7èmes RASAD : La conservation préventive

7èmes RASAD : compte-rendu et photos
Archives départementales d’Ille-et-Vilaine,
31 janvier-1er février 2008

Section des archivistes départementaux   jeudi 28 février 2008
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Une visite

Une autre visite

Les RASAD 2008 sont ouver­tes par Martial GABILLARD, conseiller géné­ral, chargé du patri­moine, qui insiste sur les dimen­sions excep­tion­nel­les du bâti­ment des Archives d’Ille-et-Vilaine, sur l’atti­tude pros­pec­tive des archi­vis­tes dépar­te­men­taux, dans le contexte actuel d’évolution du réseau indus­triel ou asso­cia­tif, par rap­port à la conser­va­tion du patri­moine privé. Les archi­ves ont une voca­tion à accueillir un public très large et à rendre visi­ble le lien entre le patri­moine écrit et la vie cultu­relle d’un dépar­te­ment, autour de la per­sonne de l’archi­viste dépar­te­men­tal « conseiller et même créa­teur de la recher­che » (André Chamson).

Représentant Martine de BOISDEFFRE, direc­trice des Archives de France, Geneviève ETIENNE, ins­pec­trice géné­rale, sou­li­gne le carac­tère fon­da­men­tal du thème retenu pour les RASAD 2008 et les inno­va­tions connues depuis le congrès d’Annecy orga­nisé en 2003 sur les bâti­ments d’archi­ves, en raison d’une fré­quence de cons­truc­tions nou­vel­les supé­rieure à toutes les époques pré­cé­den­tes (années 1950, années 1980). S’appuyant sur les der­niers bâti­ments conçus, elle évoque les points d’actua­lité : déve­lop­pe­ment des espa­ces cultu­rels, évolution des salles de lec­ture vers les nou­vel­les tech­no­lo­gies, solu­tions tech­ni­ques liées au déve­lop­pe­ment dura­ble, archi­vage de nou­veaux sup­ports (électronique), bâti­ments d’archi­ves inter­mé­diai­res, conser­va­tion pré­ven­tive.

Ouvrant la 7e ses­sion des RASAD, Brigitte PIPON, pré­si­dente de la sec­tion Archives dépar­te­men­ta­les (AAF), salue le nombre de par­ti­ci­pants (150), tou­jours plus nom­breux à par­ti­ci­per à ce « tour de France » des ser­vi­ces d’archi­ves. Après avoir rap­pelé les thèmes rete­nus depuis 2002 : exter­na­li­sa­tion (Bourges, 2002), cir­cu­laire de 2001 (Alençon, 2003), évaluation et sélec­tion (Carcassonne, 2004), trans­ferts et dévo­lu­tions (Beauvais, 2005), archi­vage électronique (Dijon, 2006), archi­ves et inter­net (Marseille, 2007), elle pré­sente le dérou­le­ment des trois ses­sions pré­vues à Rennes autour de la conser­va­tion pré­ven­tive (conte­nants, conte­nus, pré­ven­tion des ris­ques). Le Manuel de cli­ma­to­lo­gie de la DAF en cours, les grou­pes de tra­vail sur des thé­ma­ti­ques asso­ciées, les for­ma­tions et sémi­nai­res de la DAF, de l’AAF ou de l’INP, les ini­tia­ti­ves des ser­vi­ces en direc­tion des lec­teurs et des agents, les audits micro­bio­lo­gi­ques et envi­ron­ne­men­taux réa­li­sés, la créa­tion de char­gés de conser­va­tion pré­ven­tive dans les ser­vi­ces, toutes ces dimen­sions concou­rent à mon­trer la pré­gnance nou­velle et l’inté­rêt exprimé pour ce champ d’acti­vi­tés.

