Les archivistes montent au créneau contre la RGPP - Interview audio Christine Martinez, présidente de l’AAF
L’Association des archivistes français (AAF) a mis en ligne le 20 juillet une pétition pour dénoncer la disparition programmée de la direction des archives de France (DAF), dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP).
La réorganisation de l’administration centrale du ministère de la Culture prévoit d’intégrer le réseau des archives publiques et son expertise dans une grande direction générale dédiée aux « patrimoines ».
L’AAF estime que cette réforme remet en cause, à moyen terme, la visibilité de la fonction « archives », voire son existence même. D’autant qu’elle « s’accompagne d’une baisse réelle des effectifs ».
Cette pétition fait suite aux communiqués publiés successivement par l’AAF en février et juillet 2008 ainsi qu’en juin 2009, et à la pétition lancée en novembre 2008 par l’Intersyndicale CFDT-CFTC–CGT pour réclamer le maintien de la DAF.
Pour Christine Martinez, présidente de l’AAF et responsable des relations internationales de la DAF, la réforme en cours conduit à accentuer la dimension patrimoniale des archives, au détriment de leur dimension opérationnelle, en tant qu’outil de gouvernance administrative.
Pour écouter la réponse de Christine Martinez
L’AAF espérait que la RGPP serait l’occasion d’une vaste réflexion sur l’exercice et le positionnement de la profession. Depuis plusieurs années, l’association s’attache à faire valoir le rôle des archivistes tout au long de la chaîne de production des archives, depuis la création du document jusqu’à sa mise en communication publique.
Pour conforter la profession, elle a élaboré, en 2008, un référentiel-métier, qui décrit toutes les activités des archivistes, quel que soit leur cadre professionnel (DAF, services de l’Etat, collectivités, entreprises).
Concernant le rôle de la Direction des archives de France, elle n’a de cesse de rappeler la fonction scientifique qu’elle exerce, notamment auprès des collectivités.
Certes, comme en convient Christine Martinez, le ministère de la Culture promet que les conditions d’exercice de la profession vont rester inchangées et que la tutelle scientifique assurée jusqu’à présent par la direction des archives de France – et à laquelle les archivistes municipaux sont très attachés - ne sera pas remise en cause.
Mais l’AAF craint que l’Etat ne se donne pas les moyens d’exercer ce rôle.
Pour écouter la réponse de Christine Martinez
L’AAF souligne que l’incidence de la disparition de la direction des archives de France ne touche pas que les professionnels : les citoyens, eux-aussi, sont concernés, dans l’exercice de leur droit d’accès aux documents. C’est pourquoi l’association considère qu’« on détruit un outil indispensable de la démocratie », constat que sa pétition met en exergue.
Pour nous illustrer ce propos, Christine Martinez prend l’exemple de l’application de la loi du 15 juillet 2008 sur les archives. Texte qui pose le principe de la libre communicabilité de l’ensemble des archives publiques à toute personne et réduit fortement les délais de communication.
Pour écouter la réponse de Christine Martinez
L’AAF a prévu de clore la campagne de signatures de sa pétition le 31 janvier 2010.
RGPP culturelle : un ministère, trois directions
Les principales mesures de révision générale des politiques publiques (RGPP) concernant le ministère de la culture ont été prises en décembre 2007 par le Conseil de modernisation des politiques publiques. La refonte de l’organigramme de l’administration centrale se traduit par la création trois grandes directions : patrimoines, création artistique, média et industries culturelles.
« Elle participe au non remplacement d’un départ à la retraite sur deux », précise le site de la RGPP. La réforme prend en compte la révolution numérique, son impact sur le développement de nouvelles offres et sur les industries culturelles. Elle passe également par la prise en charge plus efficace des enjeux juridiques et économiques de la création et de la culture dans une approche européenne. » Le gouvernement compte ainsi repositionner les services centraux du ministère de la culture sur des axes stratégiques et améliorer ses capacités de pilotage opérationnel.
Hélène Girard