#AAFSaintÉ19 : appel à communication jusqu’au 15 septembre 2018

La troisième édition du Forum des archivistes qui se déroulera à Saint-Étienne les 3, 4 et 5 avril 2019 sera l’occasion de dresser le bilan des pratiques archivistiques actuelles, à l’aune de la question de la transparence, et d’analyser les perspectives à venir, tout en favorisant le dialogue avec les utilisateurs des documents et données que les archivistes contribuent à conserver, ainsi qu’avec les autres professions qui participent à la production de l’information.

mercredi 20 juin 2018
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Lancé le 20 sep­tem­bre 2011 à l’échelle mon­diale, l’Open Government Partnership adop­tait une décla­ra­tion pour un gou­ver­ne­ment ouvert qui sou­li­gnait en tout pre­mier lieu l’impor­tance d’une « action publi­que plus trans­pa­rente et col­la­bo­ra­tive ». Au même moment, le gou­ver­ne­ment fran­çais tra­vaillait à la mise en appli­ca­tion de l’arti­cle 225 de la loi Grenelle II du 12 juillet 2010, qui impo­sait aux entre­pri­ses d’être plus trans­pa­ren­tes sur leurs enga­ge­ments en matière de res­pon­sa­bi­lité sociale et envi­ron­ne­men­tale.

La trans­pa­rence s’est impo­sée dans notre société des années 2010 comme un des paran­gons du pro­grès social. Impliquant un accès faci­lité aux infor­ma­tions pro­dui­tes par les per­son­nes phy­si­ques ou mora­les, publi­ques comme pri­vées, dans le cadre de leurs acti­vi­tés, l’obli­ga­tion de trans­pa­rence est direc­te­ment liée au tra­vail des archi­vis­tes. Du sec­teur privé ou du sec­teur public, char­gés d’archi­ves his­to­ri­ques ou de docu­ments cou­rants, ces der­niers sont au cœur de la chaîne de trans­mis­sion de l’infor­ma­tion.

La base du tra­vail de l’archi­viste est depuis long­temps de mettre à dis­po­si­tion des infor­ma­tions, d’abord à des­ti­na­tion de son employeur, puis du grand public, comme l’a très clai­re­ment affirmé à la Révolution la loi du 7 Messidor an II. Depuis lors, l’archi­viste a accom­pa­gné le désir gran­dis­sant de la société d’accé­der à une meilleure connais­sance d’elle-même. Les archi­vis­tes ont été aux pre­miè­res loges pour cons­ta­ter un ren­for­ce­ment de l’inté­rêt des indi­vi­dus pour un usage très per­son­nel des archi­ves.

La généa­lo­gie en est la tra­duc­tion la plus ancienne et la plus visi­ble, dont l’attrait ne se dément pas. Mais on voit également des lec­teurs qui déci­dent de recher­cher plus d’infor­ma­tions sur l’his­toire de leur maison ou de leur ville. Cette recher­che indi­vi­duelle peut aussi être moti­vée par un besoin juri­di­que, sou­vent impé­rieux et urgent, de prou­ver un droit indi­vi­duel.

Partant de la pra­ti­que de mise à dis­po­si­tion des docu­ments en salle de lec­ture, les archi­vis­tes se sont plei­ne­ment empa­rés ces der­niè­res années des pro­grès tech­no­lo­gi­ques pour amé­lio­rer l’accès aux docu­ments qu’ils conser­vent et s’en faire de véri­ta­bles média­teurs. Ainsi, le numé­ri­que a été un fac­teur impor­tant pour donner aux archi­ves une visi­bi­lité iné­dite, notam­ment par la mise en ligne d’archi­ves numé­ri­sées et l’uti­li­sa­tion des réseaux sociaux.

Un saut qua­li­ta­tif et quan­ti­ta­tif a été fait en matière d’accès : les archi­vis­tes don­nent accès à beau­coup de don­nées et docu­ments en ligne et four­nis­sent plus d’expli­ca­tions sur la manière de les retrou­ver. Les archi­vis­tes ont également pris des ini­tia­ti­ves visant à démo­cra­ti­ser l’accès aux archi­ves et à faire tomber les bar­riè­res socio­cultu­rel­les qui le limi­tent (des ser­vi­ces éducatifs et de média­tion à des ini­tia­ti­ves plus ori­gi­na­les, comme les jeux sous forme d’enquê­tes poli­ciè­res dans les archi­ves).

Mais la trans­pa­rence promue aujourd’hui n’est pas sans limite. La ques­tion se pose de l’équilibre à trou­ver entre ses béné­fi­ces et la pro­tec­tion de cer­tains secrets, dont l’uti­lité est reconnue par la loi. Cette fron­tière déli­cate à trou­ver, qu’expri­mait déjà l’arti­cle 4 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen (« La liberté consiste à pou­voir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui »), les archi­vis­tes ont cons­cience de son his­toire, qui ne date pas des débats d’aujourd’hui. La pre­mière loi fran­çaise sur les archi­ves depuis la Révolution a pré­ci­sé­ment émergé au tour­nant des années 1978 et 1979, accom­pa­gnée des légis­la­tions garan­tis­sant l’accès aux docu­ments admi­nis­tra­tifs et la pro­tec­tion des don­nées à carac­tère per­son­nel. Agent ins­ti­tu­tion­nel chargé d’appli­quer le droit, l’archi­viste a été aussi dans ce contexte le gar­dien du temple, pro­tec­teur des secrets.