Discours d'ouverture

Les bâtiments

Jeudi 31 jan­vier après-midi

France SAÏE-BELAÏSCH (DAF) pro­pose un pano­rama des bâti­ments d’archi­ves fran­çais les plus récents, en insis­tant d’abord sur les ten­dan­ces actuel­les : réha­bi­li­ta­tion d’édifices indus­triels, mili­tai­res, reli­gieux sco­lai­res ; ins­crip­tion dans le déve­lop­pe­ment dura­ble (bâti­ments pas­sifs, bâti­ments à énergie posi­tive), sur les traces du Landesarchiv de Schleswigholstein (1991). Les chan­tiers actuels pri­vi­lé­gient la com­pa­cité des maga­sins d’archi­ves, la réduc­tion ou la sup­pres­sion totale de la cli­ma­ti­sa­tion, notam­ment au nord de la Loire, l’ins­tal­la­tion de cap­teurs solai­res ther­mi­ques et de cel­lu­les pho­to­vol­taï­ques, les ter­ras­ses végé­ta­li­sées. Elle pré­sente ensuite les choix d’amé­na­ge­ment inté­rieur, tant dans les espa­ces publics (salles d’expo­si­tion, prin­cipe des « boîtes dans la boîte », trai­te­ment des sur­fa­ces en ver­riè­res) que dans les maga­sins de conser­va­tion : amé­lio­ra­tion de la cir­cu­la­tion de l’air par des rayon­na­ges à mon­tants ajou­rés ou par sup­pres­sion de la tablette supé­rieure, adap­ta­tion de la résis­tance des tablet­tes selon les caté­go­ries d’archi­ves (archi­ves ancien­nes et moder­nes, plus pesan­tes que les archi­ves contem­po­rai­nes), limi­ta­tion de l’éclairage natu­rel aux baies pom­piers et à l’orien­ta­tion des maga­si­niers.

Isabelle Neuschwander et Michel Maréchal

Intervenant sur les carac­té­ris­ti­ques inno­van­tes du bâti­ment des Archives natio­na­les en projet à Pierrefitte-sur-Seine, Isabelle NEUSCHWANDER (direc­trice du SCN-AN) insiste sur les dimen­sions excep­tion­nel­les de cet immeu­ble de grande hau­teur (IGH), de 16 000 m² d’emprise au sol, prévu pour accueillir 4 à 6 kml de ver­se­ments par an, 300 lec­teurs jour, 16 salles de tri, un audi­to­rium de 800 m² et un ser­vice péda­go­gi­que de 500 m². L’acti­vité humaine sera quasi exclu­si­ve­ment concen­trée dans les bâti­ments satel­li­tes de l’IGH. Sur le plan de la pré­ven­tion des ris­ques et de la ges­tion des sinis­tres, un ser­vice de sécu­rité et de pro­tec­tion incen­die sera hébergé en per­ma­nence sur le site. L’extinc­tion du feu par brouillard d’eau haute pres­sion (100 bar) a été pri­vi­lé­giée, exi­geant 10 fois moins d’eau que le sprin­ck­lage. Des normes coupe-feu très lour­des exi­gent un sys­tème d’ouver­ture électronique des portes. Du point de vue de l’iner­tie ther­mi­que dans les maga­sins de conser­va­tion, non cli­ma­ti­sés, une grande com­pa­cité a été rete­nue ; un com­plexe iso­lant béton entoure le bloc de salles de 200 m², où l’accès sera réduit. L’air exté­rieur sera traité et stocké, en pré­vi­sion de pério­des de cani­cule. Les salles seront équipées d’un sys­tème de chasse d’air et de contrôle de l’humi­dité. Pour pal­lier l’absence de cli­ma­ti­sa­tion, les normes envi­ron­ne­men­ta­les seront assou­plies (tem­pé­ra­ture : 16 à 24 °C ; hygro­mé­trie : 57 %). Le projet s’appa­rente étroitement, dans les choix mis en œuvre, au bâti­ment des Archives fédé­ra­les de Berlin. La pro­blé­ma­ti­que du temps de séchage de bâti­ments de tel volume est abor­dée : même s’il sera amé­lioré par des dis­po­si­tifs de chauf­fage tem­po­raire, 3 à 5 ans sont prévus à Pierrefitte pour attein­dre un point d’équilibre cli­ma­ti­que. Enfin, le projet de Pierrefitte est abordé dans sa dimen­sion struc­tu­relle, puisqu’il porte en lui la réno­va­tion de l’ins­ti­tu­tion des Archives natio­na­les (réor­ga­ni­sa­tion ins­ti­tu­tion­nelle, dyna­misme scien­ti­fi­que, lisi­bi­lité des Archives natio­na­les fran­çai­ses).

