La Gazette des archives n°267 (2022-3)

Archives audiovisuelles, réinventer les métiers du patrimoine

Rédaction de la Gazette des archives   mardi 31 octobre 2023
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L’audio­vi­suel est par­tout mais com­ment penser ce champ dis­ci­pli­naire en termes archi­vis­ti­ques ? Ce numéro montre et démon­tre com­ment les archi­ves audio­vi­suel­les réin­ven­tent les pra­ti­ques et les métiers à tra­vers les réflexions des pro­fes­sion­nels et des cher­cheurs. Les dimen­sions des archi­ves audio­vi­suel­les sont mul­ti­ples : docu­ments pour l’his­toire, éléments du patri­moine, objets tech­ni­ques et indus­triels, sup­ports à péren­ni­ser pour les géné­ra­tions futu­res, œuvres artis­ti­ques, archi­ves du cinéma, traces sur le temps pré­sent.
Les trois par­ties de ce numéro arti­cu­lent étroitement ces dimen­sions : les ins­ti­tu­tions face aux archi­ves audio­vi­suel­les, l’actua­lité de la péren­ni­sa­tion, les enjeux de l’archi­vage à tra­vers des études de cas. De ces échanges inter­dis­ci­pli­nai­res entre archi­vis­tes, cher­cheurs, artis­tes, res­tau­ra­teurs et mili­tants émergent des réflexions renou­ve­lées et nova­tri­ces sur des pra­ti­ques archi­vis­ti­ques en pleine muta­tion numé­ri­que.

Ce numéro a été coor­donné par Audrey Bodéré-Clergeau, Aurélien Durr, Pascal Legrand-Guillet et Martine Sin Blima-Barru.


SOMMAIRE

Les ins­ti­tu­tions patri­mo­nia­les face aux archi­ves audio­vi­suel­les

 Les archi­ves audio­vi­suel­les. (Ré)Concilier pro­duc­tion indus­trielle, nou­vel­les tech­no­lo­gies et archi­vis­tes, par Martine SIN BLIMA-BARRU

 Les archi­ves audio­vi­suel­les, un ter­ri­toire pour la recher­che, par Julie GUILLAUMOT et Stéphanie-Emmanuelle LOUIS

 La place des archi­ves sono­res et audio­vi­suel­les en Archives dépar­te­men­ta­les, par Pierre CAROUGE

Actualités de la péren­ni­sa­tion des archi­ves audio­vi­suel­les

 Le rôle de la res­tau­ra­tion dans la péren­nité des images et du son, par Brice AMOUROUX, Béatrice DE PASTRE, Marie FRAPPAT, Martine SIN BLIMA-BARRU et Béatrice VALBIN

 Dialogue de part et d’autre d’une œuvre audio­vi­suelle : le regard d’une conser­va­trice du patri­moine et d’une pho­to­gra­phe-vidéaste, par Cécile DAZORD et Daphné LE SERGENT

 La recher­che inno­vante à la Bibliothèque natio­nale de France : le projet AUD-NETTO, par Stéphane BOUVET et Romain PEREZ

Analyse et enjeux des poli­ti­ques d’archi­vage audio­vi­suel­les : études de cas

 Les ciné­ma­thè­ques minis­té­riel­les, fonds d’archi­ves pro­téi­for­mes, par Sandrine GILL

 Archiver des images ani­mées en entre­prise : le cas du groupe Saint-Gobain, par Anne ALONZO

 Accueillir l’his­toire média­ti­que de Notre-Dame-des-Landes, par Julien GAILLARD

 Les rési­den­ces d’archi­ves iti­né­ran­tes d’Ofnibus : com­ment dyna­mi­ser la col­lecte ?, par Stéphanie ANGE


RÉSUMÉ DES ARTICLES

Les ins­ti­tu­tions patri­mo­nia­les face aux archi­ves audio­vi­suel­les

 Les archi­ves audio­vi­suel­les. (Ré)Concilier pro­duc­tion indus­trielle, nou­vel­les tech­no­lo­gies et archi­vis­tes, par Martine SIN BLIMA-BARRU
L’audio­vi­suel, son ou images, s’exprime par l’inter­mé­diaire de media et de machi­nes cor­res­pon­dan­tes pour les lire, qu’il s’agisse des sup­ports ana­lo­gi­ques ou numé­ri­ques. Champ de trans­for­ma­tion tech­no­lo­gi­que conti­nue, cela n’a pas été un frein à une créa­tion très impor­tante que les biblio­thè­ques et les archi­ves ont inté­gré à leurs dépôts légaux, col­lec­tions ou fonds. L’arti­cle entend reve­nir sur les gran­des étapes qui ont jalon­nées, au sein des ins­ti­tu­tions patri­mo­nia­les, l’entrée des pro­duc­tions audio­vi­suels dans leurs établissements et les enjeux de conser­va­tion des sup­ports, des savoirs et des com­pé­ten­ces.

