L’AAF organise le premier Forum des archivistes à Angers du 20 au 22 mars 2013.
Il répondra à différentes caractéristiques : réunir tous les professionnels des archives dans un espace dédié et présenter des conférences, ateliers, tables rondes animés par des professionnels des archives.
Il permettra également de disposer d’un espace partenaires (commerciaux et non commerciaux) et d’un espace d’échange informel afin de valoriser l’archiviste et ses réalisations, d’organiser l’Assemblée générale, l’élection du nouveau Conseil d’administration et du nouveau Président de l’AAF, de profiter d’un temps associatif consacré aux sections et commissions composant l’Association et d’un programme convivial, de visites et de soirées organisées.
Cet événement, qui réunira tous les archivistes, quels que soient leur statut ou leur provenance, offre une occasion unique de réfléchir à des problématiques communes et de les porter sur la place publique (le forum).
5 thèmes vous sont proposés :
– Thème 1. Les échelles : collecte, structure, concentration
– Thème 2. Quels modèles économiques pour les archives ?
– Thème 3. Traitement des archives : nouvelles archives, nouvelles pratiques ?
– Thème 4. Nouveaux rapports aux publics
– Thème 5. Archives et archivistes : représentations et regards
Retrouvez les réflexions associées à ces thèmes dans l’appel à communication et faites entendre votre voix : proposez vous-même une contribution ou bien suggérez un contributeur grâce au mode d’emploi.
Bienvenue à Angers 2013 !
Thème 1. Les échelles : collecte, structure, concentration
Les réorganisations institutionnelles (Révision générale des politiques publiques – RGPP ; Réorganisation de l’administration territoriale de l’État – RéATE ; Réforme territoriale des collectivités locales) et la concentration des entreprises à l’échelle européenne voire mondiale pour abaisser les coûts, dominer le marché et se protéger des concurrents modifient en profondeur la place du service d’archives au sein de son organisation.
Le service d’archives, qui se doit de rester au plus près des modes de gestion de ses producteurs pour collecter et contrôler, se trouve ainsi au cœur des réflexions stratégiques de gouvernance.
– L’organisation actuelle des services d’archives est-elle toujours adaptée à un paysage institutionnel et économique -désormais- en perpétuelle évolution, qu’il s’agisse de l’organisation et des compétences territoriales des services publics, ou des fusions, scissions ou acquisitions pour les entreprises ?
– Quelle est la place du service d’archives français dans une entreprise supra nationale ?
– Du point de vue fonctionnel, doit-on s’orienter vers une séparation du service d’archives en deux entités distinctes à l’anglo-saxonne, avec un records manager chargé de la collecte et du contrôle des documents d’activité de son organisation ; et un archiviste à la tête d’une institution patrimoniale chargée d’accueillir et de valoriser les archives définitives d’un territoire, d’une entité… (concentration verticale pour les fonctions ou mutualisation horizontale pour les territoires) ? Verra-t-on les services d’archives passer d’une fonction de conservation à celle de pilotage et de régulation ?
– Les technologies de l’information peuvent-elles offrir aux différents publics un accès simplifié à un patrimoine archivistique qui se complexifie dans sa production, dans sa collecte et par conséquent dans sa mise à disposition ?
Thème 2. Quels modèles économiques pour les archives ?
Depuis la Révolution française, les archives publiques sont considérées comme un patrimoine commun à l’ensemble de la nation. Au-delà même du phénomène des nationalisations, les archives des entreprises et des autres acteurs sociaux privés ont souvent été perçues comme faisant partie du patrimoine commun à l’ensemble de la société.
La crise de l’État providence, la marchandisation croissante de biens considérés comme communs, l’irruption de l’économie numérique, l’externalisation de tout ou partie de la chaîne archivistique, la redéfinition de l’intérêt général amènent à penser ou repenser la possibilité, voire la nécessité d’un modèle économique des archives.
Que ce soit dans une logique organisationnelle (administrative ou d’entreprise), juridique ou patrimoniale, les archivistes, comme les autres professions de l’information, doivent apporter la preuve d’une valeur ajoutée dans leur traitement de l’information.
L’ « infobésité », accentuée par le développement de l’Internet et du multimédia, rend encore plus nécessaire l’apport de professionnels pouvant renforcer l’intelligence collective.
Cette valeur ajoutée doit-elle se traduire par une individualisation de la consommation d’informations, voire par le développement de produits dérivés et d’une politique tarifaire tendant vers l’auto-financement et le renforcement de nouveaux marchés ? La nécessité de « défendre » son budget, dans un contexte contraint, est de plus en plus forte …
Ou doit-elle être pensée comme l’enrichissement collectif de « biens communs de la connaissance » à financer par les structures privées (ne serait-ce que pour leur image de marque ou leur politique de communication) et publiques (le citoyen-contributeur se substituant au client) ?