Nadine ROUAYROUX (DAD Réunion) a mis en avant l’expé­rience des Archives dépar­te­men­ta­les de la Réunion en matière de ges­tion de sinis­tre, dans le contexte de la livrai­son d’un bâti­ment cons­truit ex nihilo. En 6 ans, le ser­vice a connu deux inva­sions de ter­mi­tes et une infes­ta­tion fon­gi­que à grande échelle. Rappelant les contrain­tes envi­ron­ne­men­ta­les de l’île, la conduite chao­ti­que du chan­tier du bâti­ment et la chro­no­lo­gie du sinis­tre, du cons­tat de l’infes­ta­tion en jan­vier 2003 à la réou­ver­ture du bâti­ment en juin 2005, elle a pointé les prin­ci­paux dys­fonc­tion­ne­ments cons­ta­tés dès récep­tion du bâti­ment fin 2001 : ges­tion infor­ma­ti­sée de la cli­ma­ti­sa­tion (GTC) d’abord non pro­gram­mée, puis par­tielle (9 maga­sins contrô­lés sur 12), sup­pres­sion du groupe électrogène ini­tia­le­ment prévu, absence d’iso­la­tion spé­ci­fi­que entre deux locaux diver­se­ment cli­ma­ti­sés, pas de temps de séchage du béton, absence de tests de cli­ma­ti­sa­tion, rem­pla­ce­ment du béton par du pla­co­plâ­tre dans les cir­cu­la­tions, fuites régu­liè­res des armoi­res auto­no­mes de cli­ma­ti­sa­tion des maga­sins, implan­ta­tion des rayon­na­ges le long des murs. Un point de conden­sa­tion sur les bou­ches d’aéra­tion d’un ate­lier est à l’ori­gine d’une infes­ta­tion fon­gi­que, que la cli­ma­ti­sa­tion cen­tra­li­sée a contri­bué à géné­ra­li­ser. De ces cons­tats, N. Rouayroux tire plu­sieurs ensei­gne­ments : conser­ver la mémoire des choix tech­ni­ques opérés en cours de chan­tier, mener des tests de cli­ma­ti­sa­tion avant ins­tal­la­tion, lister tous les dys­fonc­tion­ne­ments durant les deux ou trois ans sui­vant la récep­tion du bâti­ment neuf, dis­po­ser d’outils d’évaluation, savoir iden­ti­fier la cause du déve­lop­pe­ment fon­gi­que (infil­tra­tion, conden­sa­tion), réagir dès détec­tion d’inci­dents de cli­ma­ti­sa­tion, mener un plan de conser­va­tion pré­ven­tive, car­to­gra­phier les points de sinis­tre. La confu­sion des rôles, entre le maître d’ouvrage, le maître d’œuvre et l’uti­li­sa­teur, abou­tit à une mau­vaise ges­tion de bâti­ment.

Pierre Diaz-Pedregal, Pascale Verdier






Dans le cadre du projet du nou­veau bâti­ment des Archives dépar­te­men­ta­les du Bas-Rhin, Pascale VERDIER (DAD Bas-Rhin) fait le point sur les réflexions condui­tes autour des condi­tions envi­ron­ne­men­ta­les des futurs maga­sins, cli­ma­ti­sés et isolés par un revê­te­ment inté­rieur de bri­ques. La modi­fi­ca­tion du type de bri­ques en cours de chan­tier, le chan­ge­ment de l’envi­ron­ne­ment des col­lec­tions lié au démé­na­ge­ment, le risque appré­hendé de déve­lop­pe­ments fon­gi­ques dans des maga­sins neufs et cli­ma­ti­sés ont amené à recou­rir à une étude cli­ma­ti­que spé­ci­fi­que, confiée à une société privée (In Extenso), com­por­tant trois points : diag­nos­tic du com­por­te­ment des col­lec­tions (sur la base de pré­lè­ve­ments), ajus­te­ment cli­ma­ti­que à court et moyen terme, pré­co­ni­sa­tions en matière de res­tau­ra­tion des docu­ments. L’échantillon des 170 pré­lè­ve­ments a été fixé par la société rete­nue, qui s’est rapi­de­ment rap­pro­chée du bureau d’études chargé de la cli­ma­ti­sa­tion, abou­tis­sant à plu­sieurs actions : neu­tra­li­sa­tion des parois de brique par du pla­co­plâ­tre, ins­tal­la­tion d’un sys­tème de souf­flage pour éviter le confi­ne­ment der­rière la paroi de bri­ques. In Extenso joue le rôle d’inter­face entre la maî­trise d’ouvrage, la maî­trise d’œuvre et le futur uti­li­sa­teur. Face à la com­plexité de docu­ments tech­ni­ques, que l’archi­viste est en peine de com­pren­dre et de maî­tri­ser, le recours à des spé­cia­lis­tes en conser­va­tion pré­ven­tive est une garan­tie fon­da­men­tale pour la réus­site du projet. Des réser­ves cli­ma­ti­ques seront posées lors de la récep­tion du chan­tier.