 Les archi­ves audio­vi­suel­les, un ter­ri­toire pour la recher­che, par Julie GUILLAUMOT et Stéphanie-Emmanuelle LOUIS
Julie Guillaumot et Stéphanie-Emmanuelle Louis revien­nent sur l’enjeu de la conser­va­tion et la dif­fu­sion des archi­ves audio­vi­suel­les pour la recher­che. À tra­vers des exem­ples de pro­jets de recher­ches menés par la BnF ou des uni­ver­si­tai­res, sont évoqués les enjeux de la patri­mo­nia­li­sa­tion des archi­ves audio­vi­suel­les, les pro­blé­ma­ti­ques liées à leur réu­ti­li­sa­tion, les archi­ves du « non-film », la ques­tion du tri ou encore leur acces­si­bi­lité pour les cher­cheurs. Dans le pro­chain mil­lé­naire, les images du xxᵉ siècle seront les pre­miè­res images ani­mées de la civi­li­sa­tion, ce qui les rendra par­ti­cu­liè­re­ment pré­cieu­ses. Elles devien­dront les incu­na­bles, pour celles que les ins­ti­tu­tions patri­mo­nia­les arri­ve­ront à lire dans un mil­lé­naire.

 La place des archi­ves sono­res et audio­vi­suel­les en Archives dépar­te­men­ta­les, par Pierre CAROUGE
Alors que les archi­ves sono­res et audio­vi­suel­les sem­blent à pre­mière vue occu­per encore aujourd’hui une place mar­gi­nale au sein des ser­vi­ces d’archi­ves dépar­te­men­ta­les, elles y sont en réa­lité bien pré­sen­tes. À l’orée de ce siècle, tech­ni­ques de numé­ri­sa­tion et normes de des­crip­tion, ajou­tées aux atouts plus tra­di­tion­nels de ces ser­vi­ces (ancrage ter­ri­to­rial, sta­bi­lité ins­ti­tu­tion­nelle, poly­va­lence des pra­ti­ques), ont permis à nombre d’entre eux d’inves­tir un ter­rain jusqu’alors limité à quel­ques ser­vi­ces pion­niers, dans un pay­sage alors dominé par des acteurs asso­cia­tifs. Le prin­ci­pal enjeu désor­mais paraît rési­der dans la capa­cité des ser­vi­ces d’archi­ves dépar­te­men­ta­les à dépas­ser les dif­fi­cultés inhé­ren­tes à la des­crip­tion en masse des docu­ments audio­vi­suels qu’ils conser­vent et à la maî­trise des droits qui pèsent sur eux. C’est à ces condi­tions que pour­ront être dif­fu­sés aussi lar­ge­ment qu’ils le méri­tent ces docu­ments qui cons­ti­tuent des vec­teurs de valo­ri­sa­tion sans équivalent.

Actualités de la péren­ni­sa­tion des archi­ves audio­vi­suel­les

 Le rôle de la res­tau­ra­tion dans la péren­nité des images et du son, par Brice AMOUROUX, Béatrice DE PASTRE, Marie FRAPPAT, Martine SIN BLIMA-BARRU et Béatrice VALBIN
Cet entre­tien ras­sem­ble deux ins­ti­tu­tions patri­mo­nia­les conser­vant des fonds audio­vi­suels anciens, une experte de l’audio­vi­suel chez un des grands pres­ta­tai­res de la res­tau­ra­tion et une cher­cheuse reconnue. Tous les quatre inter­ro­gent les grands prin­ci­pes de la res­tau­ra­tion de ce domaine, ses contrain­tes, les enjeux actuels. Leurs propos des­si­nent des points de ren­contre ou de diver­gence, mon­trant ainsi la pré­gnance des contex­tes de conser­va­tion dans la défi­ni­tion des stra­té­gies de conser­va­tion.

  Dialogue de part et d’autre d’une œuvre audio­vi­suelle : le regard d’une conser­va­trice du patri­moine et d’une pho­to­gra­phe-vidéaste, par Cécile DAZORD et Daphné LE SERGENT
Cécile Dazord et Daphné Le Sergent ont choisi d’inter­ro­ger les pro­duc­tions audio­vi­suel­les en tant qu’œuvres artis­ti­ques en pui­sant dans les réflexions qui les tra­ver­sent de par leur pra­ti­que pro­fes­sion­nelle. La créa­tion d’œuvres audio­vi­suel­les ana­lo­gi­ques ou numé­ri­ques et leur conser­va­tion-res­tau­ra­tion per­met­tent d’enri­chir et d’appro­fon­dir les enjeux artis­ti­ques et leur deve­nir sur le temps long.

