Quelle est votre mission dans la section Archives économiques et d’entreprises ou dans l’Association des archivistes français (AAF) ? Qu’est-ce qu’elle vous apporte et qu’en retirez-vous ?
Membre actif de la commission archives électroniques (CAE), chargée des questions d’organisation (les réunions ayant toutes lieu au sein du cabinet Shearman & Sterling).
La CAE a un environnement très ouvert où tout est à construire : le bureau nous accorde une grande liberté et nous sommes force de proposition sur l’archivage électronique ce qui constitue un challenge très enrichissant. Au fil des ans, la CAE a permis de tisser de fort liens entre ses membres : c’est devenu un réseau en soi. En cas de besoin, d’aide, de conseils (et peut importe le sujet), les membres peuvent se contacter… Il y en aura toujours un qui dans ses connaissances ou son propre réseau aura un contact en mesure de répondre à la demande.
Le groupe des archivistes juridiques que j’ai créé en 2006 est un lieu d’échange et de partage dans un secteur où l’archiviste est peu présent et où les autres professionnels de l’information sont mieux représentés et organisés. Tout est à faire en matière de pratique, de procédures,…
Comment définiriez-vous le métier d’archiviste ? Quelle expression pourrait le résumer ?
Il s’agit d’un métier complexe qui nécessite de se tenir sans cesse à la pointe de l’information et ce de part l’évolution rapide des technologies, des supports, de l’environnement légal,… C’est un métier de gestionnaire où il faut savoir faire preuve de flexibilité tout en défendant ses idées et ses pratiques. Il faut être combatif et savoir relever les défis. Enfin, il faut être un communiquant hors pair pour se faire connaître, faire connaître son métier, ses savoirs et savoir-faire.
Un métier en pleine évolution qui nécessite un degré important d’adaptabilité
Pourriez-vous nous présenter votre parcours et votre situation actuelle ?
J’ai d’abord suivi la Licence et Maîtrise Mecadocte à Mulhouse pour ensuite incorporer le DESS Techniques d’Archives et de Documentation de Mulhouse, promotion 1999/2000.
Pendant 13 mois, j’ai travaillé comme archiviste dans le service de Records Management d’Archon Group France (filiale de Goldman Sachs).
Depuis juillet 2001, je suis responsable archives au sein du cabinet Shearman & Sterling (création de poste) et depuis novembre 2008, également responsable du service de numérisation (création ex-nihilo). En sus, je suis également chargée de tous les projets de travaux-aménagement-déménagements et de la gestion des espaces mis à disposition des avocats pour conserver leurs archives courantes.
Par ailleurs, je suis membre de la CAE depuis sa création en 2004, j’ai crée le groupe des archivistes du secteur juridique en octobre 2006 et en tant que membre de l’Association pour le Développement de l’Informatique Juridique (ADIJ), je participe depuis 2006 à différents groupes de travail centrés sur l’archivage électronique.
Enfin, je suis chargée de cours à l’université Paris X-Nanterre où je dispense aux étudiants de master 1 Information-Documentation des cours de Management des systèmes d’information documentaire et ce depuis 2007.
Pouvez-vous nous décrire votre travail au quotidien ? Qu’est-ce qui vous plaît dans votre travail ?
Il serait hasardeux de décrire mon travail au quotidien car aucune journée ne se ressemble. Les avocats ont pour habitude de travailler dans l’urgence et donc tout peut arriver : la volonté de consulter 15 conteneurs, la nécessité d’archiver 100 conteneurs, l’arrivée d’un nouveau collaborateur avec de nombreux documents qu’il faut pouvoir stocker, une demande de conseil d’un bureau européen, la préparation d’un envoi d’archives en stockage off-side, une formation à la procédure de versement et de consultation, une réorganisation des espaces, un déménagement de collaborateurs (et donc de documents), une recherche dans les bases de connaissance créée grâce au service de numérisation, la planification des demandes de numérisation ou lors des closing, les échanges avec les knowledge manager et le service information au sujet de l’intranet, des bases de connaissance ou de l’achat d’un nouveau matériel, des questions de secrétaires quand à l’archivage ou à la destruction des dossiers, l’organisation d’un envoi ou d’un rapatriement massif de documents dans le cadre d’audiences ayant lieu à l’étranger,…. Et j’en passe !
Plus d’une quinzaine de nationalités sont représentées il faut donc savoir composer avec les uns et les autres et expliquer aux avocats les fondamentaux de l’archivage « à la française » !
L’intérêt d’une structure à taille humaine réside dans l’implication des chefs de service dans les décisions prises et cela peut importe le sujet : je suis donc régulièrement consultée sur différents sujets ayant traits à l’organisation et à la gestion ce qui est très enrichissant. Le système hiérarchique est au final peut présent : ce sont les compétences que l’on reconnaît et que l’on développe ce qui motive !
Quelles sont, pour vous, les évolutions fortes et l’avenir de ce métier ?
Les nouvelles technologies, les liens de plus en plus importants dans les organisations entre le KM, les archives, la documentation, la crise qui oblige à jongler avec les compétences entraineront une évolution du métier qui accroitra sans doute l’indispensable polyvalence des archivistes. L’archiviste sera sans aucun doute électronique mais ne devra pas se détourner du papier qui n’est pas prêt de disparaître ! Enfin, à n’en pas douter, l’archiviste de demain sera un VRP des archives électroniques car il faudra qu’il poursuive sa démarche d’auto promotion pour montrer que les informaticiens sont indispensables mais ne peuvent en aucun cas traiter seuls du problème croissant de l’archivage des données numériques.
Quels sont vos sites Internet de prédilection que vous souhaitez recommander (sites qui vous sont propres et sites professionnels intéressants) ?
– Le site anglophone de l’Authority of Managing Records & Information (ARMA)
– L’association des professionnels de l’’information et de la documentation (ADBS)
– Légifrance
– Europa (site web officiel de l’Union européenne)
– Le site anglophone International Centre for Settlement of Investment Disputes (ICSID) :
– Les Archiveilleurs qui part leurs news quotidiennes font un excellent travail de dépouillage : twitter.com/archiveilleurs