le renforcement du lien aux adhérents.
- D’ici le Forum des archivistes, le conseil souhaite engager une réflexion en vue de créer un pôle « accompagnement et compétences », qui viendrait compléter le pôle « formation ». Il souhaite aussi mûrir sa réflexion sur la question du plaidoyer, via une formation des membres du CA.
- Le Forum des archivistes, lieu d’échanges par définition, sera aussi un temps pour échanger avec les adhérents autour de l’activité de plaidoyer, qui demande du temps, de la disponibilité et beaucoup d’engagement.
- D’ici 3 à 5 ans,il serait intéressant d’évaluer le modèle mis en place pour les éditions évoqué en point 1, ainsi que la question de la dimension européenne des éventuels futurs Forums des archivistes. Il paraît aussi pertinent à cet horizon de réfléchir à la structure de la gouvernance : est-il utile de faire évoluer les sections ? Et dans quel sens ?
- Notre vision, d’ici 10 ans, serait d’accroître le poids de l’AAF sur les sujets qui concernent le métier d’archiviste, tout en conservant un bon niveau de ressources permettant à l’association de continuer à vivre.