La notion de transversalité est devenue très fréquente dans les organisations, au point que le terme pourrait être perçu comme vidé de sens : on parle de dossiers transversaux, de vision transversale, d’approche transversale…
Les services d’archives n’échappent pas à cette injonction, et de nombreuses expériences ont été menées, parfois de longue date, dans le cadre des projets d’une collectivité, d’un projet de service, parfois tout simplement d’une opportunité. Les interventions de cette journée permettront de présenter différentes façons de concevoir des projets collectifs ou de mutualiser les approches professionnelles.
Mutualisations : traductions spatiale et architecturale
France Saïe-Belaisch, architecte DPLG, Service interministériel des Archives de France
Le but de cette intervention est un voyage dans les bâtiments d’archives montrant la diversité et la multiplicité des mutualisations et de montrer leur traduction sur le plan spatial et architectural.
De manière générale, si les Archives départementales constituent le plus souvent une entité indépendante, les Archives municipales, en revanche, en raison de leur taille, sont davantage susceptibles d’être groupées avec un autre service. Ce qui n’empêche pas la mise en œuvre de projets communs dans les deux types de structure.
- Mutualisations avec d’autres services culturels : bibliothèques ou médiathèques, réserves de musées, Centre d’interprétation du patrimoine, service d’archéologie...
Dans tous ces regroupements à l’échelle municipale le service d’archives n’occupe pas, systématiquement la plus grande surface mais sa lisibilité se trouve de manière générale renforcée par une association à caractère culturel. À l’inverse, dans les Archives départementales qui conservent un grand métrage linéaire de documents, c’est bien la fonction de conservation et de communication des archives qui est prépondérante.
- Mutualisations de communautés d’agglomérations
Cette présentation non exhaustive témoigne de l’intérêt de chacun pour le rapprochement de différents services culturels et/ou administratifs et présente sa traduction sur le plan architectural.
L’intérêt fédérateur des Journées européennes du patrimoine dans le cadre d’une réorganisation
Jean-Yves Le Clerc, Archives départementales d’Ille-et-Vilaine
Depuis 2004, les Archives départementales d’Ille-et-Vilaine ont connu plusieurs actions de réorganisation en lien avec celles du Département, mais une des plus symboliques a été celle de 2009, créant une direction de la Culture chargée d’encadrer la direction des Archives et du Patrimoine, la médiathèque départementale et le service de l’action culturelle du Département. Toutes ces entités se sont trouvées dès lors regroupées dans le bâtiment des Archives départementales. Au-delà des aspects de mutualisation administrative, logistique, comptable, gestion des RH et autres, il s’agit de mettre en avant les apports positifs d’une mutualisation à cette échelle, sur une manifestation qui concerne beaucoup de services d’archives : les journées européennes du patrimoine. Qu’a apporté la mise en commun de moyens au niveau de cette manifestation depuis septembre 2010 par rapport aux années précédentes ?
Table ronde : « Archiviste, mais encore… »
Animée par Nicolas Dohrmann (Archives départementales de l’Aube)
Avec Xavier Laurent (Archives départementales du Cher), Marie Landelle (Archives départementales des Pyrénées Orientales), Christine Martella (Archives départementales du Vaucluse)
Présentation du déroulé de la table ronde et des résultats de l’enquête réalisée par la section des Archivistes départementaux sur les différentes missions rattachées ou mutualisées avec les Archives départementales
Explorer – sans s’y égarer – les nouveaux territoires de la recherche : retour sur cinq ans d’expérience aux Archives nationales
Françoise Lemaire, Rosine Lheureux, conservatrices du Patrimoine, Mission des partenariats scientifiques et des relations internationales aux Archives nationales
Comme tout le réseau des services d’archives, les Archives nationales ont, de par la loi, mission de favoriser la recherche. Mais comment, dans un environnement où les moyens – budget, ressources humaines – sont de plus en plus contraints, maintenir ou développer la qualité de l’offre en direction du monde de la recherche alors qu’il subit lui aussi de grandes transformations telles que les restructurations, les projets à vaste échelle, la tendance forte à l’interdisciplinarité ? Comment orienter les programmes de travail internes avec pertinence face à la complexité et à l’expansion du domaine des humanités numériques ? En un mot comment rester étroitement connecté à la demande académique et sociétale en matière d’accès aux sources archivistiques ?
