Suarès y regrette le manque de culture, les églises qui « sont la honte de Marseille » et la « plus mauvaise musique du monde ». Mais il la qualifie quand même d’« universelle » ! Il fût un des premiers à faire ressortir ses contrastes : certains lui en tiendront rigueur au point de mettre en danger sa popularité : il est d’ailleurs aujourd’hui quasiment tombé dans l’oubli. Écrivain prolixe fixé à Paris à partir de 1897, il sera finalement plus reconnu par le cercle parisien. Même si Suarès revient toujours à Marseille, il aimait et détestait sa ville d’origine.
C’est lui qui sollicite Louis Jou (1881-1968) pour illustrer son texte : la commande n’est pas éditoriale mais bien basée sur une collaboration et une admiration mutuelle. Ils furent amis toute leur vie et leur amitié se nourrissait d’une grande complicité intellectuelle. Immigré espagnol, Louis Jou fût autodidacte dans tous les corps de métiers du livre - imprimeur, typographe, relieur, illustrateur – si bien que Suarès le surnomma « l’architecte du livre ». Il créera une trentaine d’ouvrages qu’il fabrique, au sens littéral du terme, du caractère d’imprimerie à la couleur des encres. Les vues, les saynètes et les personnages qui illustrent le livre sont fidèles au Marseille des années 1930, comme l’atteste la photographie issue du fonds d’archives « Collection A.R.S. », conservé aux Archives de Marseille.
André Suarès et Louis Jou furent des êtres libres et excentriques dans leur vie comme dans leur art, avec peu de souci pour les normes sociales et beaucoup de goût pour l’innovation. C’est peut-être cela qui donne à Marsiho cette place unique dans la littérature française du début du
Perle de la bibliothèque des Archives de Marseille
Marsiho, c’est « Marseille » en provençal et c’est tout le Marseille d’André Suarès (1868-1948). Ce livre bouleverse l’image de la ville et la révèle, très éloignée des clichés.
lundi 30 octobre 2023
Suarès (André), Marsiho, Paris, Marcel P. Trémois, 1931, 1ère édition, 169 p., in-4.
Frontispice, 5 planches en couleur, bandeaux en camaïeu et culs-de lame en bistre.
Tirage limité à 325 exemplaires numérotés, papier japon impérial, nominatif, 26 planches en noir sur Japon, gravures sur bois par Louis Jou.