Madame la Ministre,
20 jours après que l’Association des archivistes français s’est inquiétée de l’absence prolongée de directeur à la tête des Archives de France, voici que vous annoncez par l’intermédiaire du comité technique ministériel que la période estivale va être l’occasion d’un audit de toute la direction générale des Patrimoines de votre ministère.
Un audit peut certes se concevoir quand on prend en main une administration, mais pourquoi ne pas l’avoir mené plus tôt ? Et pourquoi le réaliser ainsi, sur une période de deux mois en plein creux estival ? Oserait-on supposer que les réponses aux questions soulevées sont déjà écrites, et qu’il s’agit d’un prétexte pour ne pas pourvoir des postes pourtant stratégiques, laissant sciemment ou non la situation se dégrader non seulement dans les services concernés mais aussi dans tout le réseau des archives ?
Par ailleurs, rappelons-le une nouvelle fois, les archives ont certes une dimension patrimoniale mais elles ont également une dimension sociétale forte en ce qu’elles permettent aux organisations et aux citoyens de prouver leurs droits et qu’elles garantissent la transparence de l’action publique : ces caractéristiques doivent impérativement guider les choix d’organisation. À cet égard, priver les Archives de France de direction, et ne pas pourvoir les postes, c’est faire courir un risque important au fonctionnement démocratique et à l’état de droit.
Madame la Ministre, cette situation ne peut plus durer.
L’Association des archivistes français, portant la voix de toute une profession, souhaite donc être rassurée quant à la volonté du Gouvernement de prendre réellement et sérieusement en compte les enjeux patrimoniaux, sociétaux et professionnels d’une éventuelle réorganisation de votre ministère et, pour ce faire et dans un premier temps, souhaite être entendue par la mission Belaval.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma haute considération.
Pierre-Frédéric BRAU, président de l’AAF