 La recher­che inno­vante à la Bibliothèque natio­nale de France : le projet AUD-NETTO, par Stéphane BOUVET et Romain PEREZ
L’arti­cle porte sur l’étude d’une alté­ra­tion cons­ta­tée sur un type d’archive en par­ti­cu­lier : les bandes magné­ti­ques. Des cris­taux blancs se for­ment sur les bandes et affec­tent direc­te­ment la numé­ri­sa­tion de leurs conte­nus.
La Bibliothèque natio­nale de France est par­ti­cu­liè­re­ment affec­tée car elle dis­pose d’une col­lec­tion de bandes magné­ti­ques impor­tan­tes. Ses cam­pa­gnes de numé­ri­sa­tion lan­cées pour rendre acces­si­ble le contenu de ces sup­ports aux usa­gers de la biblio­thè­que sont affec­tées : les cas­set­tes pré­sen­tant des dépôts ne peu­vent pas être numé­ri­sées, soit parce qu’elles ont du mal à défi­ler dans l’appa­reil de lec­ture, soit parce que les dépôts peu­vent se répan­dre dans ces appa­reils et abîmer les méca­nis­mes. Dans le cadre de son plan qua­drien­nal de recher­che, la BnF a lancé en novem­bre 2020 le projet AUD-NETTO, qui vise dans un pre­mier temps à recen­ser les dif­fé­ren­tes typo­lo­gies d’alté­ra­tion pré­sen­tes sur les bandes magné­ti­ques, allant des conta­mi­na­tions bio­lo­gi­ques aux alté­ra­tions chi­mi­ques, afin d’envi­sa­ger des filiè­res de trai­te­ments dif­fé­ren­tes. La phase finale du projet est de déve­lop­per un trai­te­ment auto­ma­tisé pour reti­rer ces dépôts et rendre les bandes alté­rées à nou­veau numé­ri­sa­bles. Cet arti­cle pré­sente les résul­tats obte­nus lors de la pre­mière phase du projet : la carac­té­ri­sa­tion et la com­pré­hen­sion des méca­nis­mes de for­ma­tion des dépôts blancs.

Analyse et enjeux des poli­ti­ques d’archi­vage audio­vi­suel­les : études de cas

  Les ciné­ma­thè­ques minis­té­riel­les, fonds d’archi­ves pro­téi­for­mes, par Sandrine GILL
Les ciné­ma­thè­ques minis­té­riel­les, cons­ti­tuées à l’ini­tia­tive d’orga­nes de l’Etat, sou­lè­vent autant de pro­blé­ma­ti­ques archi­vis­ti­ques que ciné­ma­to­gra­phi­ques. On s’inter­ro­gera sur les conver­gen­ces et les sin­gu­la­ri­tés de trois ciné­ma­thè­ques conser­vées aux Archives natio­na­les et aux Archives diplo­ma­ti­ques. En effet, ces ensem­bles hété­ro­gè­nes, com­po­sés en majo­rité de docu­men­tai­res sur les sujets les plus divers, mais aussi de fic­tions, de séries télé­vi­sées ou d’actua­li­tés échappent à toute ten­ta­tive de caté­go­ri­sa­tion, au-delà des mis­sions pre­miè­res et des durées de vie des minis­tè­res qui les ont créés. Les condi­tions de pro­duc­tion et d’exploi­ta­tion de ces outils de pro­pa­gande, de com­mu­ni­ca­tion ou de diver­tis­se­ment impac­tent aussi la col­lecte, la ges­tion, la péren­ni­sa­tion et la com­mu­ni­ca­tion des fonds d’archi­ves.

 Archiver des images ani­mées en entre­prise : le cas du groupe Saint-Gobain, par Anne ALONZO
Le groupe Saint-Gobain conserve d’impor­tants fonds d’archi­ves audio­vi­suel­les, qui témoi­gnent d’une com­mu­ni­ca­tion d’entre­prise cen­te­naire. Afin de défi­nir une poli­ti­que de conser­va­tion et de dif­fu­sion adap­tée à ces fonds, le ser­vice d’archi­ves s’est assuré de sa sou­te­na­bi­lité au sein de l’entre­prise. Il a également réé­va­lué ses pra­ti­ques pour l’adap­ter aux atten­tes docu­men­tai­res des usa­gers et étendre leur consul­ta­tion à de nou­veaux publics.