Face à ces défis très partagés, et dans le cadre de leur processus de refondation en lien avec l’ouverture de leur nouveau site, les Archives nationales ont entrepris au cours des cinq dernières années de structurer leurs relations avec les organismes de recherche.
Elles ont aujourd’hui des partenariats stables avec un ensemble composite d’acteurs traditionnels – universités, établissements patrimoniaux... – ou nouveaux – équipements et laboratoires d’excellence (Equipex, Labex…). Elles sont à la fois impliquées dans les instances de gouvernance de ces organismes et jouent un rôle actif, notamment par leur participation aux projets de recherche ou à la formation des jeunes chercheurs.
Cette démarche a exigé à la fois de décrypter un univers complexe, au-delà du seul public des chercheurs connus à travers l’accueil en salle de consultation, mais aussi d’élaborer en interne des outils et des méthodologies pour créer les conditions d’un dialogue fructueux et équilibré.
Une coopération fructueuse entre spécialiste du traitement des données numériques et responsable de la documentation et des archives au sein d’un laboratoire de recherche : le cas de la sondothèque du centre de recherches politiques de Sciences Po
Diego Antolinos-Basso, développeur, Centre de recherches politiques de Sciences Po, et Odile Gaultier-Voituriez, responsable du centre de documentation et des archives, Centre de recherches politiques de Sciences Po
La sondothèque du Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) est un exemple caractéristique de projet dans lequel les compétences d’un développeur spécialiste des nouvelles techniques d’extraction et d’analyse de données numériques entrent en discussion avec l’expertise archivistique et documentaire de classement, de gestion et de diffusion de documents. L’un des défis de ce projet est de conserver et améliorer l’existant, des archives papier accessibles sur place, tout en passant le cap du numérique, en mettant à disposition une base de métadonnées qui permette de naviguer aisément dans les archives et d’y effectuer des recherches. L’articulation des deux aspects pose question : comment profiter au mieux du minutieux travail effectué jusqu’à présent pour proposer des outils d’accès aux données efficaces, et cela le plus simplement possible, sans réinventer la roue, sans détruire ce qui existe, perdre des données ou supprimer l’accès à certains documents parce que le numérique dicterait sa loi.
L’arrivée au CEVIPOF en septembre 2014 d’un ingénieur de recherche spécialisé en traitement de données numériques a été un tournant pour le projet de sondothèque du CEVIPOF. En effet, après le départ de la personne responsable de la base de sondages, les données étaient restées prisonnières du système d’exploitation et du logiciel dont elles dépendaient. À partir de ce moment, le projet va se construire autour d’un dialogue entre deux facettes : les données numériques et les archives physiques. Les défis techniques liés à la récupération, la conversion et la complétion des données numériques seront relevés en parallèle de la recotation des archives, de leur réorganisation au sein du CEVIPOF et de la consolidation des classements. Mais ces deux facettes du projet sont intimement liées et ne cesseront de se croiser et d’échanger solutions, remèdes techniques, impératifs et obligations ou encore simples conseils d’expérience.
C’est dans l’histoire de cette collaboration entre ingénieur-développeur informatique spécialiste des données et responsable du centre de documentation et des archives du CEVIPOF que se joue la réussite de ce projet d’archives multimédia et multi-supports.
Des Archives comtales à la visite princière : numériser et valoriser les archives des terres mazarines d’Alsace
Joseph Schmauch, directeur des Archives départementales du Territoire de Belfort
S’appuyant sur les relations historiques entre le territoire de Belfort et la famille Grimaldi, un partenariat a été noué en 2014 avec les Archives du Palais Princier de Monaco dans le but de numériser un ensemble de 400 boîtes d’archives relatives aux seigneuries mazarines d’Alsace, un fonds complémentaire des archives Mazarin déjà conservées par les Archives du Territoire de Belfort (sous-série 3 E).