Responsable de la société In Extenso, Pierre DIAZ-PEDREGAL pré­sente à la suite le point de vue du consul­tant, qui doit faci­li­ter les échanges entre uti­li­sa­teur, maître d’ouvrage et ingé­nieur, pré­ve­nir les dys­fonc­tion­ne­ments par un ques­tion­ne­ment per­ma­nent et adapté et inter­ve­nir au moment oppor­tun du dérou­le­ment du chan­tier. La mis­sion d’étude cli­ma­ti­que doit com­men­cer le plus tôt pos­si­ble (dès la défi­ni­tion du pro­gramme), se pro­lon­ger le plus tard pos­si­ble (à la fin de l’année du par­fait achè­ve­ment) et être asso­ciée à toutes les étapes du projet de cons­truc­tion (études préa­la­bles, pro­gramme, sélec­tion des équipes, études pour les avant-pro­jets, réa­li­sa­tion). La mis­sion peut être inté­grée à la maî­trise d’œuvre, cons­ti­tuer une mis­sion indé­pen­dante ou pren­dre la forme d’une assis­tance à la maî­trise d’ouvrage, où le consul­tant devient l’avocat spé­cia­lisé à la fois de la col­lec­ti­vité et du maître d’ouvrage. Le coût de la mis­sion varie en fonc­tion de son étendue et du degré de spé­cia­li­sa­tion et d’exper­tise sol­li­cité. Elle doit être mise en regard du béné­fice attendu : meilleure com­mu­ni­ca­tion entre les dif­fé­rents inter­ve­nants, opti­mi­sa­tion des temps d’étude et d’ana­lyse des pro­jets, réduc­tion du coût des pro­jets par l’élimination des « essais-erreurs ». L’inves­tis­se­ment intel­lec­tuel reste tou­jours moins coû­teux que la répa­ra­tion maté­rielle.

Participants






Les documents

Vendredi 1er février matin

La mati­née s’ouvre sur deux expo­sés théo­ri­ques, par Hélène de TOURDONNET (AD Oise) sur la par­ti­cu­la­rité de son poste de char­gée de conser­va­tion pré­ven­tive au sein d’un ser­vice d’archi­ves, et par Michel MARECHAL (DAD Ille-et-Vilaine) et ses col­la­bo­ra­teurs sur l’ate­lier de res­tau­ra­tion des Archives d’Ille-et-Vilaine. H. de Tourdonnet met en valeur son double rôle d’expert (pres­crip­tion d’outils de mesure et de contrôle, concep­tion de cha­riots, appli­ca­tion des normes en vigueur concer­nant les maté­riaux adap­tés à la conser­va­tion, évaluation des res­tau­ra­tions exter­na­li­sées, conseil aux ser­vi­ces publics) et de coor­don­na­teur (for­ma­tion des agents, réflexion sur la chaîne de trai­te­ment des fonds, pro­gram­ma­tion de la res­tau­ra­tion et des recondi­tion­ne­ments, enca­dre­ment de col­la­bo­ra­teurs) au sein du ser­vice, avant de pré­sen­ter le contexte d’uti­li­sa­tion des prin­ci­paux maté­riaux liés à la conser­va­tion pré­ven­tive : papier per­ma­nent, carton cel­lo­derm, film poly­es­ter, pro­ly­pro­py­lène.

