Sous la direction de Sophie Monnier et Karen Fiorentino
Cinq ans après l’entrée en vigueur de la loi réformant le droit des archives et avant la discussion du projet de loi Patrimoine, le temps est venu d’apprécier l’impact de la réforme de 2008. Est-ce que cette réforme témoigne d’une rupture avec la législation antérieure ou s’inscrit-elle dans une continuité ?
Certaines problématiques sont récurrentes. Comment concilier l’exigence de transparence démocratique et le droit d’accès aux archives avec la protection des intérêts supérieurs de l’État et avec le droit au respect de la vie privée ?
La loi de 2008 n’a pas remis en cause l’existence de régimes spéciaux ou autonomes d’archives, elle en a même consacré de nouveaux, notamment en accordant un statut particulier aux archives des hommes politiques. Elle a par ailleurs introduit la notion controversée d’archives incommunicables, mais cette qualification ne recouvre-t-elle pas une réalité préexistante ?
La loi devait aussi relever de nouveaux défis. La diffusion des archives sur Internet renouvelle la question de la protection des données personnelles. Or, la consécration d’un droit à l’oubli au travers de l’anonymisation des données risque de priver les archives de tout intérêt scientifique et historique. La découverte de la valeur marchande des archives conduit à s’interroger sur leurs conditions de réutilisation en tant qu’informations publiques. Faut-il un statut dérogatoire pour les services culturels ? La légalisation de l’externalisation de la gestion des archives courantes et intermédiaires publiques augure-t-elle d’une privatisation du service ? La dématérialisation des supports a-t-elle pour conséquence de repenser le droit d’auteur et le droit de la preuve ?
Mémoire d’une communauté et source d’histoire, les archives soulèvent des débats, parfois passionnés, concernant aussi bien les hommes politiques, les chercheurs, les archivistes que les simples citoyens, principaux usagers de ce service public. Sans nul doute, le régime des archives publiques sera source de réflexion pour les décennies à venir, compte tenu des enjeux liés à la numérisation
SOMMAIRE
– Avant-propos par Sophie Monnier et Karen Fiorentino
– Conférence d’ouverture par Hervé Lemoine
Une communication facilitée ?
– Les nouveaux délais de communication par Sonia Dollinger
– Le régime des dérogations par Marie-Françoise Limon-Bonnet
– Les archives incommunicables. Quel avenir pour une notion controversée ? par Christine Nougaret
– Diffusion des archives sur Internet et protection des données personnelles par Nathalie Mallet-Poujol
Fondements et légitimité des régimes spéciaux et des régimes autonomes
– Le régime spécial des archives parlementaires par Florence Roussel, Hélène Saudrais et Cécile Daussun
– Les archives du pouvoir exécutif, de la loi de 1979 à la loi de 2008 par Bernard Quiriny
– Les archives hospitalières par Virginie Gourraud
– L’autonomie des services d’archives du ministère de la Défense par Anne-Sophie Maure
Privatisation et archives publiques : des notions compatibles ou antinomiques ?
– À propos de la définition juridique des archives publiques et des documents administratifs par Édouard Bédarrides
– À la recherche des archives publiques en France par Vincent Duclert
– Les archives publiques par Jean-Marie Pontier
– L’externalisation de la gestion des archives par Isabelle Vernus
– Privatisation et archives publiques, des notions compatibles ou antinomiques ? par Marie Cornu
Les enjeux de la dématérialisation
– Archives, droit d’auteur et supports numériques par Véronique Parisot
– Questions juridiques posées par l’écrit numérique par Françoise Banat-Berger
– 2008-2013 : de la loi sur les archives au nouveau projet de loi patrimoines par Marie Ranquet