Archiviste dans une commune de la Loire

Propos du responsable du service archives et documentation, recueillis en 2005

mardi 7 juin 2005
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1. Comment avez-vous voulu devenir archiviste ?

J’ai fait des études d’Histoire, à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne. En maî­trise, nous avions une dizaine d’heures de cours d’archi­vis­ti­que : la décou­verte de cette dis­ci­pline m’a fas­ciné. Et dans ce cadre, j’ai eu la chance d’avoir des cours, sur le ter­rain, aux archi­ves dépar­te­men­ta­les de la Loire.

Ce qui m’a plu, c’est la richesse, qu’on ne soup­çonne pas tou­jours, des docu­ments d’archi­ves et la variété du métier. Et puis bien sûr, il y a eu l’attrait des docu­ments, et de l’Histoire. A tra­vers ces docu­ments, on mesure le temps qui passe, et c’est magi­que !

J’ai donc pour­suivi dans cette voie, et suivi le DESS « Métier des archi­ves » de l’Université de Lyon III.

2. Quel a été votre parcours professionnel ?

J’ai choisi de tra­vailler dans le ser­vice public, mais j’ai d’abord fait 10 mois, entre 1998 et 1999, de « ser­vice civil » aux Archives muni­ci­pa­les de Saint-Etienne. Je m’occu­pais de l’action cultu­relle dans les quar­tiers prio­ri­tai­res de la ville. Nous met­tions en place des actions liées à la mémoire des quar­tiers, soit par le biais d’expo­si­tions réa­li­sées par le ser­vice des archi­ves, soit par le biais d’actions de sou­tien à des asso­cia­tions. C’était pas­sion­nant.

Par la suite, j’ai tra­vaillé pen­dant dix-huit mois aux archi­ves dépar­te­men­ta­les de la Haute-Garonne, à Toulouse. J’étais d’abord contrac­tuel, sur un poste d’assis­tant de conser­va­tion du patri­moine, puis j’ai réussi un concours de la fonc­tion publi­que (assis­tant qua­li­fié de conser­va­tion du patri­moine). Je m’occu­pais à la fois de l’accueil du public, en assu­rant la pré­si­dence de la salle de lec­ture, du trai­te­ment de fonds d’archi­ves d’entre­prise, et je me suis occupé du trai­te­ment du fonds du Parquet de la Cour d’appel de Toulouse.

Après cette mis­sion et suite à la réus­site au concours d’atta­ché de conser­va­tion du patri­moine, je suis devenu res­pon­sa­ble du ser­vice archi­ves-docu­men­ta­tion de la ville de Saint-Chamond (37000 habi­tants)

3. Pouvez-vous nous décrire votre travail au quotidien ?

C’est un tra­vail très varié : on « touche à tout ». Nous sommes deux per­son­nes à tra­vailler dans ce ser­vice, et nous avons la chance d’être dans les locaux de l’Hôtel de ville, ce qui nous permet d’avoir des rela­tions quo­ti­dien­nes avec les ser­vi­ces muni­ci­paux. Il y a une partie de impor­tante de col­lecte de docu­ments, de conseil aux ser­vi­ces pour la ges­tion de leurs docu­ments...

Nous accueillons également le public, trois demi-jour­nées par semaine. Il s’agit en grande partie de généa­lo­gis­tes, mais aussi d’étudiants, d’ama­teurs d’his­toire locale, de per­son­nes qui veu­lent des ren­sei­gne­ments sur l’his­toire de leur maison, de leur quar­tier...

Nous gui­dons les per­son­nes dans leurs recher­ches, nous essayons de les orien­ter au mieux, par­fois vers les archi­ves dépar­te­men­ta­les ou vers des per­son­nes res­sour­ces.

Nous menons également des actions de valo­ri­sa­tion. Dernièrement nous avons ainsi réa­lisé deux expo­si­tions : l’une sur un quar­tier de la ville, et l’autre sur l’évolution de la ville ces cin­quante der­niè­res années.

Nous avons également des rela­tions avec des asso­cia­tions loca­les, avec des sco­lai­res. Nous sommes ainsi en rela­tion avec un lycée qui tra­vaille sur l’his­toire de l’immi­gra­tion ita­lienne. Nous orga­ni­sons des ate­liers au cours des­quels les lycéens tra­vaillent sur des regis­tres de dénom­bre­ment de la popu­la­tion. Nous avons aussi des liens avec le dépar­te­ment de géo­gra­phie de l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, qui tra­vaille sur l’évolution du pay­sage, notam­ment à tra­vers l’étude du cadas­tre napo­léo­nien.

Et puis il y a bien sûr tout un tra­vail de base, qui est essen­tiel : le tra­vail sur le trai­te­ment des fonds. Ce qui est bien, c’est que dans une petite struc­ture, on peut avoir un regard sur tous les fonds, et avoir une vue d’ensem­ble sur l’acti­vité du ser­vice. J’ai un regard sur tout le cycle des archi­ves : de la col­lecte et du trai­te­ment des docu­ments à leur dif­fu­sion au plus grand nombre.

4. Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?

C’est un métier qui a du sens : il y a une dimen­sion impor­tante de ser­vice public, l’archi­viste doit être le gar­dien de la mémoire de la col­lec­ti­vité. Nous veillons à la cons­ti­tu­tion de cette mémoire, à sa pré­ser­va­tion et à sa dif­fu­sion. Nous sommes au ser­vice des habi­tants de notre col­lec­ti­vité.

Par l’action cultu­relle, nous fai­sons sortir les archi­ves de leur confi­den­tia­lité, en les ren­dant acces­si­bles au plus grand nombre.

5. Quels sont pour vous les principaux enjeux pour la profession d’archiviste à l’avenir ?

L’évolution des tech­no­lo­gies de l’infor­ma­tion est un enjeu impor­tant. C’est à la fois une chance pour les archi­vis­tes, pour ce qu’elle permet : par exem­ple pour la dif­fu­sion de docu­ments par le biais de la numé­ri­sa­tion. Elle offre un accès plus large du public aux docu­ments que l’on conserve. C’est aussi un défi à rele­ver, ainsi pour l’admi­nis­tra­tion électronique et les ques­tions qu’elle pose en terme d’archi­vage.

Pour les archi­vis­tes, il faut par­ve­nir à ins­crire son action dans le besoin de mémoire, de connais­sance et de redé­cou­verte du passé qui s’exprime for­te­ment dans la société aujourd’hui. Il est impor­tant de faire reconnaî­tre la place des archi­ves dans la société : c’est une place dis­crète, mais pour­tant essen­tielle dans une démo­cra­tie.

6. Quelle est selon vous la place de l’archiviste dans l’organisation ?

En tant qu’archi­viste muni­ci­pal, je dirais qu’il y a deux facet­tes. Il y a à la fois un rôle reconnu en interne, mais peu visi­ble à l’exté­rieur. C’est un rôle de sou­tien aux ser­vi­ces muni­ci­paux : sou­tien admi­nis­tra­tif, juri­di­que, logis­ti­que pour l’archi­vage et la ges­tion de leur pro­duc­tion docu­men­taire.

Nous avons par ailleurs un rôle à jouer, plus visi­ble, dans la poli­ti­que cultu­relle muni­ci­pale, autour de l’Histoire, de la mémoire, du patri­moine.

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