Cette posi­tion a pu mettre les archi­vis­tes en porte-à-faux avec le besoin de la société, sans cesse réaf­firmé, de dis­po­ser – dura­ble­ment et de plus en plus direc­te­ment – de sour­ces d’infor­ma­tions riches et com­plè­tes, cou­vrant tous les aspects d’une époque donnée afin de pou­voir recher­cher la vérité. Le débat actuel autour de la notion d’archi­ves essen­tiel­les et la consul­ta­tion du minis­tère de la Culture « Archives pour demain » mon­trent bien la per­sis­tance de ce besoin. La com­plexité du tra­vail de l’archi­viste, de ses contrain­tes et de ses métho­des, sou­vent mal connues du grand public, ont pu également ren­for­cer le soup­çon qu’il cachait quel­que chose.

Aujourd’hui, accé­der à l’infor­ma­tion, ce n’est plus seu­le­ment pou­voir recher­cher la vérité, c’est aussi un moyen d’agir effi­ca­ce­ment au quo­ti­dien. Comme le numé­ri­que, encore plus via nos smart­pho­nes, nous permet un accès per­ma­nent et immé­diat à l’infor­ma­tion, il a fait naître une soif d’usages quo­ti­diens nous per­met­tant de mieux maî­tri­ser notre envi­ron­ne­ment. Le mou­ve­ment de l’open data en est la mani­fes­ta­tion la plus visi­ble, dont l’arti­cu­la­tion avec le tra­vail des archi­vis­tes reste à concré­ti­ser.

Ce récit suc­cinct du rôle des archi­vis­tes dans l’his­toire de la trans­pa­rence sou­lève déjà des inter­ro­ga­tions et méri­te­rait d’être appro­fondi à de mul­ti­ples endroits. Mais on per­çoit également une évolution même de ce que recou­vre la trans­pa­rence, sous l’effet de la « désin­ter­mé­dia­tion » pré­ten­du­ment per­mise par le numé­ri­que. L’archi­viste, comme d’autres acteurs de la pro­duc­tion, de la conser­va­tion et de la trans­mis­sion des sour­ces d’infor­ma­tion (diri­geants publics et privés, infor­ma­ti­ciens, his­to­riens, socio­lo­gues, eth­no­lo­gues, data scien­tists, lan­ceurs d’alerte, jour­na­lis­tes, hommes poli­ti­ques…), voit son rôle de tiers de confiance remis en cause par des usa­gers de plus en plus variés.

Même s’il s’agit d’un forum pro­fes­sion­nel d’archi­vis­tes, il serait par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sant que cet événement ne soit pas seu­le­ment l’occa­sion d’une réflexion sur les pra­ti­ques pro­fes­sion­nel­les archi­vis­ti­ques, mais également d’un par­tage avec les usa­gers et avec les pro­fes­sions qui par­ti­ci­pent de la pro­duc­tion de l’infor­ma­tion dans notre société, afin de croi­ser les ana­ly­ses et les expé­rien­ces.

Pour trai­ter l’ensem­ble de ces sujets, le comité scien­ti­fi­que a iden­ti­fié trois ques­tions, cha­cune décli­née en trois axes (pour décou­vrir en détails les pro­blé­ma­ti­ques cou­ver­tes par chacun des axes, nous vous invi­tons à consul­ter le docu­ment de réflexion pro­duit par le comité scien­ti­fi­que).

Question n°1 : Quels sont les besoins de la société civile en matière d’archi­ves ?

Axe 1.1 : Rechercher la vérité.

Axe 1.2 : Maîtriser la vie quo­ti­dienne.

Axe 1.3 : Mieux se connaî­tre.

Question n°2 : Comment l’archi­viste donne-t-il accès aux archi­ves ?

Axe 2.1 : Les efforts des archi­vis­tes pour mieux faire connaî­tre leurs fonds et les inno­va­tions en ce sens…

Axe 2.2 : … mais la per­sis­tance de la méconnais­sance de l’« ate­lier de l’archi­viste ».

Axe 2.3 : Le tra­vail des archi­vis­tes face aux défis du numé­ri­que.

Question n°3 : Le droit garan­tit-il l’équilibre entre la trans­pa­rence et la pro­tec­tion des autres inté­rêts, par­ti­cu­liers et géné­ral ?

Axe 3.1 : Le droit de l’accès aux archi­ves et de la dif­fu­sion des infor­ma­tions.

Axe 3.2 : Les droits limi­ta­tifs de l’accès aux archi­ves ou de la dif­fu­sion de l’infor­ma­tion.

Axe 3.3 : Le droit de la confiance dans la sin­cé­rité des moyens du numé­ri­que.

Pour can­di­da­ter, veuillez lire les https://forum.archi­vis­tes.org/pro­gramme/appel-a-contri­bu­tion/a-lire-avant-de-can­di­da­ter/ et pro­po­ser une com­mu­ni­ca­tion ou un ate­lier grâce aux for­mu­lai­res.

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