Denis Chambet, Yann Lagain








L’équipe ren­naise pré­sente sa poli­ti­que de recondi­tion­ne­ment sys­té­ma­ti­que en vue de l’homo­gé­néité des fonds et de leur démé­na­ge­ment, l’état de sa réflexion sur la sur­veillance cli­ma­ti­que et l’estam­pillage ; outil expé­ri­men­tal, uti­lisé par les maga­si­niers et les agents char­gés du clas­se­ment, la base ESA « Etat sani­taire des archi­ves » déve­lop­pée en interne par Denis CHAMBET en 2004-2006 veut faci­li­ter, sur la base d’un diag­nos­tic sani­taire, la pro­gram­ma­tion en conser­va­tion-res­tau­ra­tion et conser­ver un his­to­ri­que des inter­ven­tions . En conser­va­tion pré­ven­tive, l’actua­lité des AD d’Ille-et-Vilaine est la dif­fu­sion du plan d’urgence (fiches tech­ni­ques, dési­gna­tion des réfé­rents), l’inté­gra­tion de la base ESA dans le logi­ciel Thot et le suivi cli­ma­ti­que du bâti­ment neuf.

Maire-Claude Delmas, Jérôme Blachon, Brigitte Pipon, Elisabeth Gautier-Desvaux







Autour du sto­ckage ou du condi­tion­ne­ment de docu­ments ico­no­gra­phi­ques de grand format, des maquet­tes et des sup­ports électroniques, Elisabeth GAUTIER-DESVAUX (DAD Yvelines) ouvre une série d’inter­ven­tions en forme de retours d’expé­rience. Elle pré­sente notam­ment la solu­tion de sto­ckage ver­ti­cal sur grilles mobi­les double face ins­tal­lées dans le nou­veau bâti­ment de Saint-Quentin. Le sto­ckage des 240 maquet­tes d’urba­nisme et de grands tra­vaux a fait l’objet d’un diag­nos­tic préa­la­ble confié à une équipe plu­ri­dis­ci­pli­naire (fiches de cons­tat d’état, pré­co­ni­sa­tions, niveau d’urgence), afin de répon­dre au mieux au qua­dru­ple pro­blème de la conser­va­tion, de la ges­tion de l’espace, du coût et des contrain­tes de consul­ta­tion, et d’établir un pro­gramme de res­tau­ra­tion et de numé­ri­sa­tion. Quant aux sup­ports électroniques, l’expé­rience de la perte de 5 000 CD-R a conduit à repren­dre le mode de sto­ckage des don­nées issues de la numé­ri­sa­tion de masse et des archi­ves électroniques ver­sées : double sto­ckage sur deux ser­veurs dis­tants, sau­ve­gar­des quo­ti­dienne et men­suelle. Plusieurs conclu­sions sont tirées de ces opé­ra­tions : sérier les prio­ri­tés selon l’oppor­tu­nité de la conser­va­tion, inté­grer le pro­gramme de res­tau­ra­tion dans une logi­que de com­mu­ni­ca­tion, recou­rir aux pro­duits du marché, faire béné­fi­cier les fonds de par­te­na­riats scien­ti­fi­ques et tech­ni­ques.

Marie-Claude DELMAS (AN) pré­sente les actions menées par le Département de la conser­va­tion maté­rielle autour des fonds du Centre his­to­ri­que, en vue notam­ment de leur démé­na­ge­ment par­tiel à Pierrefitte : amé­lio­ra­tion des condi­tions envi­ron­ne­men­ta­les, hygiène des locaux, veille tech­no­lo­gi­que, réco­le­ment exhaus­tif à l’aide d’une appli­ca­tion infor­ma­ti­que dédiée, publi­ca­tion des Echos du réco­le­ment, évaluation sani­taire par pré­lè­ve­ments et étude d’accli­ma­ta­tion en cours, dis­ci­pline des pro­to­co­les. La pro­gram­ma­tion du chan­tier des fonds est à l’ordre du jour (res­tau­ra­tion, recondi­tion­ne­ment, micro­fil­mage, numé­ri­sa­tion). Elle sou­li­gne l’émulation due à la logi­que de projet et la cohé­sion appor­tée par des chan­tiers de ce type.