De quelle société de la connaissance les services d’archives veulent-ils être partie prenante ? Et de quels moyens, de quels projets se dotent-ils pour cela ? Comment chacun(e) a-t-il notamment abordé la question de la réutilisation des données publiques ?
Thème 3. Traitement des archives : nouvelles archives, nouvelles pratiques ?
Depuis l’arrivée des nouvelles technologies, les services d’archives font de plus en plus souvent face à des situations qui demandent une adaptation et une nouvelle connaissance des différents outils informatiques. Dans le contexte électronique, l’objet archivistique connaît en effet une mutation conséquente. Il ne s’agit plus seulement de conserver l’archive, mais aussi toutes les informations s’y rapportant, qu’elles soient techniques, descriptives, etc. Les données électroniques sont considérées le plus souvent comme des composantes des systèmes d’information pouvant avoir une valeur marchande susceptible d’augmenter au fil du temps. Dans ce contexte, comment l’archiviste peut-il être acteur et défendre la valeur probante de l’archive ? Comment appréhender et délimiter le périmètre de la collecte à l’heure où de nouvelles écritures numériques se diffusent et où le « document » numérique est sans cesse décomposé et recomposé ? La constitution d’archives électroniques ne peut-elle pas être aussi un moyen d’expression individuelle (nouvelles formes d’expression artistique, blogs, médias sociaux, etc.) dans l’open data où les frontières entre vie privée et vie publique tendent à s’estomper ?
La collecte des données informatiques est un véritable enjeu car elle conditionne pleinement leur authenticité, leur intégrité, leur traitement archivistique, leur pérennisation et leur communication sécurisée. L’archiviste ne doit-il pas s’interroger sur de nouvelles pratiques de tri et de description ? Comment continuer à appliquer le principe de respect des fonds et comment fournir des informations de contextualisation ? Comment mettre en place une politique de veille et de conservation numérique ? Ne faut-il pas concevoir de nouveaux modèles économiques pour les services d’archives en prenant en compte les exigences du développement durable et les solutions de mutualisation ? Ne faut-il pas repenser les bâtiments d’archives tant pour l’organisation des dépôts que pour les espaces d’accueil des publics ? Le contexte électronique démultiplie les modes d’accès à l’information. Les professionnels de l’information n’ont-ils pas une responsabilité encore plus grande dans l’apprentissage par les utilisateurs de l’interprétation des sources électroniques ? Ne doivent-ils pas s’orienter vers de nouvelles pratiques de médiation ?
Thème 4. Nouveaux rapports aux publics
Si la communication apparaît comme un enjeu dans l’histoire longue des services d’archives, publics comme privés, la question des « publics » ne s’est imposée que très progressivement au cours du XXe siècle. Les évolutions récentes questionnent la définition même du ou des public(s), - chercheurs ? lecteurs ? usagers ? clients ?etc. -, et la relation dynamique entre une profession et la société, à différentes échelles locale, nationale et internationale.
Contributions, témoignages et débats s’articuleront autour de trois grandes interrogations :
– La place des producteurs d’archives : comment évoluent les consultations par les services versants des administrations ? La notion d’archives « intermédiaires » a-t-elle toujours du sens à l’heure du record management ? Quelles sont les conséquences de l’évolution vers de nouveaux supports électroniques permettant aux producteurs de conserver eux-mêmes une large partie de l’information qu’ils produisent ? Comment évolue, dans la loi et la pratique, la consultation des déposants, tant privés que publics, dans les autorisations de consultations et l’octroi de dérogations ?
– L’évolution de la demande attire-t-elle vers les Archives des publics ayant des demandes et des caractéristiques distinctes, en termes de fonds à classer et ouvrir, ou encore de réponses et de relation au public ?
Comment gérer les sollicitations liées au besoin croissant de justifier des droits vis-à-vis de l’administration. Comment accueillir cette population davantage cliente ou utilisatrice d’un service que chercheuse ?
La démarche mémorielle à l’échelle individuelle ou collective, nationale ou transnationale, entraîne-t-elle de nouvelles demandes ? Quelle est notamment l’évolution de la démarche des généalogistes, au-delà de l’appétit bien identifié pour les archives d’état-civil et notariales ?
Comment la tension entre exigence d’accès et de transparence et protection de la vie privée est-elle vécue par les différents acteurs pour les archives contemporaines depuis la loi de 2008 ? Peut-on dire que les demandes des publics convergent vers toujours plus de dématérialisation (inventaires, documents numérisés), comment interpréter et gérer cet essor de l’accès à distance ?