 Accueillir l’his­toire média­ti­que de Notre-Dame-des-Landes, par Julien GAILLARD
Depuis l’aban­don du projet d’aéro­port à Notre-Dame-des-Landes (NDDL), des mises en mémoi­res et une patri­mo­nia­li­sa­tion ont été ini­tiées par dif­fé­rents acteurs du pro­blème public. Durant plus de 50 ans, celui-ci a mobi­lisé un nombre consi­dé­ra­ble de mili­tants, d’asso­cia­tions, de col­lec­tifs et d’ins­ti­tu­tions. Leurs tra­vaux et leur créa­ti­vité sont aujourd’hui au coeur d’un tra­vail d’archi­vage dont les Archives dépar­te­men­ta­les de Loire-Atlantique (AD44) sont le des­ti­na­taire. L’hété­ro­gé­néité et la diver­sité des docu­ments trans­mis sont au centre des pro­blé­ma­ti­ques ren­contrées par l’ins­ti­tu­tion patri­mo­niale. Avec les docu­ments papier et électroniques, les cartes et les pho­to­gra­phies, les AD44 doi­vent également pren­dre en charge des docu­ments audio­vi­suels. Deux vidéas­tes ont en effet choisi l’ins­ti­tu­tion pour donner leurs créa­tions réa­li­sées pen­dant la lutte d’oppo­si­tion. Les média­tions qui jalon­nent le tra­vail d’archi­vage de ces docu­ments audio­vi­suels spé­ci­fi­ques per­met­tent d’appré­hen­der les contrain­tes d’un format et d’un sup­port spé­ci­fi­que pour les ser­vi­ces d’archi­ves dépar­te­men­taux. Si l’accueil des archi­ves audio­vi­suel­les de NDDL par les AD44 est un exem­ple isolé, il semble révé­ler des enjeux plus vastes qui bous­cu­lent les pra­ti­ques et les normes pro­fes­sion­nel­les de l’ins­ti­tu­tion.

 Les rési­den­ces d’archi­ves iti­né­ran­tes d’Ofnibus : com­ment dyna­mi­ser la col­lecte ?, par Stéphanie ANGE
Après avoir tenté de défi­nir l’objet col­lecté, à savoir le film ama­teur, l’arti­cle tend à pré­sen­ter l’inté­rêt de ce maté­riau mémo­riel. Cinémathèques régio­na­les, archi­ves dépar­te­men­ta­les, asso­cia­tions patri­mo­nia­les, acteurs privés de la numé­ri­sa­tion audio­vi­suelle, un grand nombre des acteurs inté­res­sés à la col­lecte de films et bandes magné­ti­ques du siècle der­nier sont pré­sen­tés au sein de cet arti­cle. C’est à partir des dif­fi­cultés ren­contrées par les struc­tu­res régio­na­les de conser­va­tion des archi­ves ama­teurs en France et des iné­ga­li­tés ter­ri­to­ria­les en la matière qu’est née l’idée d’un outil au ser­vice des ter­ri­toi­res, des ciné­ma­thè­ques et des archi­ves, pro­po­sant une for­mule expé­ri­men­tale de col­lecte, de numé­ri­sa­tion et de valo­ri­sa­tion en rési­dence de la mémoire fil­mi­que d’un lieu. L’accent est porté sur la sen­si­bi­li­sa­tion des publics à l’urgence de trai­ter cette matière. L’objec­tif de l’asso­cia­tion est d’être un pas­seur de mémoire et de s’effa­cer ensuite pour que les acteurs ter­ri­to­riaux de la conser­va­tion pren­nent le relais de la conser­va­tion pérenne de la matière ainsi révé­lée. Itinérante et mutua­liste, l’asso­cia­tion insiste sur la juste place à réser­ver à cette mémoire fil­mi­que, d’une grande valeur mémo­rielle certes mais à ne pas sures­ti­mer afin de réser­ver aux déten­teurs d’images en mou­ve­ment pri­vées la liberté d’en faire ou non une mémoire com­mune. Les pers­pec­ti­ves de l’asso­cia­tion, dont les pre­miè­res rési­den­ces sont pro­met­teu­ses, sont enfin d’accom­pa­gner la struc­tu­ra­tion et le réé­qui­li­brage du ter­ri­toire en matière de conser­va­tion et de valo­ri­sa­tion de la mémoire fil­mi­que.

Troisième numéro de l’abonnement 2022

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