Lettre de l’AAF aux candidats à l’élection présidentielle de 2007

Lettre envoyée le 17 avril 2007 aux 12 candidats à l’élection présidentielle de 2007, accompagnée des actes du colloque « Les archives des hommes politiques ».

jeudi 19 avril 2007
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Madame, Monsieur,

Fondement de l’iden­tité des peu­ples, conser­va­toire des lan­gues et des tra­di­tions, creu­set de la mémoire des socié­tés, les archi­ves cons­ti­tuent l’un des piliers du patri­moine cultu­rel.

Elles sont tout autant - et ce rôle n’est pas moins impor­tant- un outil opé­ra­tion­nel de mémoire des orga­ni­sa­tions publi­ques ou pri­vées ainsi qu’un recours per­met­tant à tout citoyen d’obte­nir la garan­tie des droits et des liber­tés publi­ques.
Grâce à des archi­ves cor­rec­te­ment conser­vées, l’admi­nis­tra­tion et l’entre­prise sont en mesure de fonc­tion­ner plus effi­ca­ce­ment. Elles peu­vent jus­ti­fier leur acti­vité en toute trans­pa­rence, et, par­tant, rendre des comp­tes.
Ainsi, puis­que la démo­cra­tie se fonde sur la capa­cité des citoyens à contrô­ler l’action de leurs man­da­tai­res, la liberté d’accès à l’infor­ma­tion en est aujourd’hui l’un des fon­de­ments essen­tiels.

L’Association des Archiviste fran­çais cons­ti­tue un réseau de pro­fes­sion­nels pré­sents dans les ser­vi­ces de l’Etat, des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­ria­les et des établissements publics, ainsi que dans plus de 300 entre­pri­ses. Elle repré­sente près de 5000 archi­vis­tes en fonc­tion.
Or nous cons­ta­tons que la reconnais­sance de notre métier, à la ren­contre de l’infor­ma­tion opé­ra­tion­nelle et du patri­moine, est très insuf­fi­sante.

Soucieuse de défen­dre les prin­ci­pes de conser­va­tion et de dif­fu­sion du patri­moine infor­ma­tion­nel et de faire valoir le double rôle assumé par les pro­fes­sion­nels dans des condi­tions sou­vent dif­fi­ci­les, l’AAF vous demande de pren­dre posi­tion sur les deux points sui­vants :

  • Les suites que vous donnerez aux efforts entrepris, dans le cadre du processus de réforme de l’Etat, pour développer et maintenir, avec l’appui des spécialistes que sont les archivistes, des systèmes rationnels et efficaces de gestion des documents et des archives dans les administrations publiques de l’Etat, tant à l’échelon central que dans les collectivités territoriales, dans l’esprit de la circulaire du 3 novembre 2001. A ce titre, l’AAF demande que la commission interministérielle des archives, déjà recommandée en novembre 2002 à la suite d’un colloque au Conseil économique et social, soit enfin créée.
  • La profession a obtenu des plus hautes autorités de l’Etat en 2004 la création d’un nouveau centre francilien pour les archives nationales à Pierrefitte sur Seine. L’Association des Archivistes français, qui se félicite que les archives fassent l’objet d’un grand projet public, insiste sur l’importance de cet outil extraordinaire mis à la disposition à la fois des professionnels et du grand public. Cette institution sera une vitrine internationale du savoir-faire archivistique français. L’A.A.F. insiste sur le fait que ce projet ne doit être que l’une des composantes d’une politique globale visant à revaloriser en France les archives et les professionnels des archives.

Ces deux points essen­tiels sur les­quels l’Association des Archivistes fran­çais vous demande de vous pro­non­cer ne sont que le reflet de la décep­tion éprouvée par les pro­fes­sion­nels face à l’inconsé­quence ou à l’absence d’enga­ge­ment et de sou­tien ferme et dura­ble des auto­ri­tés publi­ques. A tra­vers leurs deman­des légi­ti­mes, c’est, au delà des dis­cours solen­nels de com­mé­mo­ra­tion, la place réelle de l’Histoire et de la mémoire de notre société qui sont en cause.


Christine Martinez
Présidente de l’Association des Archivistes fran­çais

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