– La dynamique de la démarche de valorisation, entre propositions faites en direction des publics et demande sociale en provenance des publics : comment évolue la relation avec les enseignants du primaire, du secondaire, du supérieur ? Les publications, les expositions évoluent-elles également vers une dématérialisation croissante au détriment du contact physique ou visuel avec les documents, comment penser la mise en scène des archives ? Faut-il aller au-devant de nouveaux publics ? Faut-il développer des expositions, des lectures d’archives, des ateliers éducatifs itinérants (dans les quartiers ou les communes) ? Comment valoriser le patrimoine via les réseaux sociaux et les sites de partage de photos ? Peut-on parler de valorisation collaborative ?
La question des publics peut également être reprise à travers le prisme de l’interculturalité : dans les sociétés contemporaines complexes, comment la perspective interculturelle influe-t-elle sur ce qui pourrait constituer un patrimoine archivistique commun ?
Thème 5. Archives et archivistes : représentations et regards
Longtemps considérées comme des « objets trouvés » par les historiens peu enclins à s’interroger sur le parcours du carton arrivant sur leur table, les archives sont entrées depuis quelques années dans le champ d’étude des sciences sociales. Dans le même temps, les archivistes davantage sollicités, voire exposés, dans la vie publique, ont mené une réflexion sur leur rôle social.
Contributions, témoignages et débats de ce thème s’articuleront autour de quatre grandes interrogations, à traiter sous forme de bilan ou de prospective :
– Qu’est-ce que les archives ? Au-delà de la définition donnée par la loi, l’évolution des pratiques soulève bien des questions sur la notion elle-même : quel est le sens et la pertinence du succès croissant du terme « Archive » au singulier ? La dématérialisation des données conduit-elle à une disparition des archives au profit de l’information ? A contrario, comment réfléchir sur le lien entre archives et patrimoine, jusqu’où étendre la matérialité des archives (photographies, instruments scientifiques, vêtement, etc.) ?
– Archives, politique et histoire : enjeu des politiques intérieures et des relations internationales depuis le Moyen Âge, les archives sont-elles considérées différemment par les pouvoirs publics depuis la fin du XXe siècle ? La « neutralité » politique de l’archiviste a-t-elle toujours un sens ? Quels ont été les impacts dans ce domaine des politiques de décentralisation, des transferts de souveraineté européens, de la judiciarisation croissante de la vie politique et économique, nationale comme internationale ?
– L’image de l’archiviste en France au XXIe siècle : comment est-il perçu par le citoyen, par l’historien professionnel ? Quels sont les apports de l’anthropologie et de l’ethnologie sur le métier d’archiviste (gestes de la collecte, du classement, de la destruction) ? Quel dialogue avec une conception « sauvage » ou sociale de ces mêmes gestes ? Qu’attend-t-on de l’archiviste au sein des organismes publics et privés ? Quelle image d’eux-mêmes et de leur profession les archivistes souhaitent-ils porter ? Quels sont les leviers dont ils disposent au sein de leur organisme (secteur public et privé) mais aussi des organisations professionnelles nationales et internationales pour la construire et la véhiculer ?
– Les archives saisies par l’écriture et l’art. : artistes et écrivains mobilisent les archives dans leur travail sur la mémoire, l’histoire politique ou familiale, les traces sensibles du passé. Philosophes et psychanalystes s’emparent de la notion. Comment la profession peut-elle dialoguer avec ces usages nouveaux ?
Modalités pratiques
Les contributions sont ouvertes aux professionnels des archives comme aux autres professionnels de l’information et aux partenaires : responsables administratifs, chercheurs, généalogistes, élus, artistes, etc.
Elles pourront prendre la forme de communication de type scientifique, de retours d’expérience en ateliers ou de « posters »/affiches.
Si vous souhaitez soumettre une intervention, veuillez-vous référer au mode d’emploi accompagnant cette présentation sur lequel vous pouvez y consigner votre proposition avant le 21 septembre 2012 à l’adresse commune à l’ensemble du comité scientifique : forumdesarchivistes@archivistes.org
Comité scientifique
Sous la présidence de : Roger Nougaret (BNP Paribas)
Avec :
Michèle Battisti (ADBS)
Sophie Coeuré (Université Paris 7 – Paris Diderot)
François Giustiniani (Archives départementales des Hautes Pyrénées)
Bénédicte Grailles (Université d’Angers)
Hélène Guichard-Spica (Archives nationales)
Charles Hervis (Revue française de Généalogie et d’Histoire des familles)
Jean-Philippe Legois (Archives communales de Saint-Ouen l’Aumône)
Ousmane M’Baye (EDF Archives)
Corinne Porte (Archives départementales de l’Ardèche)
Claire Sibille de Grimouard (Service interministériel des Archives de France)
Contacts
Alice Grippon et Aude Flores
(forumdesarchivistes@archivistes.org – 01.46.06.40.12)
Association des archivistes français
8 rue Jégo – 75013 Paris