L’événement majeur de l’année 2016 fut la visite officielle de SAS le Prince Albert II de Monaco, venu inaugurer l’exposition « Le territoire de Belfort au temps des Mazarin » le 6 juin 2016. Dans le sillage de cette manifestation, un partenariat politique plus classique a pu être engagé à travers l’adhésion du Département au réseau des sites historiques de la maison Grimaldi de Monaco.
Cette expérience illustre la possibilité, à travers une opération de médiation patrimoniale largement médiatisée, d’enrichir les fonds (moyennant une complémentarité intéressante entre papier et numérique) et de porter utilement les projecteurs sur les archives. Il est apparu que les archives constituaient un levier culturel aussi bien qu’une ressource patrimoniale créatrice de fierté, d’identité locale et participant de la politique de promotion touristique portée par la collectivité départementale.
Une expérience de collaboration régionale inédite : 1 000 ans de Normandie
Vincent Maroteaux, directeur des Archives départementales de Seine-Maritime et Jean-Baptiste Auzel, Archives départementales de la Manche
Une collaboration inédite a été engagée entre les Archives départementales de la Normandie pour proposer au public de redécouvrir l’histoire de la région sous le titre « 1 000 ans de Normandie, des archives à partager ».
Outre l’exposition, basée sur des panneaux que chaque structure a complétés par des documents de son propre fonds lorsqu’il l’a présentée, c’est aussi et surtout le titre d’une publication, réalisée en commun par les cinq départements. Le catalogue propose un panorama sur l’histoire et l’identité de la Normandie, autour d’un florilège de 131 documents sélectionnés dans les collections des Archives départementales du Calvados, de l’Eure, de la Manche, de l’Orne et de la Seine-Maritime
La présentation avait pour objectif de présenter la méthodologie de travail entre les cinq services, car un tel projet nécessite une organisation rigoureuse pour parvenir à son terme.
Découvrez la présentation de l’ouvrage issu de cette initiative : http://www.archivesdepartementales76.net/decouvrir/publications/
Et l’exposition itinérante : https://www.calvados.fr/accueil/le-departement/culture-sport--tourisme/acces-a-la-culture/les-expositions-1/corps/les-expositions-1/1000-ans-de-normandie.html
Bilan d’un partenariat : le projet de conservation et de recherche autour des archives de la jeunesse et de l’éducation populaire, 25 ans après
Danielle Benazzouz, Archives départementales du Val-de-Marne et Jonathan Landau, archiviste du Pôle de conservation des archives des associations de jeunesse et d’éducation populaire (Pajep)
En 1993, des militants associatifs et des chercheurs en sciences humaines du centre d’Histoire sociale du XXe siècle créent l’association Mémoires et Racines de l’éducation populaire et de la cogestion pour rassembler, archiver, exploiter et diffuser documents et témoignages des associations de jeunesse et d’éducation populaire.
Lui succède le 14 juin 1999, sur la base d’une convention de partenariat entre différents acteurs, le PAJEP (Pôle de conservation des archives des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire).
Cette coopération s’est renforcée grâce aux actions menées depuis la mise en place de la sauvegarde des archives telles que colloques, création d’une page sur le site internet des archives départementales, publication d’un état des fonds publié, etc….
Deux instances se réunissent régulièrement et garantissent la pérennité du partenariat : la commission d’attribution des fonds qui permet à l’ensemble des partenaires de veiller à la prise en charge d’archives en péril, et un comité scientifique réunissant les partenaires et les chercheurs qui travaille à l’organisation de journées de conférences ou de colloques.
Ainsi les documents produits par les associations et les militants de l’éducation populaire qui auraient pu se déliter ou disparaître au fil des déménagements ou des ruptures de fonctionnement, continuent à rayonner en France ou ailleurs.