Madame, Monsieur,
Fondement de l’identité des peuples, conservatoire des langues et des traditions, creuset de la mémoire des sociétés, les archives constituent l’un des piliers du patrimoine culturel.
Elles sont tout autant - et ce rôle n’est pas moins important- un outil opérationnel de mémoire des organisations publiques ou privées ainsi qu’un recours permettant à tout citoyen d’obtenir la garantie des droits et des libertés publiques.
Grâce à des archives correctement conservées, l’administration et l’entreprise sont en mesure de fonctionner plus efficacement. Elles peuvent justifier leur activité en toute transparence, et, partant, rendre des comptes.
Ainsi, puisque la démocratie se fonde sur la capacité des citoyens à contrôler l’action de leurs mandataires, la liberté d’accès à l’information en est aujourd’hui l’un des fondements essentiels.
L’Association des Archiviste français constitue un réseau de professionnels présents dans les services de l’Etat, des collectivités territoriales et des établissements publics, ainsi que dans plus de 300 entreprises. Elle représente près de 5000 archivistes en fonction.
Or nous constatons que la reconnaissance de notre métier, à la rencontre de l’information opérationnelle et du patrimoine, est très insuffisante.
Soucieuse de défendre les principes de conservation et de diffusion du patrimoine informationnel et de faire valoir le double rôle assumé par les professionnels dans des conditions souvent difficiles, l’AAF vous demande de prendre position sur les deux points suivants :
- Les suites que vous donnerez aux efforts entrepris, dans le cadre du processus de réforme de l’Etat, pour développer et maintenir, avec l’appui des spécialistes que sont les archivistes, des systèmes rationnels et efficaces de gestion des documents et des archives dans les administrations publiques de l’Etat, tant à l’échelon central que dans les collectivités territoriales, dans l’esprit de la circulaire du 3 novembre 2001. A ce titre, l’AAF demande que la commission interministérielle des archives, déjà recommandée en novembre 2002 à la suite d’un colloque au Conseil économique et social, soit enfin créée.
- La profession a obtenu des plus hautes autorités de l’Etat en 2004 la création d’un nouveau centre francilien pour les archives nationales à Pierrefitte sur Seine. L’Association des Archivistes français, qui se félicite que les archives fassent l’objet d’un grand projet public, insiste sur l’importance de cet outil extraordinaire mis à la disposition à la fois des professionnels et du grand public. Cette institution sera une vitrine internationale du savoir-faire archivistique français. L’A.A.F. insiste sur le fait que ce projet ne doit être que l’une des composantes d’une politique globale visant à revaloriser en France les archives et les professionnels des archives.
Ces deux points essentiels sur lesquels l’Association des Archivistes français vous demande de vous prononcer ne sont que le reflet de la déception éprouvée par les professionnels face à l’inconséquence ou à l’absence d’engagement et de soutien ferme et durable des autorités publiques. A travers leurs demandes légitimes, c’est, au delà des discours solennels de commémoration, la place réelle de l’Histoire et de la mémoire de notre société qui sont en cause.
Christine Martinez
Présidente de l’Association des Archivistes français