Communiqué de presse du 26 mai 2014
Archives, histoire et mémoires des quartiers : la coopération des acteurs de terrain sera-t-elle soutenue par les ministères concernés ?
D’ici quelques jours, la ministre Najat Vallaud-Belkacem devrait dévoiler, dans quelques jours, la carte des 1 300 quartiers prioritaires pour la politique de la Ville (au lieu de 2500 auparavant). L’histoire et la mémoire des quartiers ont été inscrites dans la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine adoptée le 13 février 2014...
L’Association des archivistes français (AAF) et le Réseau Mémoires-Histoires en Ile-de-France (RMH-IdF) ont co-organisé, le 6 mai dernier, à Paris, la journée « Archives, histoire, travail de mémoire et politique de la ville : quels modes de coopération pour quelles politiques publiques ? ». Des projets, des pistes, des acteurs existent d’ores et déjà....
Par-delà les réactions avant ou après la publication du rapport Blanchard et d’autres, la vocation de cette journée était de mettre en avant ce qui a été fait, est fait ou est en train de se faire, à partir des compétences de chaque réseau d’acteurs de terrain et de promouvoir et développer les différentes pistes de coopération.
Quatre types de réseaux d’acteurs ont été identifiés et contactés : services d’archives, historiens et centres de recherche, associations conduisant un travail de mémoire, professionnels et acteurs de la politique de la ville mènent projets et actions, tentent d’inscrire leur démarche dans la durée, approfondissent leur coopération, décloisonnent et mutualisent leurs pratiques pour développer de l’intelligence collective .
Chacun des 4 réseaux identifiés est confronté à des difficultés pour travailler avec les autres : des expériences, réussies ou pas totalement, sont intéressantes à mettre en dialogue dans une démarche de mutualisation... Et, au-delà de chacun de ces réseaux, c’est l’ensemble des professionnels de l’information ou du patrimoine, toute la communauté scientifique (en tout cas en sciences humaines et sociales), l’ensemble du monde associatif et culturel qui sont concernés....
Les archivistes, tous municipaux (Nantes, Pantin, Lyon, Villeurbanne), sans oublier les articulations possibles avec les autres échelons territoriaux (départementales et nationales) ou structures d’archives privées, ont commencé à montrer comment le rôle d’acteurs à part entière de ces politiques publiques va bien au-delà du rôle de constitution et valorisation des sources. Ils posent même la question de la co-construction avec les habitants.
Les historiens (Annie Fourcaut, Sébastien Jolis, Gérard Noiriel), dont certains pionniers dans leurs domaines (histoire urbaine pour la première, histoire de l’immigration pour le dernier), ont insisté sur la nécessité de reconnaitre la spécificité de leurs compétences scientifiques, comme meilleure garantie d’une bonne coopération loin des dérives du rapport Blanchard qu’ils ont tenu à rappeler. La présence d’un doctorant a permis aussi de poser la question du financement des recherches et l’articulation avec la collecte d’archives privées encore présentes dans leurs organismes producteurs.
Les différents responsables associatifs (Réseau Mémoires Plurielles - Histoire et Cultures des immigrations en Région Centre, Association Approches, Cultures et Territoires-ACT -Marseille-, Réseau Mémoires-Histoires en Ile-de-France) ont posé la question de l’articulation entre les territoires et le travail de mémoire engagé sur le terrain, la nécessaire conjugaison des logiques associatives avec les logiques patrimoniales et scientifiques.
Pour les professionnels du développement social urbain, Bénédicte Madelin, pour les centres de ressources de la politique de la ville, et Jean-Pierre Roger, pour l’Inter-Réseaux-Développement Social Urbain, ont pu rappeler l’intérêt pour ces questions de tels professionnels depuis le colloque de Toulouse (2000). La spécificité du positionnement de ces professionnels peut les placer dans un rôle de vigilance quant à la pérennisation et à l’aspect coopératif des dits projets mémoires.
En conclusion (provisoire), a été évoquée et débattue, parmi d’autres idées d’outils communs (formations, guide des sources, ...), l’idée d’un répertoire permanent des projets mémoires pour repérer, recenser et promouvoir les projets archives-histoire-mémoires des quartiers (ceux qui l’ont été, le sont ou vont l’être).
Tous les acteurs de terrain présents demandent des politiques publiques la reconnaissance, et donc l’accompagnement et le soutien, de leurs dynamiques collectives. La visibilité et la lisibilité attendues doivent donner écho et force, sur le plan national, à ce foisonnement d’initiatives locales. Nous souhaitons que l’histoire et la mémoire des quartiers soient réellement prises en compte dans la nouvelle politique de la Ville à venir et nous serons vigilants et force proposition quant aux mesures et appels à projets annoncés.