Aux yeux de Jérôme BLACHON (AD Val-d’Oise), les archi­vis­tes sou­cieux de dif­fu­ser les prin­ci­pes de la conser­va­tion pré­ven­tive se muent en « pas­seurs schi­zo­phrè­nes », qui ont déve­loppé en quel­ques années toute une pléiade d’outils des­ti­nés tant aux lec­teurs qu’à leurs col­la­bo­ra­teurs : fiches de pro­cé­dure inter­nes, ses­sions de for­ma­tion interne appuyées sur des livrets didac­ti­ques, pla­quet­tes de com­mu­ni­ca­tion exter­nes, affi­ches en salle de lec­ture, marque-pages, sous-mains, expli­ca­tions dans le guide du lec­teur, le règle­ment de la salle de lec­ture ou sur le site inter­net. Le voca­bu­laire employé joue sur la col­la­bo­ra­tion lec­teur/archi­viste pour une meilleure conser­va­tion, le regis­tre de l’humour, la fer­meté. Les maté­riels mis à dis­po­si­tion doi­vent s’adap­ter aux exi­gen­ces de l’ins­ti­tu­tion. Il reste que l’amé­lio­ra­tion des condi­tion­ne­ments et l’exem­pla­rité du per­son­nel demeu­rent sans doute les inci­ta­tions les plus effi­ca­ces à res­pec­ter les docu­ments eux-mêmes.

Participants








Plans de prévention des risques, plans d’intervention, plans d’urgence

Vendredi 1er février après-midi

Dans le cadre d’un manuel en cours de fina­li­sa­tion, Marie-Dominique PARCHAS (DAF) pose la ques­tion de la for­ma­tion à la ges­tion des sinis­tres. Quels blo­ca­ges peu­vent expli­quer le peu de plans de sau­ve­garde ou de sau­ve­tage exis­tant ? Sans cacher la ten­dance assez répan­due à atté­nuer les ris­ques, elle évoque le voca­bu­laire uti­lisé (« conser­va­tion pré­dic­tive »), les prin­ci­paux lieux d’infor­ma­tions sur les plans de sau­ve­tage, les orga­nis­mes de for­ma­tion et les prin­ci­paux réflexes pro­fes­sion­nels à avoir (for­ma­tion du per­son­nel, évaluation et acqui­si­tion du maté­riel néces­saire à l’inter­ven­tion, par­te­na­riat avec les pom­piers, les voi­sins, les asso­cia­tions, mutua­li­sa­tion des moyens). Elle revient sur deux pro­blé­ma­ti­ques impor­tan­tes, celles du choix et du mar­quage des col­lec­tions à sauver en prio­rité.

Catherine Cottin, Jean Pascal Foucher, Christine Martinez et Hélène Girard



Jean-Pascal FOUCHER et Catherine COTTIN (AD Orne) ren­dent compte du plan d’inter­ven­tion d’urgence conçu dans le cadre du nou­veau bâti­ment des AD de l’Orne, récem­ment mis à l’épreuve d’une inon­da­tion bru­tale. Le plan d’urgence, qu’une poli­ti­que glo­bale de conser­va­tion pré­ven­tive peut favo­ri­ser, est moins une ques­tion de budget qu’une affaire de temps et de moti­va­tion. Les dif­fé­rents manuels et outils exis­tants sont évoqués, ainsi que les stages de for­ma­tion suivis et les col­la­bo­ra­tions créées au plan local (pom­piers, direc­tions tech­ni­ques du Conseil géné­ral, ser­vice de la sécu­rité civile de la pré­fec­ture). De l’ana­lyse des ris­ques à la ges­tion des consé­quen­ces, les dif­fé­ren­tes étapes ont été défi­nies et décri­tes, maté­ria­li­sées en fiches action et fiches réflexe. Le docu­ment de syn­thèse doit être court (pas plus de 20 pages) et les mis­sions, res­trein­tes à 4 ou 5 par per­sonne. Le pro­blème de l’équipement d’inter­ven­tion et du mode de com­mu­ni­ca­tion vis-à-vis du public et de l’admi­nis­tra­tion est à régler en amont.



