1. Comment avez-vous voulu devenir archiviste ?
C’est le goût de l’Histoire qui m’a mené aux archives. Après un Bac littéraire spécialité Arts plastiques, j’ai fait des études d’Histoire, très attiré par la recherche. Au cours de ma maîtrise, j’ai, de fait, fréquenté les archives (la quasi-totalité de mon corpus documentaire se composait de documents manuscrits du début du XVIe siècle), et j’y ai pris beaucoup de plaisir.
Je me suis ensuite dirigé vers les concours de l’enseignement. C’est à ce moment là que j’ai entendu parler de la formation d’archivistique de l’université d’Angers : l’idée m’a intéressé, et après m’être renseigné, j’ai fait quelques stages dans différents services.
Ceux-ci m’ont donné envie de continuer dans cette voie par la rencontre de nombre de gens motivés et intéressants, et surtout, la découverte d’un métier dont les activités sont d’une grande diversité.
2. Quel a été votre parcours professionnel ?
Dans le cadre de mon DESS, j’ai fait, à partir de mars 2001, un stage au service des archives du ministère de la Justice. Au terme de ce stage, j’ai été embauché, comme contractuel afin de travailler sur l’informatisation du service et plus exactement sur le développement et le déploiement au sein de la chancellerie d’un logiciel de gestion et de suivi du courrier et des dossiers.
3. Pouvez-vous nous décrire votre travail au quotidien ?
Je travaille donc actuellement à la mise en place au sein du ministère de MESSAGER, un outil unique d’enregistrement et de suivi des courriers et dossiers (de support papier ou électronique) reçus et produits par les services, dans le cadre de leurs missions et attributions. A terme, une sélection de données stockées dans MESSAGER, suivant les règles de conservation des dossiers, sera extraite pour importation dans un logiciel dédié de gestion d’archives, géré par le service des Archives.
Le système fonctionne actuellement sur quelques sites pilotes.
Une équipe projet a été constituée, comprenant, outre moi-même : deux directeurs de projet (le chef du service des archives (SA) et le chef du bureau du cabinet du ministre), un chef de projet informatique et se renforce d’utilisateurs au gré des besoins.
Concrètement, mon rôle, au sein de l’équipe, a été de participer à la conception du logiciel (cahier des charges), à la précision des besoins avec le prestataire et à la recette du logiciel. L’équipe a organisé et réalisé la formation des agents des sites pilotes qui devaient recevoir MESSAGER en premier.
A travers l’équipe projet, je participe aussi au déploiement de MESSAGER dans les différentes directions du ministère, c’est-à-dire :
– rôle de conseil dans les différentes directions dans le déploiement de MESSAGER ;
– formation des personnes chargés de former les agents de leur direction (cible : 800 agents) à MESSAGER ;
– préparation d’un mode d’emploi de MESSAGER à mettre en ligne sur un « intranet » dédié ;
– coordination du travail avec les correspondants des différentes directions impliquées.
– interventions auprès des directions pour « vendre » le logiciel.
D’autre part, parmi les actions au SA et en lien avec MESSAGER, il y a un énorme travail de mise à jour des tableaux de gestion du ministère, ceux-ci étant incorporés dans le logiciel.
4. Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
La diversité des activités de ce métier me plaît particulièrement. J’en explore d’ailleurs une des facettes, assez originale, en ce moment.
Dans « service d’archives », il y a « service », et ce qui me plaît, c’est justement cette notion de service public. L’idée de travailler, non pas pour une poignée de personnes mais pour l’ensemble du public : services producteurs dans un premier temps, citoyen et, à terme, chercheur.
La dimension de contact, avec les personnes que nous rencontrons dans les différents services avec lesquels nous travaillons, me plaît également beaucoup.
Quelles seront pour vous les principales évolutions pour la profession d’archiviste à l’avenir ?
Il est important de bien articuler la gestion de l’information au quotidien et l’aspect patrimonial de la conservation des archives.
Il faut que l’archiviste se fasse connaître au sein de son organisation pour ses compétences en matière de gestion de l’information. Il les a et il faut qu’il le fasse savoir. La fonction archives a un rôle de service, d’aide à la gestion de l’information, qui est essentiel.
La dimension patrimoniale ne doit pas être négligée : la gestion des archives courantes, des documents que l’on doit utiliser au quotidien, est importante, mais il est indispensable d’avoir toujours une vision à long terme. Il faut travailler le plus en amont possible, mais toujours garder la notion « conservation » à l’esprit : il faut penser au patrimoine de demain. C’est le goût de l’Histoire qui m’a amené aux archives car l’Histoire ne se construit pas sur rien : les archives sont à la base du travail de l’historien et, aujourd’hui, les archivistes constituent le corpus des archives des chercheurs de demain.
Pour ce qui est des archives électroniques, il est important de ne pas laisser un « vide » et de faire reconnaître le savoir-faire des archivistes. La formation des jeunes archivistes doit évoluer en ce sens : il faut se recentrer sur les nouvelles technologies sans pour autant perdre la vision patrimoniale.
5. Quelle doit être la place de l’archiviste dans l’organisation ?
Au-delà de son rôle traditionnel, l’archiviste doit être reconnu comme un expert : il propose une aide à la gestion de l’information, il s’adapte aux besoins des interlocuteurs...
Par ailleurs, le rôle transversal de l’archiviste doit être valorisé. Dans un organigramme, le service des archives doit constituer une entité à part entière. L’archiviste, dans une administration ou une entreprise, sert tout le monde, pour l’entreprise ou l’administration en question, pour un avenir plus lointain aussi.