1. Comment avez-vous voulu devenir archiviste ? Quel a été votre parcours professionnel ?
J’avais commencé mes études d’histoire à l’Université d’Angers et, en fin de DEUG, la formation archivistique récemment créée recherchait de nouveaux élèves : j’ai donc choisi de m’inscrire en licence « Métiers des archives », licence qui m’attirait particulièrement par sa dimension « professionnalisante ». Cela m’a beaucoup plu.
Le fait de pratiquer l’Histoire « dans le concret » m’a particulièrement intéressé : il n’ y a pas d’histoire sans archives. Le travail de l’archiviste est à la base du travail de l’historien.
J’ai poursuivi ma formation jusqu’en DESS, puis j’ai été reçu au concours d’assistant de conservation du patrimoine. Cela m’a permis, juste après mon stage de fin d’études, d’intégrer l’équipe des Archives départementales du Morbihan. J’y suis resté trois ans, de 1997 à 2000. Je m’occupais du service culturel et éducatif, avec plus particulièrement l’installation d’expositions dans le hall des Archives départementales et l’édition de catalogues d’expositions et de publications éducatives (fiches pratiques proposant des reproductions de documents d’archives pour les enseignants).
J’ai ensuite été reçu au concours d’assistant qualifié de conservation du patrimoine, ce qui m’a permis de rejoindre le service des Archives départementales de Maine-et-Loire, comme responsable des archives privées, fonction que j’ai exercé pendant 3 ans, avant d’intégrer l’équipe des archives contemporaines (archives depuis le 10 juillet 1940) depuis 2003.
2. Pouvez-vous nous décrire votre travail au quotidien ?
Dans le domaine des archives contemporaines, la collecte est certainement la mission essentielle. Nous avons beaucoup de contacts avec les services versants, pour lesquels il faut faire preuve de persuasion pour les convaincre de l’intérêt de leurs archives et de l’importance de leur conservation. Le travail de manutention et de gestion des fonds (volumes assez importants pour les archives contemporaines) peut paraître parfois rébarbatif, mais c’est pourtant un travail essentiel pour bien appréhender la réalité et le contenu du fonds. C’est une prise en compte très concrète et très pragmatique de la production archivistique d’un service (type de documents, volumes, circuit des documents et de la prise de décision).
En ce qui concerne la communication des archives, autre mission essentielle de notre métier, les archives contemporaines sont de plus en plus exploitées par les chercheurs. Beaucoup d’étudiants travaillent désormais sur l’« histoire du temps présent » et font appel à nous. Nous les rencontrons donc pour les orienter vers les différents versements d’archives en lien avec leur sujet.
Lors de nos permanences en salle de lecture, nous devons répondre aux questions des lecteurs. Ces questions peuvent être très diverses et concerner toutes les périodes historiques. La rencontre des chercheurs en salle de lecture, en parallèle avec nos autres missions (archives contemporaines), est toujours très enrichissante : nous ne nous enfermons pas dans une période historique et nous sommes en contact direct avec les attentes des lecteurs.
3. Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
Le côté relationnel est fondamental dans notre métier : souvent on garde l’image d’un archiviste vieux et poussiéreux ; en fait, nous brisons cette image dans nos rencontres (contact avec les services, avec le public en salle de lecture...). Nous devons convaincre les gens. Mais c’est assez facile puisque nous sommes nous-même totalement convaincu par l’importance de notre métier !
Ce qui me plait le plus dans mon métier - et là je retrouve l’argument qui avait été la base de ma « vocation » - c’est certainement le rôle essentiel de l’archiviste, en amont du travail de l’historien. Notre mission, c’est de contribuer à la collecte et à la conservation de notre mémoire.
4. Quels seront pour vous les principaux enjeux pour la profession d’archiviste dans le futur ?
Je pense que le métier d’archiviste entre désormais dans une phase décisive. Devant les volumes à traiter, le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, il nous faut travailler de plus en plus en amont. La question se pose bien évidemment pour la collecte et la conservation des archives électroniques. Nous devons continuer de développer nos compétences, et particulièrement dans le domaine informatique.
Un autre enjeu de la profession, à mon sens, c’est sans doute sa place dans le système décisionnaire, son rôle et sa position dans l’organisation. Par les missions qui lui sont confiées, l’archiviste a un regard sur l’ensemble du fonctionnement d’une institution, une vision globale des organigrammes et de la circulation des informations. Son rôle peut donc être stratégique pour l’organisme.
5. Quelle est selon vous la place de l’archiviste dans l’organisation ?
Au-delà de la dimension purement culturelle de notre métier, il me semble que l’enjeu organisationnel et l’aspect pluridisciplinaire de notre profession (les archives concernent tous les domaines) devraient être mieux pris en compte, ou au moins s’afficher comme tel. Peut-être par un rattachement à des directions plus transversales ou générales ?