Autre exem­ple de plans d’évacuation et d’urgence, ceux élaborés en Seine-et-Marne pour les Archives dépar­te­men­ta­les et pour un musée dépar­te­men­tal. Après la pré­sen­ta­tion du contexte géné­ral par Isabelle RAMBAUD (DAD Seine-et-Marne) (taux d’inter­ven­tion des cen­tres du SDIS, mise en œuvre du Document unique de pré­ven­tion des ris­ques au sein de la col­lec­ti­vité et dési­gna­tion de réfé­rents hygiène et sécu­rité), Cécile FABRIS évoque les condi­tions d’élaboration du plan d’urgence des AD : ins­crip­tion au projet de ser­vice, recours aux manuels et aux stages, par­te­na­riat avec les ins­ti­tu­tions cultu­rel­les, la pré­fec­ture, le SDIS, les pres­ta­tai­res (assu­ran­ces, entre­pri­ses loca­les). Le plan fait l’objet d’un suivi per­ma­nent et d’un contrôle des réflexes par des tests pra­ti­ques. Dans le cas du musée dépar­te­men­tal, le plan d’action com­porte la sur­veillance du bâti­ment, la pré­ven­tion des ris­ques (astrein­tes, alar­mes, vigi­lance), la loca­li­sa­tion des œuvres (réco­le­ment), l’inter­ven­tion contre l’incen­die à asso­cier à l’évacuation des per­son­nes et des œuvres, la dis­po­ni­bi­lité des condi­tion­ne­ments et des maté­riels. La culture du risque exige prag­ma­tisme et volon­ta­risme, autant que patience et vigi­lance.
Auteur d’une enquête sur la pré­ven­tion des ris­ques parue dans la Gazette des com­mu­nes (9 juillet 2007), Hélène GIRARD, jour­na­liste, fait le bilan des témoi­gna­ges col­lec­tés, insis­tant sur le carac­tère varia­ble de la ter­mi­no­lo­gie et sur le fon­de­ment que cons­ti­tue une bonne connais­sance de son bâti­ment. Elle note que le plan d’urgence est sou­vent conçu et dif­fusé avant le plan de pré­ven­tion. Le tra­vail coo­pé­ra­tif à l’échelle d’un ter­ri­toire, asso­ciant biblio­thè­ques, musées et ser­vi­ces d’archi­ves, appa­raît à beau­coup comme d’un meilleur impact vis-à-vis des ser­vi­ces tech­ni­ques. Travailler sur un plan d’urgence revient fina­le­ment à des consi­dé­ra­tions au cœur du métier de la conser­va­tion.

En conclu­sion, Christine MARTINEZ, pré­si­dente de l’AAF, sou­li­gne l’exper­tise fran­çaise, au regard d’une grande partie du monde, en matière de conser­va­tion pré­ven­tive. Elle insiste sur l’inté­rêt des dif­fé­ren­tes inter­ven­tions qui peu­vent se rap­por­ter à une inter­ro­ga­tion plus fon­da­men­tale : quand doit-on recou­rir à l’assis­tance à la maî­trise d’ouvrage ? La conser­va­tion pré­ven­tive amène à cons­ti­tuer des équipes plu­ri­dis­ci­pli­nai­res et plu­riel­les, à défi­nir de nou­veaux pro­fils et à s’appuyer sur la mutua­li­sa­tion et la soli­da­rité pro­fes­sion­nelle.
Au nom des orga­ni­sa­teurs de la sec­tion AD de l’AAF, des inter­ve­nants et des audi­teurs, elle exprime la reconnais­sance de l’asso­cia­tion pour l’accueil excep­tion­nel réservé, par la direc­tion et l’ensem­ble du per­son­nel des AD d’Ille-et-Vilaine, à l’édition 2008 des RASAD.

Isabelle CHAVE (DAD Vosges)
Bureau de la sec­tion AD de l’AAF

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