Archiviste aux Archives départementales de Maine-et-Loire

Propos de Jean Chevalier, recueillis en 2005

vendredi 1er juillet 2005
  • Imprimer

1. Comment avez-vous voulu devenir archiviste ? Quel a été votre parcours professionnel ?

J’avais com­mencé mes études d’his­toire à l’Université d’Angers et, en fin de DEUG, la for­ma­tion archi­vis­ti­que récem­ment créée recher­chait de nou­veaux élèves : j’ai donc choisi de m’ins­crire en licence « Métiers des archi­ves », licence qui m’atti­rait par­ti­cu­liè­re­ment par sa dimen­sion « pro­fes­sion­na­li­sante ». Cela m’a beau­coup plu.

Le fait de pra­ti­quer l’Histoire « dans le concret » m’a par­ti­cu­liè­re­ment inté­ressé : il n’ y a pas d’his­toire sans archi­ves. Le tra­vail de l’archi­viste est à la base du tra­vail de l’his­to­rien.

J’ai pour­suivi ma for­ma­tion jusqu’en DESS, puis j’ai été reçu au concours d’assis­tant de conser­va­tion du patri­moine. Cela m’a permis, juste après mon stage de fin d’études, d’inté­grer l’équipe des Archives dépar­te­men­ta­les du Morbihan. J’y suis resté trois ans, de 1997 à 2000. Je m’occu­pais du ser­vice cultu­rel et éducatif, avec plus par­ti­cu­liè­re­ment l’ins­tal­la­tion d’expo­si­tions dans le hall des Archives dépar­te­men­ta­les et l’édition de cata­lo­gues d’expo­si­tions et de publi­ca­tions éducatives (fiches pra­ti­ques pro­po­sant des repro­duc­tions de docu­ments d’archi­ves pour les ensei­gnants).

J’ai ensuite été reçu au concours d’assis­tant qua­li­fié de conser­va­tion du patri­moine, ce qui m’a permis de rejoin­dre le ser­vice des Archives dépar­te­men­ta­les de Maine-et-Loire, comme res­pon­sa­ble des archi­ves pri­vées, fonc­tion que j’ai exercé pen­dant 3 ans, avant d’inté­grer l’équipe des archi­ves contem­po­rai­nes (archi­ves depuis le 10 juillet 1940) depuis 2003.

2. Pouvez-vous nous décrire votre travail au quotidien ?

Dans le domaine des archi­ves contem­po­rai­nes, la col­lecte est cer­tai­ne­ment la mis­sion essen­tielle. Nous avons beau­coup de contacts avec les ser­vi­ces ver­sants, pour les­quels il faut faire preuve de per­sua­sion pour les convain­cre de l’inté­rêt de leurs archi­ves et de l’impor­tance de leur conser­va­tion. Le tra­vail de manu­ten­tion et de ges­tion des fonds (volu­mes assez impor­tants pour les archi­ves contem­po­rai­nes) peut paraî­tre par­fois rébar­ba­tif, mais c’est pour­tant un tra­vail essen­tiel pour bien appré­hen­der la réa­lité et le contenu du fonds. C’est une prise en compte très concrète et très prag­ma­ti­que de la pro­duc­tion archi­vis­ti­que d’un ser­vice (type de docu­ments, volu­mes, cir­cuit des docu­ments et de la prise de déci­sion).

En ce qui concerne la com­mu­ni­ca­tion des archi­ves, autre mis­sion essen­tielle de notre métier, les archi­ves contem­po­rai­nes sont de plus en plus exploi­tées par les cher­cheurs. Beaucoup d’étudiants tra­vaillent désor­mais sur l’« his­toire du temps pré­sent » et font appel à nous. Nous les ren­controns donc pour les orien­ter vers les dif­fé­rents ver­se­ments d’archi­ves en lien avec leur sujet.

Lors de nos per­ma­nen­ces en salle de lec­ture, nous devons répon­dre aux ques­tions des lec­teurs. Ces ques­tions peu­vent être très diver­ses et concer­ner toutes les pério­des his­to­ri­ques. La ren­contre des cher­cheurs en salle de lec­ture, en paral­lèle avec nos autres mis­sions (archi­ves contem­po­rai­nes), est tou­jours très enri­chis­sante : nous ne nous enfer­mons pas dans une période his­to­ri­que et nous sommes en contact direct avec les atten­tes des lec­teurs.

3. Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?

Le côté rela­tion­nel est fon­da­men­tal dans notre métier : sou­vent on garde l’image d’un archi­viste vieux et pous­sié­reux ; en fait, nous bri­sons cette image dans nos ren­contres (contact avec les ser­vi­ces, avec le public en salle de lec­ture...). Nous devons convain­cre les gens. Mais c’est assez facile puis­que nous sommes nous-même tota­le­ment convaincu par l’impor­tance de notre métier !

Ce qui me plait le plus dans mon métier - et là je retrouve l’argu­ment qui avait été la base de ma « voca­tion » - c’est cer­tai­ne­ment le rôle essen­tiel de l’archi­viste, en amont du tra­vail de l’his­to­rien. Notre mis­sion, c’est de contri­buer à la col­lecte et à la conser­va­tion de notre mémoire.

4. Quels seront pour vous les principaux enjeux pour la profession d’archiviste dans le futur ?

Je pense que le métier d’archi­viste entre désor­mais dans une phase déci­sive. Devant les volu­mes à trai­ter, le déve­lop­pe­ment des nou­vel­les tech­no­lo­gies de l’infor­ma­tion et de la com­mu­ni­ca­tion, il nous faut tra­vailler de plus en plus en amont. La ques­tion se pose bien évidemment pour la col­lecte et la conser­va­tion des archi­ves électroniques. Nous devons conti­nuer de déve­lop­per nos com­pé­ten­ces, et par­ti­cu­liè­re­ment dans le domaine infor­ma­ti­que.

Un autre enjeu de la pro­fes­sion, à mon sens, c’est sans doute sa place dans le sys­tème déci­sion­naire, son rôle et sa posi­tion dans l’orga­ni­sa­tion. Par les mis­sions qui lui sont confiées, l’archi­viste a un regard sur l’ensem­ble du fonc­tion­ne­ment d’une ins­ti­tu­tion, une vision glo­bale des orga­ni­gram­mes et de la cir­cu­la­tion des infor­ma­tions. Son rôle peut donc être stra­té­gi­que pour l’orga­nisme.

5. Quelle est selon vous la place de l’archiviste dans l’organisation ?

Au-delà de la dimen­sion pure­ment cultu­relle de notre métier, il me semble que l’enjeu orga­ni­sa­tion­nel et l’aspect plu­ri­dis­ci­pli­naire de notre pro­fes­sion (les archi­ves concer­nent tous les domai­nes) devraient être mieux pris en compte, ou au moins s’affi­cher comme tel. Peut-être par un rat­ta­che­ment à des direc­tions plus trans­ver­sa­les ou géné­ra­les ?

Retour en haut de la page