1. Comment avez-vous voulu devenir archiviste ?
J’ai fait des études d’Histoire, à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne. En maîtrise, nous avions une dizaine d’heures de cours d’archivistique : la découverte de cette discipline m’a fasciné. Et dans ce cadre, j’ai eu la chance d’avoir des cours, sur le terrain, aux archives départementales de la Loire.
Ce qui m’a plu, c’est la richesse, qu’on ne soupçonne pas toujours, des documents d’archives et la variété du métier. Et puis bien sûr, il y a eu l’attrait des documents, et de l’Histoire. A travers ces documents, on mesure le temps qui passe, et c’est magique !
J’ai donc poursuivi dans cette voie, et suivi le DESS « Métier des archives » de l’Université de Lyon III.
2. Quel a été votre parcours professionnel ?
J’ai choisi de travailler dans le service public, mais j’ai d’abord fait 10 mois, entre 1998 et 1999, de « service civil » aux Archives municipales de Saint-Etienne. Je m’occupais de l’action culturelle dans les quartiers prioritaires de la ville. Nous mettions en place des actions liées à la mémoire des quartiers, soit par le biais d’expositions réalisées par le service des archives, soit par le biais d’actions de soutien à des associations. C’était passionnant.
Par la suite, j’ai travaillé pendant dix-huit mois aux archives départementales de la Haute-Garonne, à Toulouse. J’étais d’abord contractuel, sur un poste d’assistant de conservation du patrimoine, puis j’ai réussi un concours de la fonction publique (assistant qualifié de conservation du patrimoine). Je m’occupais à la fois de l’accueil du public, en assurant la présidence de la salle de lecture, du traitement de fonds d’archives d’entreprise, et je me suis occupé du traitement du fonds du Parquet de la Cour d’appel de Toulouse.
Après cette mission et suite à la réussite au concours d’attaché de conservation du patrimoine, je suis devenu responsable du service archives-documentation de la ville de Saint-Chamond (37000 habitants)
3. Pouvez-vous nous décrire votre travail au quotidien ?
C’est un travail très varié : on « touche à tout ». Nous sommes deux personnes à travailler dans ce service, et nous avons la chance d’être dans les locaux de l’Hôtel de ville, ce qui nous permet d’avoir des relations quotidiennes avec les services municipaux. Il y a une partie de importante de collecte de documents, de conseil aux services pour la gestion de leurs documents...
Nous accueillons également le public, trois demi-journées par semaine. Il s’agit en grande partie de généalogistes, mais aussi d’étudiants, d’amateurs d’histoire locale, de personnes qui veulent des renseignements sur l’histoire de leur maison, de leur quartier...
Nous guidons les personnes dans leurs recherches, nous essayons de les orienter au mieux, parfois vers les archives départementales ou vers des personnes ressources.
Nous menons également des actions de valorisation. Dernièrement nous avons ainsi réalisé deux expositions : l’une sur un quartier de la ville, et l’autre sur l’évolution de la ville ces cinquante dernières années.
Nous avons également des relations avec des associations locales, avec des scolaires. Nous sommes ainsi en relation avec un lycée qui travaille sur l’histoire de l’immigration italienne. Nous organisons des ateliers au cours desquels les lycéens travaillent sur des registres de dénombrement de la population. Nous avons aussi des liens avec le département de géographie de l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, qui travaille sur l’évolution du paysage, notamment à travers l’étude du cadastre napoléonien.
Et puis il y a bien sûr tout un travail de base, qui est essentiel : le travail sur le traitement des fonds. Ce qui est bien, c’est que dans une petite structure, on peut avoir un regard sur tous les fonds, et avoir une vue d’ensemble sur l’activité du service. J’ai un regard sur tout le cycle des archives : de la collecte et du traitement des documents à leur diffusion au plus grand nombre.
4. Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
C’est un métier qui a du sens : il y a une dimension importante de service public, l’archiviste doit être le gardien de la mémoire de la collectivité. Nous veillons à la constitution de cette mémoire, à sa préservation et à sa diffusion. Nous sommes au service des habitants de notre collectivité.
Par l’action culturelle, nous faisons sortir les archives de leur confidentialité, en les rendant accessibles au plus grand nombre.
5. Quels sont pour vous les principaux enjeux pour la profession d’archiviste à l’avenir ?
L’évolution des technologies de l’information est un enjeu important. C’est à la fois une chance pour les archivistes, pour ce qu’elle permet : par exemple pour la diffusion de documents par le biais de la numérisation. Elle offre un accès plus large du public aux documents que l’on conserve. C’est aussi un défi à relever, ainsi pour l’administration électronique et les questions qu’elle pose en terme d’archivage.
Pour les archivistes, il faut parvenir à inscrire son action dans le besoin de mémoire, de connaissance et de redécouverte du passé qui s’exprime fortement dans la société aujourd’hui. Il est important de faire reconnaître la place des archives dans la société : c’est une place discrète, mais pourtant essentielle dans une démocratie.
6. Quelle est selon vous la place de l’archiviste dans l’organisation ?
En tant qu’archiviste municipal, je dirais qu’il y a deux facettes. Il y a à la fois un rôle reconnu en interne, mais peu visible à l’extérieur. C’est un rôle de soutien aux services municipaux : soutien administratif, juridique, logistique pour l’archivage et la gestion de leur production documentaire.
Nous avons par ailleurs un rôle à jouer, plus visible, dans la politique culturelle municipale, autour de l’Histoire, de la mémoire, du patrimoine.